Femmes : Septembre 2017

verte SALON EXPO KIDS Mechanica MODE DOSSIER L’ALLAITEMENT EN QUESTION CUISINE ACTU NOS GOSSES PIZZA PARTY L ecole

2017 36 Contact : Sophie Berger. Mail : sophie.berger@lnc.nc Rejoignez Femmes sur Facebook : Femmes mag 4 Actus 8 People 12 Dossier - La pédagogie verte 22 Nos gosses - L’allaitement : entre mythes et réalité 24 Couple - La charge mentale qui pèse sur les femmes 26 L'homme du mois - Kit le beau ténébreux 28 L'invitée - Charlotte Wadrawane 32 Mode - Mechanica 44 Minute beauté - Des yeux flashy French manucure version 2017 50 Yoga - le “prasarita padottanasana” par Véronique 52 Coaching - Le yoga à la plage 54 Question santé - L’écopsychologie 56 Déco - Osez les couleurs flashy et fluo 60 Cuisine - Pizza party 68 Test psycho - Avez-vous peur de vieillir ? 72 Horoscope 74 Nos adresses Prochaine parution du magazine FEMMES : MARDI 3 OCTOBRE FEMMES Septembre © Justine Collomb

ACTUS Le zéro déchet : on s’y met ? Combien de poubelles sortez-vous par semaine ? Par mois ? Béa Johnson ou Jérémie Pichon, eux, ont font tenir leurs ordures annuelles… dans un bocal. Sont-ils des ermites ? Des extrémistes ? Pas du tout. Ils sont simplement parvenus à réduire de manière drastique leur production de déchets… en famille. Ce sont aujourd’hui deux personnalités emblématiques du zéro déchet, un mode de vie visant d’une part à réduire la surconsommation et d’autre part à réduire notre impact écologique. Mais attention aux idées reçues : zéro déchet ne signifie pas qu’on ne jette rien. Vivre « zéro déchet » nécessite de repenser sa façon d’acheter et de consommer : moins mais de façon raisonnée et responsable. L’objectif au final est de ne plus produire d’ordures qui ne soient ni recyclables ni compostables. Pour se lancer La mouvance, mondiale, s’implante lentement mais sûrement sur le Caillou, via les réseaux sociaux et associatifs. Pour preuve, sur Facebook, le groupe « Zéro déchet en Nouvelle-Calédonie » compte déjà plus de mille membres en moins de deux ans d’existence. Conseils, partages d’astuces, listings pratiques (enseignes vendant en vrac ou acceptant le contenant du client, guide des produits ménagers homemade, etc.) : le groupe regorge de bons plans anti-gaspillage et ecofriendly en Nouvelle-Calédonie. Facebook Zéro déchet en Nouvelle-Calédonie Du durable Réduire ses déchets passe évidemment par l’utilisation d’alternatives écologiques et durables aux produits jetables (et polluants !) du quotidien. Ainsi, on remplace les tampons hygiéniques par une coupe menstruelle, les cotons démaquillants et l’essuie-tout par des carrés en tissu, les pochons par des sacs en toile, les boites en plastique par des bocaux en verre, etc. Que les bricoleuses du dimanche se rassurent : les tutoriels en mode « récup » foisonnent sur le Net. Vraiment pas inspirée ? Le groupe ZD Créations - NC met en relation créateurs écolos et personnes impliquées dans une démarche de réduction des déchets. Facebook ZD Créations - NC Seconde main Friperies et dépôts-ventes, sites de petites annonces, vide-greniers et brocantes : la seconde main, c’est LE bon plan pour trouver des vêtements, livres, meubles ou objets de décoration à petits prix, tout en faisant un geste pour la planète. Mais c’est aussi l’endroit idéal pour vendre ou donner ce qu’on n’utilise plus, et ainsi faire plaisir à quelqu’un d’autre. - Brocantissime, galerie Moana - La brocante d’Emma, stade de Magenta. - Telle mère, telle fille, dépôt-vente, Vallée-des-Colons - Belle et re-Belle, dépôt-vente, Vallée-des-Colons - Sans chichi : friperie chic, route de l’Anse-Vata. - Vide-grenier Le Gratuit au centre-ville. (prochaine édition le 24 septembre). Sophie Berger Le zéro déchet connaît un véritable engouement et fait de plus en plus d’adeptes à travers le monde... jusqu’à notre petit Caillou. À LIRE ✑ Zéro déchet, Béa Johnson. Éditions Les arènes. ✑ Famille zéro déchet, Ze guide, Jérémie Pichon et Bénédicte Moret. Éditions Thierry Souccar. Les 5 règles du zéro déchet ☛ Refuser ce dont nous n’avons pas besoin. ☛ Réduire ce dont nous avons besoin et ne pouvons pas refuser. ☛ Réutiliser ce que nous consommons et ne pouvons ni refuser, ni réduire. ☛ Recycler ce que nous ne pouvons ni refuser, ni réduire, ni réutiliser. ☛ Composter le reste. 4

ACTUS 6 La fête des kids ! Cette année encore, l’Expo Kids, le salon dédié aux enfants, revient le temps d’un week-end à la salle Venezia du Nouvata. L’occasion rêvée de découvrir les dernières tendances en matière de jeux, de jouets, de loisirs créatifs et éducatifs, d’animations pour les anniversaires, etc. Comme lors des dernières éditions, des ateliers créatifs gratuits ainsi que des spectacles seront proposés tout au long du week-end, pour divertir nos petits bouts. L’Expo Kids, c’est LA sortie familiale du mois de septembre à ne pas manquer ! Expo Kids, samedi 9 et dimanche 10 septembre, de 9h à 18h, au Nouvata, salle Vénézia. Entrée gratuite. Petite restauration froide sur place. Facebook : Expo’Kids Tournée rose contre le cancer du sein Dans le cadre de l’opération “Octobre Rose”, pour agir ensemble contre le cancer du sein, l’équipe de la Mission à la condition féminine de la province Sud, accompagnée de professionnels de la santé, ira à la rencontre des communes (Thio, Bourail, îles des Pins et Yaté) durant tout le mois d’octobre pour informer, sensibiliser et échanger avec les femmes sur le sujet. Pour plus de renseignements sur les dates et lieux de rencontres, contactez la mission à la condition féminine au 25 20 47 ou missionfemmes@province-sud.nc Conférence sur les enfants intellectuellement précoces L’association Moaiccaw organise une soirée conférence autour des enfants intellectuellement précoces (EIP) à l’auditorium de la province Sud. Qu’est-ce qu’un EIP ? Comment les repérer? Quelles sont les difficultés pouvant être associées au haut potentiel ? Comment les accompagner au mieux à l’école, à la maison ? Parents et professionnels interviendront au cours de cette soirée afin de partager leur expérience. Intervenants : Carole Keravec, psychologue clinicienne et Marine Bonnave, neuropsychologue. Entrée libre et gratuite. Jeudi 21 septembre, à 18h15, à l’auditorium de la province Sud. Les enfants intellectuellemment précoces Les comprendre pour les accompagner AUDITORIUM de la Province sud Jeudi 21 septembre à 18h15 organisé par l’Association MOAICCA Intervenantes Mme Carole Keravec - Psychologue Mme Marine Bonnave - neuropsychologue L’Association Moiacca ENTREE LIBRE ET GRATUITE Tout public

La boule À ZÉRO Changement radical pour Kate Hudson ! L'actrice américaine a été photographiée sur le tournage de son nouveau film Sister la tête rasée ! Fini la longue chevelure blonde aperçue dans les longs-métrages Meilleures ennemies et Comment se faire larguer en 10 leçons . Désormais, la comédienne affiche la boule à zéro ! Un challenge qu'elle a relevé pour les besoins de son dernier film actuellement tourné à Los Angeles, aux Etats-Unis. Le projet ? Pour le moment tout reste très flou. La seule chose que l'on sait, c'est qu'il est dirigé par la chanteuse australienne Sia. Cette dernière avait dévoilé il y a quelques semaines que l'actrice avait dit adieu à ses longues boucles dorées. « Kate Hudson est extraordinaire sur le plateau de tournage », avait-elle complimenté sur Instagram. Une transformation qui n'a pas l'air de déplaire à son boyfriend Danny Fujikawa : les tourtereaux ont été photographiés ensemble dans les rues de Los Angeles le 13 août. Et Kate Hudson s'adapte : la comédienne avait pour l'occasion revêtu un chapeau qu'elle a retiré une fois assise dans son véhicule. UN VRAI boute-en-train ! La pr motion de son film Rock'n'Roll a beau être terminée, Guillaume Canet continue de poster sur son compte Instagram des photos décalées... voire même complètement déjantées ! La preuve avec deux nouveaux clichés postés le 16 août et qui sont plutôt drôles... On y voit l'acteur en train de bercer une courgette géante. Il accompagne sa photo de trois émoticônes qui pleurent de rire ainsi que de plusieurs hashtags, dont le hashtag #sextoy ! Tout cela a bien amusé ses fans qui, à l'heure où nous écrivons ces lignes, sont plus de 35 000 à avoir “aimé” sa photo. Les commentaires associés sont, eux aussi, à mourir de rire. « Te prends pas la tête Guillaume, tu verras quand tu seras grand, tu auras la même », « Balèze ton sex-toy !! Ouille ouille ouille... », ou encore « Ah quand même ! Y a-t-il un message caché ? ». Après la grande, la petite photo ! Sur le deuxième cliché, Guillaume Canet, qui a récemment accueilli son deuxième enfant avec sa compagne Marion Cotillard, nous présente “la petite sœur” de sa courgette géante. Là encore, les hashtags qui accompagnent la photo sont hilarants : #maviedecourgette, #lespetitescourgettes et #pluscestconpluscestbon. Cascade IMPOSSIBLE Depuis des années, Tom Cruise tient à faire ses cascades lui-même, à ses risques et périls. Le 13 août, sur le tournage de Mission Impossible 6, l'acteur s'est loupé et s'est blessé. Le bilan est beaucoup plus lourd que prévu puisque le comédien s'est brisé la hanche. Le tournage du film va devoir être suspendu selon les informations de The Sun. Sur la vidéo de la cascade, on voit déjà à quel point le choc est violent. Tellement violent que le comédien a eu beaucoup de mal à se relever et s'est dirigé en boitant vers les équipes du film. Et c'est la hanche de Tom Cruise qui en a fait les frais : l'os a été brisé à deux endroits différents forçant l’acteur à rentrer aux États-Unis pour être soigné, et surtout, à suspendre le tournage du film. Une source proche de l'acteur confiait : « Tom va avoir besoin de quelques mois pour s'en remettre. Il est la plus grande star de ce film et tout tourne autour de lui. Les producteurs n'ont pas d'autre choix que de repousser le tournage et la sortie du film. » Eh oui Tom, tu n’as plus vingt ans ! PEOPLE 9

Clap de fin DÉFINITIF Ceux qui pensaient assister à un retour de flamme inattendu entre Brad Pitt et Angelina Jolie vont être déçus. Le couple emblématique de ces dernières années va officiellement divorcer et aucune réconciliation ne semble pointer à l’horizon. Le site américain TMZ, après enquête, a été en mesure de démentir les rumeurs grâce aux dires de certains proches du couple. Angelina Jolie avait accusé Brad Pitt de violences sur leurs six enfants, ce qui ferme la porte à toute idée de réconciliation. Cette charge, Brad Pitt a eu beaucoup de mal à la digérer malgré le classement sans suite de l’affaire. Les acteurs, enclins à trouver (enfin) un terrain d’entente, ont engagé de « profondes discussions » au sujet de leur séparation, notamment sur le partage de leur patrimoine immobilier et la garde des enfants. Les fans vont donc devoir se faire une raison. Si dans Mr. and Mrs Smith, Brad et Angie se déchirent avant de s’accorder une nouvelle chance, dans la vraie vie, pas de happy end. Comme quoi, la fiction ne rejoint pas toujours la réalité… PUB InfusionDétox, pas d’Intox ! Trop d’excès…besoin de légèreté ? Pourvous aider à éliminer, succombez au délicieuxmélange de reine des prés, menthe poivrée, anis vert et cassis. InfusionLadyGlaGla Glaglagla…Besoin d’une grande tasse de réconfort ? Réchauffez-vous avec lemélange de thym, sauge, écorces de citron et tilleul. InfusionMiel et uneNuit De beaux rêves toutes les nuits ? Laissez-vous bercer par lemélange gourmand et chaleureux dumiel, de la banane et du rooibos. Pour unpurmoment de détente, il ya l’infusion, dit l’Eléphant. KIM A CONFIANCE en son fessier Casser internet ? C'est dev nu une habitude pour Kim Kardashian qui, dès qu'elle apparaît nue sur les réseaux sociaux, engendre un nombre de commentaires, de “ like” et de réactions très important. La dernière fois remonte à novembre 2014, où la star a fait la une du Paper Magazine entièrement nue, le corps huilé, et où ses fans ont pu découvrir son célèbre fessier. Et selon Hollywood Life, la femme de Kanye West compte recommencer très prochainement. Un proche de Kim Kardashian confie : « Kim est et se sent plus sexy que jamais. Elle est en train d'organiser d'autres fabuleux shootings comme celui qu'elle avait fait avec Paper Magazine. » Cette source ajoute : « Elle a travaillé ses fesses depuis la naissance de Saint et est prête à montrer son corps à nouveau. Elle aura bientôt 37 ans (...) et veut aussi inspirer les mamans du monde entier à être les meilleures versions d'elles-mêmes. » Peu après la publication des clichés dans Paper Magazine, Kim Kardashian expliquait pourquoi elle avait décidé de faire ce shooting : « C'est quelque chose que j'avais envie de faire pour me donner davantage confiance en moi. Si vous êtes un modèle pour les autres, je ne vous conseillerais pas forcément de le faire, mais dans mon cas, c'était un projet artistique plus qu'autre chose et cela m'a appris à faire ce dont j'avais envie. » Il nous les faut ! PEOPLE 11

Dossier Pédagogie verte : le bonheur dans le POTAGER 12 © Ville de Nouméa/Niko Vincent Est-ce parce que notre société est davantage sensibilisée à l’écologie, au bio et aux problèmes climatiques ? Quoi qu’il en soit, en Nouvelle-Calédonie, les initiatives pour réaliser des potagers dans les établissements scolaires se multiplient. Avec un succès grandissant. Texte : Sophie Berger

Dossier 13 Va prendre tes leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur. Léonard de Vinci

Dossier 14 Quoi de mieux pour éveiller la curiosité des enfants par rapport à l’alimentation durable et locale que de les inviter à planter des fruits et légumes, à les voir grandir au jour le jour pour ensuite les cuisiner et les goûter ? Quoi de mieux que de leur faire mettre les mains dans la terre pour les initier à la nature ? L’introduction au jardin potager dès le plus jeune âge apparaît comme une réponse évidente aux préoccupations environnementales et alimentaires du XIXe siècle. Ainsi, chaque année en Métropole et en Nouvelle-Calédonie, de nouveaux enseignants se lancent dans des projets de jardinage avec leur classe. Et de la simple observation de la germination d’une graine jusqu’à la réalisation d’un potager en permaculture, les activités sont plutôt variées. « Nous intervenons dans plus de trente écoles en province Sud cette année, dévoile Christine Pöllabauer, présidente de l’association environnementale Mocamana. De plus en plus d’enseignants, via la DENC, choisissent des animations autour du potager et de la permaculture (voir notre reportage en pages 20 et 21). Il en va d’une volonté certaine de sensibiliser leurs élèves à la fragilité de la biodiversité, aux problématiques liées à l’eau, à l’importance de consommer des produits frais et locaux, etc. Mais les travaux de jardinage servent aussi de point de départ à de nombreuses activités pédagogiques, dans une logique d’éducation au développement durable. » Éveil à la nature Depuis la rentrée 2017, les parents, éducateurs et élèves de l’Ecole Filante ont mis en place un espace potager composé de quatre bacs en bois hors sol, dans lesquels aubergines, tomates, radis ou encore plantes aromatiques s’épanouissent. « Nous voulions miser sur la culture durable, mais j’avoue que je n’y connaissais pas grand chose, raconte Cécile, parent d’élèves très investie dans le projet. C’est pourquoi nous avons appelé Ludo à la rescousse ! » A la tête d’un programme de micro-fermes en permaculture (Perma.NC), Ludovic Saunal est également formateur et intervenant dans ce domaine. Sa passion, il adore la transmettre aux petits (et grands) jardiniers en herbe : « La permaculture est un tout. L’apprentissage se fait de la terre à l’assiette. Il ne suffit pas de jeter des graines et d’attendre que ça pousse ! Les enfants doivent d’abord s’interroger sur les besoins de la terre. Comment la nourrir ? Pourquoi l’aérer, la pailler ? » L’étape “plantation” n’intervient qu’une fois la réalisation des “ lasagnes1 ” dans les bacs effectuée. Une définition de la permaculture La permaculture est une méthode systémique et globale qui vise à concevoir des systèmes (agricoles entre autres) en s'inspirant de l'écologie naturelle et de la tradition. Elle n'est pas une méthode figée mais un “mode d'action” qui prend en considération la biodiversité de chaque écosystème. Elle ambitionne une production agricole durable, très économe en énergie, respectueuse des êtres vivants et de leurs relations réciproques, tout en laissant à la nature “sauvage” le plus de place possible. s Bertille Quintard Bertille Quintard Les enfants en pleine récolte à la Petite école qui regarde la montagne.

Dossier 17 Tous les vendredis après-midi, armés de leurs binettes et transplantoirs, les seize élèves de l’école associative Montessori s’occupent avec bonheur de leur petit coin de nature. Et pour rien au monde ils ne manqueraient une session ! « Travailler au jardin est la plus formidable école de la vie, assure Bertille Quintard, une des fondatrices de la Petite école qui regarde la montagne, école privée et démocratique. Nous avons aménagé notre grand espace extérieur selon les principes de la permaculture afin de favoriser l’émergence d’une conscience écologique chez nos petits. » Un véritable jardin d’Eden en effet, composé d’arbres fruitiers, de plusieurs coins potager, d’espaces dédiés aux plantes aromatiques et médicinales, d’une petite serre... Le tout offrant un joyeux patchwork végétal invitant les enfants à sortir des murs de l’école. « Grâce au travail de Matthieu (intervenant en permaculture à la Ferme des Petites Fougères, NDLR), nos élèves apprennent à travailler la terre de façon authentique. Ils réalisent toutes les étapes, de la graine à la dégustation et s’émerveille ainsi de la magie de la nature. » A l’heure du tout numérique, le jardinage reste une bonne façon de reconnecter les plus jeunes à une nature dont ils sont de plus en plus éloignés. Par la pratique, l’observation ou encore la réutilisation de déchets organique sous forme de compost, les enfants apprennent à respecter l’environnement, qu’ils découvrent fragile. « Grâce à la technique du paillage, nous abordons la gestion de l’eau et les économies à réaliser à travers son utilisation dans le jardin », explique Christine Pöllabauer. Les enfants deviennent alors acteurs et guides dans un lieu de vie harmonieux, autonome et respectueux de la nature. De la terre à l’assiette D’où viennent les aliments que nous mangeons ? Comment et par qui ont-ils été produits ? Quels impacts sur notre santé et celle de la Terre ? Des éléments de réflexion à aborder avec les enfants, qui, pour beaucoup, n’ont aucune idée de l’origine des produits qu’ils consomment. « Sur une petite île comme la nôtre, où l’on importe plus qu’on ne produit, il est essentiel d’apprendre à consommer localement et sainement dès le plus jeune âge », précise Ludovic Saunal. C’est aussi une manière plus concrète pour les enseignants d’expliquer aux enfants qu’en mangeant plus de légumes et de fruits qu’ils ont cultivés eux-mêmes, ils contribuent non seulement à la sauvegarde de la planète, mais aussi au fait d’avoir une bonne santé. Un point crucial sachant que 20,5 % des enfants de 12 ans sont obèses en Nouvelle-Calédonie (rapport de 2012 de l’Agence sanitaire et sociale). « Le fait de déguster leur récolte permet à certains élèves de découvrir des légumes qui leur étaient jusque-là inconnus et d’en apprécier les saveurs », souligne Jean-Pierre Delrieu, 1er adjoint chargé de l’action éducative pour la Ville de Nouméa. Lancée à la rentrée 2015, l’opération “jardins potagers” dans les écoles de la capitale connaît un succès grandissant. Vingt-quatre établissements scolaires sur cinquante et un bénéficient aujourd’hui d’un accompagnement pour mener à bien leur coin potager. Il en va de même dans la Ville du Mont-Dore, où plusieurs écoles possèdent déjà leurs jardins vivriers. « Après avoir observé leurs légumes pousser, les enfants sont heureux d’apprendre à les cuisiner et ont beaucoup de plaisir à les déguster, raconte Christine Pöllabauer. Même les radis qui piquent un peu ! » Éduquer, ne serait-ce pas avant tout rétablir la concordance entre le destin de la planète et celui des humains ? Pierre Rabhi, agriculteur bio, romancier et poète français, fondateur du mouvement Colibris. Préparation des pots de terre avant de semer à la Petite école qui regarde la montagne. Du romarin dans le potager de l'École filante. s Bertille Quintard École filante

Dossier 18 Les élèves de la Petite école qui regarde la montagne ont, quant à eux, de si belles récoltes qu’ils en vendent une partie chaque premier mercredi du mois. Une excellente façon de valoriser leurs efforts et de les responsabiliser. Ecocitoyenneté La réalisation d’un potager pédagogique représente un moyen d’éduquer en douceur les enfants à la citoyenneté en les sollicitant à devenir responsables de cet espace qui leur est alloué. Par la répartition équilibrée des tâches et par l’entraide, les petits apprennent la notion de responsabilité collective. « Il s’agit de leur espace, poursuit Jean-Pierre Delrieu. C’est à eux de s’en occuper et de s’organiser en fonction, encadrés par l’enseignant, bien sûr. Si personne n’arrose, eh bien les plantes meurent ! » Mais la perspective d’une belle récolte motive les enfants. « Les enfants se sont totalement appropriés l’espace potager, explique Cécile, parent d’élèves à l’Ecole filante. À tel point que lors de la journée portes ouvertes, ils ont tenu à assurer eux-mêmes la visite du potager. Ils étaient vraiment très fiers ! » Patience, attention, soins, coopération... Le jardin pédagogique est un projet collectif qui permet aux enfants de développer des savoirs être concourant à leur épanouissement ainsi qu’à l’apprentissage de la vie en société. « Les enfants de l’école sont heureux et fiers de cueillir les fruits et légumes qu’ils ont plantés tous ensemble, relate Bertille Quintard. Et ce qui est merveilleux, c’est qu’ils partagent tout, aucun n’est jamais lésé. Ils ont vraiment bien intégré le ‘’vivre ensemble’’. » Projet interdisciplinaire Les enseignants et éducateurs sont unanimes : le jardinage est une source de multiples activités d’éveil et d’apprentissage dans de très nombreuses disciplines. « En travaillant à la réalisation d’une spirale d’aromatiques2 par exemple, les enfants développent différentes habilités cognitives, affirme Bertille Quintard. Ils doivent utiliser la géométrie, faire des calculs de surface, dessiner le plan du potager... » De même, le potager pédagogique permet de développer, en plus d’un certain savoir-faire, des savoirs ‘’ancestraux’’, tels que la connaissance des plantes médicinales traditionnelles kanak. A la Petite école qui regarde la montagne, c’est Ruphine qui est en charge de l’atelier hebdomadaire “Une plante et moi”. Elle fait toutes les semaines découvrir aux enfants une plante spécifique du jardin aux travers de ses propriétés nutritionnelles ou médicinales. Formidable outil de pédagogie active, les prolongements pédagogiques du potager scolaire sont considérables. On pense à l’éveil scientifique, évidemment - cycle de vie, condition de germination, insectes amis... - pourtant le jardin peut aussi servir de point de départ à des exercices d’écriture ou encore d’expression orale (exposés, travail sur un ouvrage, etc.). Mais il reste surtout le support idéal à l’éducation à l’environnement et au développement durable, sans doute un des plus gros challenges de notre siècle balbutiant. Ce n’est pas pour rien que l’agriculteur et philosophe japonais Masanobu Fukuoka3 donnait à l’agriculture un rôle absolument essentiel dans une perspective de changement de l’organisation sociale, puisque c’est ce qui a permis de poser les bases de nos civilisations lors de la révolution néolithique : « Quand nous changeons la manière de faire pousser notre nourriture, nous changeons notre nourriture, nous changeons la société, nous changeons nos valeurs. » n 1 Les lasagnes agricoles sont des buttes vivantes faites de différentes couches de matériaux en décomposition sur lesquelles on plante directement. 2 Une spirale d'aromatiques est une plate-bande en trois dimensions pour la culture des herbes aromatiques. C’est un exemple de conception permaculturelle. 3 Pionnier de la permaculture et concepteur de l’agriculture naturelle. Bertille Quintard

Dossier 19 LE SAVIEZ-VOUS ? L’idée de jardins scolaires n’est pas si récente. A la fin du XVIIIe siècle déjà, on voit apparaître des théories assurant un lien entre le développement humain et la conscience environnementale. Jean-Jacques Rousseau1 et Johann Pestalozzi2 estiment que le contact direct avec la nature est un facteur de sain développement de l’enfant. En 1911, Ferdinand Buisson3, dans son Nouveau Dictionnaire de pédagogie, vante les mérites du jardin scolaire comme « élément d’instruction pour renforcer les indications fournies aux élèves dans les leçons relatives à l’agriculture ». Néanmoins, c’est avec l’émergence des pédagogies actives que le jardin scolaire prend tout son sens. Ovide Decroly4, le premier, introduira le potager dans le contexte scolaire, comme outil d’apprentissage, comme laboratoire vivant engageant l’enfant-jardinier comme acteur de ses apprentissages. Célestin Freinet5 prônera lui aussi le jardin scolaire comme milieu riche en observations concrètes sur le vivant, et lieu d’enracinement de l’enseignement scientifique dans l’activité technique. 1 Ecrivain et philosophe suisse francophone. 2 Pédagogue éducateur et penseur suisse, pionnier de la pédagogie moderne. 3 Philosophe, éducateur et homme politique français, cofondateur et président de la Ligue des droits de l'Homme. 4 Pédagogue, médecin et psychologue belge. 5 Pédagogue français. Un potager à l’UNC Créée en 2017, l’association Potager étudiants s’est donnée pour missions de faire découvrir et partager des savoirs faire et des techniques de culture de la terre, de contribuer à la conservation de certaines espèces ou variétés ainsi que de proposer des légumes frais aux étudiants. Ainsi, des jardins potagers sous forme de buttes de permaculture ont été mis en place au niveau des résidences universitaires. Le but ? Proposer des légumes frais et bio aux étudiants, en majeure partie boursiers, via l’épicerie solidaire du campus. Chapeau les jeunes ! Facebook Potager étudiants Photos : Bertille Quintard, École filante.

Dossier 20 Classe verte à Boulari Jeudi 24 août, c’était classe verte à Boulari ! Dès huit heures dumatin, les élèves de CM2 étaient sur le pied de guerre. Leurs armes ? Des pelles, des râteaux, des binettes et des seaux. Leurs munitions ? Du compost, du crottin et du paillis. Leur mission? Garnir la butte auto-fertile, fraîchement réalisée par l’associationMocamana, de jeunes plants de légumes et de fruitiers. Une matinée tonifiante et enrichissante en compagnie d’une vingtaine de jardiniers en herbe ! Et à savoir si les enfants aiment avoir les mains dans la terre, la réponse a été unanime : « Oh oui ! C’est trop cool ! » n J’ai eu la chance d’assister à la création du potager du groupe scolaire de Boulari, au Mont-Dore. Retour en images sur cet atelier jardinage. Tandis que certains élèves commencent à planter patates douces, tomates, aubergines ou encore courgettes, d’autres se chargent d’amener de la terre et du compost au pied du cocotier de l’école. Celui-ci va servir de tuteur naturel au plant de haricot qui attend sa mise en terre. « À quoi sert le crottin, les enfants? », demande Christine Pöllabauer, présidente de l’association Mocamana, qui anime aujourd’hui cet atelier. « À nourrir la terre, madame ! », répondent en chœur la vingtaine d’élèves. Les filles s’exécutent avec soin avant de planter les haricots. Avant-dernière étape : le paillage. « Il faut éviter de laisser la terre à nue, conseille Christine. Pailler permet de conserver l’humidité plus longtemps et donc d’arroser moins souvent. Et puis ça va nourrir la terre en même temps. Mais attention à ne pas enterrer les plantes avec ! »

« N’hésitez pas à casser les mottes des plantes avant de les mettre en terre, explique Josselin, bénévole de l’association et expert en permaculture. Les racines iront plus en profondeur. Vous pouvez même planter en diagonale sur la butte. Ce système permet de gagner 20% de superficie supplémentaire par rapport à un potager traditionnel. » Y’a plus qu’à arroser ! D’ici quelques semaines, les enfants de l’école auront la chance de cuisiner et de goûter leurs premiers légumes. Et nul doute qu’ils seront les plus délicieux jamais mangés ! Les garçons achèvent de préparer le trou qui accueillera un petit bananier.

L’allaitement alimente bien des « on dit » ! Entre les expériences, souvent contradictoires, qui vous ont été relatées, vous vous sentez un peu perdue ? Il est temps de démêler le vrai du faux ! PUB NOS GOSSES Allaiter fait maigrir VRAI ET FAUX Voilà sans doute l’un des arguments qui reviennent le plus souvent histoire de motiver les femmes encore indécises au sujet de l’allaitement ! Malheureusement, ce n’est pas aussi simple que cela. Si allaiter fait bel et bien perdre un peu de poids, les mamans qui allaitent ont aussi besoin de manger un peu plus. Pour perdre les kilos accumulés durant la grossesse, il faudra donc éviter de manger pour deux et reprendre doucement une activité physique. Un peu comme tout le monde quoi. Allaiter abîme les seins FAUX Si l’allaitement est bien conduit, qu’on évite les engorgements et qu’on mène un sevrage progressif, les seins seront bien moins malmenés qu’en coupant brutalement la lactation à la naissance. Pour conserver la beauté de sa poitrine, il faut surtout veiller, lors de la grossesse, à ne pas prendre trop de poids et à bien chouchouter quotidiennement ses seins à l’aide d’un soin adapté pour en stimuler les tissus de soutien et éviter ainsi le risque de relâchement cutané lié aux variations brutales de volume. Pendant la période d’allaitement, on continue à apporter des soins quotidiens à sa poitrine et on opte pour un bon soutien-gorge d’allaitement qui maintient sans comprimer. Allaiter épuise la maman FAUX Le fait d’allaiter n’est pas en soi fatigunt. A partir du moment où l’on est bien installée, que bébé l’est aussi, les tétées n’exigent pas une forme physique particulière. Si on se sent fatiguée, c’est avant tout à cause du chamboulement physiologique et de l’émotion ressentis à la naissance du bébé. Ou peut-être aussi qu’on en fait trop ? En cette période particulière, mieux vaut ne pas chercher pas à jouer les superwomen ! À la maison, on se fait aider, par le papa, la famille, les amis. Et on profite ainsi sereinement de la sécrétion hormonale apaisante que provoque l’allaitement ! Il faut avoir une grosse poitrine pour pouvoir allaiter FAUX Même si les nourrices auxquelles les gentes dames confiaient à une époque le soin d’allaiter leurs bébés se distinguaient par une poitrine très généreuse, notons que la glande mammaire a sensiblement L’allaitement en chiffres La part des nourrissons allaités à la naissance s’élève à 66 % en France, soit environ deux tiers des nouveau-nés. C’est le constat de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) pour 2013*. Cette proportion s’est stabilisée à un niveau inférieur par rapport à celui de nombreux voisins européens. En effet, la prévalence dans l’ensemble des pays scandinaves et en Suisse est supérieure à 90 %. En Allemagne, elle atteint 85 % et plus de 70 % en Italie, au Royaume-Uni et au Luxembourg, selon le site pediatre-online.fr. Et, à mesure que le temps passe, cette proportion ne cesse de se réduire en France. Ainsi, elle n’est plus que de 40 % à onze semaines, 30 % à quatre mois et 18 % à six mois. Les disparités locales sont fortes, avec des taux beaucoup plus élevés en Île-de France, dans l’est de la France et dans les départements d’outre-mer. * Rapport paru en avril 2016 et consultable sur drees.social-sante.gouv.fr 22 L’allaitement entre mythes et réalités

Sources : Terra Femina, La Leche League, Milk & Mum NOS GOSSES le même volume chez toutes les femmes. La taille de la poitrine n’a donc aucun rapport avec la quantité de lait produite. Et la lactation dépend essentiellement de l’appétit du bébé : plus il tétera, plus on produira de lait... même en faisant un « petit 80 B » ! Allaiter moins de six mois ne sert à rien FAUX ême si les autorités de santé et de nombreux pédiatres préconisent l’allaitement maternel jusqu’aux six mois de l’enfant, tout dépend de l’envie et de la disponibilité de la maman. Donner le sein, même sur une courte durée, sera bénéfique à la santé de son bébé. En reprenant le travail, on peut continuer d’allaiter le matin, le soir et le week-end. Mais tout dépendra aussi du bébé ! Certains petits peuvent manifester rapidement leur envie d’autonomie... alors que d’autres réclameront bien plus tard encore le sein de leur maman. La place du papa est également à considérer, car plus l’allaitement dure, plus il peut se sentir exclu. Allaiter peut être douloureux VRAI Mais c’est avant tout une mauvaise position du bébé lors des tétées qui peut induire une douleur et entraîner l’apparition de crevasses aux mamelons. Notamment la première semaine, où ces derniers peuvent être très sensibles. C’est un phénomène normal et transitoire. Si toutefois il persiste, il ne faut pas hésiter à demander conseil à son pédiatre ou à sa sage-femme. L’allaitement est un contraceptif naturel FAUX Dès le moment où l’on allaite de façon exclusive, le fameux “retour de couches” est alors bloqué... en théorie. Il peut arriver en effet que le retour de couches ait lieu alors qu’on allaite encore et qu’une ovulation prenne place avant même le retour des règles. Sauf si l’on souhaite enchaîner sur une nouvelle grossesse, une contraception est donc souhaitable. Certains aliments ou boissons sont à éviter pendant l’allaitement VRAI ET FAUX Il n’est pas nécessaire de changer ses habitudes alimentaires pendant l’allaitement. Toutefois, encore plus que d’habitude, il est préférable d’avoir une alimentation variée et équilibrée. Seul l’alcool est à éviter car il passe dans le lait maternel. Si un verre de boisson alcoolisée est consommé de manière exceptionnelle, il faudra attendre que l’alcool soit éliminé du corps de la mère avant d’allaiter le bébé. Il est indécent d’allaiter en public FAUX Ce sont l’humiliation et le harcèlement que subissent les femmes qui allaitent qui sont indécents. Les femmes qui essayent de donner ce qu’il y a de mieux à leur bébé ne devraient pas être forcées par le manque de compréhension des gens à rester chez elles ou à allaiter dans les toilettes publiques. Ceux que cela gêne n’ont qu’à regarder ailleurs ! n 23 L’association à connaître SOS Allaitement Nouvelle-Calédonie est une association qui a pour objectif d’informer, d’écouter et de soutenir les mamans qui allaitent ou qui souhaitent allaiter. Elle est constituée de mamans bénévoles qui allaitent ou qui ont allaité leurs enfants. Facebook : SOS Allaitement Nouvelle-Calédonie Tél. : 94 31 49.

24 COUPLE Rendez-vous chez le pédiatre, liste des courses, ménage... En dessinant son quotidien, l’illustratrice Emma a souhaité mettre en lumière la « charge mentale » qui pèse au quotidien sur les femmes. Une notion floue, mais qui parle à beaucoup... Cette charge mentale qui pèse sur les femmes C’est un revival que personne n’a vu venir, à la faveur d’une BD postée sur le Net au mois de mai. La notion de « charge mentale », née dans les années 80 pour décrire l’intensification du travail et ses conséquences psychiques, a refait surface et a contaminé les conversations. En quelques jours, tout est devenu « charge mentale », cette élasticité cérébrale, bien connue des femmes, qui permet de gérer dix mille choses à la fois, au bureau comme à la maison. Une disposition typiquement féminine ? C’est bien ça le problème. Dans son comics trip numérique Fallait demander1, la dessinatrice Emma aborde l’inextricable inégalité des femmes et des hommes face aux tâches ménagères et éducatives. Une BD plus que virale, avec plus de 200 000 partages en à peine quelques jours. Pourquoi un tel succès ? Parce que quasiment toutes les femmes s’y sont retrouvées, pardi ! Enchaînement mental de tâches La psychologue du travail et professeure à l’université Paris-XIII Sorbonne-Paris-Cité, Pascale Molinier, décrit cette charge mentale des femmes comme « un maelström où on ne s’arrête jamais ». L’ergonome Ghislaine Doniol-Shaw a, quant à elle, tenté de décrire scientifiquement le travail domestique. « Impossible, dit-elle, les femmes font trop de choses à la fois ! » C’est précisément cet enchaînement mental de tâches physiques que met à jour la dessinatrice Emma : je vais ranger un objet, sur le chemin je tombe sur des chaussettes sales que je vais porter dans le panier à linge sale qui est plein, je mets une machine en route, je trébuche sur un sac de légumes que je vais ranger dans le frigo et je vois qu’il n’y a plus de moutarde, je le note sur la liste de courses, etc. Ce travail « familialo-domestique » ne se contente pas de gérer des carottes et des torchons, il est aussi pris en charge affective du foyer. Comme souvent dans les métiers dits féminins, il relève d’un « travail émotionnel », concept théorisé au début des années 80 par la sociologue américaine Arlie-Russell Hochschild. S’occuper d’un enfant, d’un client ou d’un malade, c’est se donner à l’autre, gérer ses besoins, ses crises, voire son agressivité. Cela exige de maîtriser ses émotions, prendre sur soi. Les spécialistes parlent de « charge émotionnelle ». Double journée Malgré l’implication réelle - mais limitée - des pères, les femmes continuent d’assumer l’essentiel des tâches domestiques : 60 % contre 70 % dans les années 80. Bien qu’elles soient massivement investies dans le monde du travail, les femmes voient leur vie professionnelle touchée par la double journée : choix du temps partiel, filières professionnelles moins chronophages, engagement moindre ou différencié dans la vie publique. Ceci explique en grande partie les inégalités professionnelles entre les deux sexes. Et la situation est particulièrement tendue pour les mères de jeunes enfants. « Le jonglage entre travail et famille amplifie la charge mentale, explique Pascale Molinier, car les intérêts en jeu sont contradictoires. Ils entrent même en conflit : je rapporte du travail à la maison ou je m’occupe de mon enfant ? » La superwoman n’en peut plus ! Double journée, travail domestique, charge mentale, conciliation, charge émotionnelle : quel que soit le nom utilisé, les tâches domestiques, tel un gros tas de linge sale abandonné, entravent toujours les vies professionnelles et intimes des femmes. Dans les années 90, perdurait le mythe de la superwoman, née dix ans auparavant. Il a disparu et ne fait plus rêver. À l’ère 2.0, la charge mentale s’impose. Car la pression des femmes qualifiées est là : elles sont majoritaires sur les bancs de l’université, elles sont plus souvent ministres, dirigeantes ou députées. « Le caractère d’injustice est plus fort. Il y a une prise de conscience de cette double tâche, et du décalage entre hommes et femmes », remarque Pascale Molinier. La BD d’Emma traduit cette sensibilité. Dominique Méda2 écrivait en 2001 : « La question des tâches parentales et ménagères n’a jamais eu de véritable impact sur le débat public ou pris la forme d’un problème de société qu’il importait de traiter. » Qui a dit « charge mentale » ? 1 https:/ emmaclit.com/2017/05/09/repartition-destaches-hommes-femmes/ 2 Philosophe et sociologue française, auteur de l’essai Le Temps des femmes. Pour un nouveau partage des rôles.

Comment la réduire ? Que faire pour mieux répartir les tâches dans l’organisation du foyer ? Vraies et fausses bonnes solutions. Ce qui marche Accepter de perdre le contrôle Oui, il est possible de ne pas planifier tous les repas de la semaine sans provoquer une famine familiale, ou de plier les shorts de notre fils différemment sans qu’il en garde des séquelles. Déléguer Un enfant peut vite apprendre à mettre une lessive en route ou à vider le lave-vaisselle. Un adulte, qu’il faut remplir un frigo s’il veut manger. Baisser son niveau d’exigence Ou accepter que l’autre fasse « à sa manière » : Jules est par essence plus maladroit et plus lent que nous, on le sait. Il va acheter plus gras, moins équilibré, moins bio. Sûrement. Il va passer l’aspirateur en oubliant de faire les poussières avant. Et alors ? Sortir de l’image intériorisée Non, notre juste place n’est pas la même que celle de notre mère ou de nos amies. Elle n’est sans doute pas non plus celle qu’on s’est fixée, on ne sait même plus comment, pourquoi, ni depuis combien de temps d’ailleurs. On n’hésite pas à se faire aider par un psy ou un coach pour clarifier ce qui se joue dans notre couple derrière cette fichue question du repassage. Lister Pendant une semaine, on note dans le détail toutes les tâches effectuées, qui relèvent de la charge mentale. Celle-ci devient concrète, visible, et elle peut servir de base de démonstration et donc de proposition pour Chouchou et les enfants. On propose, surtout. On ne se plaint pas et on ne reproche pas. Penser à soi dans son agenda Définir ses besoins fondamentaux. Qu’est-ce qui nous ressource le plus ? Courir, nager, méditer ? Est-ce qu’on y a répondu aujourd’hui ou cette semaine ? Répartir les champs d’action On choisit de ne plus s’occuper du tout d’un domaine. Mais vraiment ! Par exemple, la poubelle ne relève plus de notre responsabilité. Elle n’existe plus à nos yeux ! Ah bon, il n’y a plus de sacs ? Tant pis. Planifier On évite les to-do-list à rallonge qui plombent toute une vie et encombrent l’esprit. On planifie finement notre semaine, jour après jour, y compris les corvées. Anticipées, limitées à un horaire précis, elles sont choisies, non subies. Ce qui ne marche pas Poser un ultimatum « Si tu ne t’occupes pas de réserver les vacances avant le mois de novembre, je pars sans toi. » Radical mais dangereux. On risque de vraiment passer ses vacances toute seule. Faire la grève « Je ne rangerai pas le linge qui traîne et je laisse la poussière s’accumuler jusqu’à ce que Chouchou craque. » Bof, ça devient vite obsessionnel et, soyons honnêtes, on craquera avant notre homme... Sources : Libération, L’Obs, L’Express, Marie France

26 L'HOMME DU MOIS Kit le beau ténébreux Grâce à son rôle de Jon Snow dans Game of Thrones, Kit Harington est devenu l’une des nouvelles sensations britanniques de Hollywood... et la coqueluche de toutes les femmes ! Petites indiscrétions sur notre chouchou …du moment. Sources : Marie Claire, Les Inrocks Sang bleu Dans Game of Thrones, série phénomène de HBO, il incarne Jon Snow, fils illégitime du roi Ned Stark de Winterfell, qui rejoint la garde de nuit chargée de défendre les frontières nord des Sept Couronnes et s’engage par là à une vie de dévotion absolue. Un personnage de jeune prince, qui résonne avec les origines du jeune acteur. Né en 1986 dans une famille aristocratique du Grand Londres, Kit n’est autre que le digne descendant de Charles II, roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande au XVII e siècle. Des rôles trop « propres » Depuis sa révélation dans la peau de Jon Snow, Kit Harington ne se voit proposer que des rôles de gendre idéal. « Jon Snow est trop propre, Roland (son personnage dans Mémoires de jeunesse de James Kent NDLR) est trop propre... J’aimerais jouer quelque chose de plus sombre. » Sex-appeal La pudeur n’est pas un souci pour l’acteur, conscient qu’il doit aussi son succès à son sex-appeal. Égérie de Jimmy Choo, Kit Harington n’hésite pas à tomber le peignoir dans Game of Thrones ou à intensifier les séances de musculation pour incarner un gladiateur très gay-friendly dans le film Pompéi de Paul W.S. Anderson. Résultat : sur Internet, son image se décline en milliers de photomontages à caractère pornographique. Cocard gagnant En 2011, âgé de 25 ans, le jeune Kit rejoint la superproduction HBO pour incarner Jon Snow, 17 ans dans l’adaptation télé et 14 dans les livres. La photogénie évidente du garçon a su séduire les casteurs de la série. Mais le cocard qui lui couvrait l’œil le jour du casting a certainement rajouté à ce personnage de prince valeureux. En effet, la veille, en plein rencard, un gros lourdaud avait agressé sa copine. Kit, en preux chevalier, s’était interposé. Un cocard pour un rôle en or ! Repéré par Dolan Alors que la fin se fait sentir à Westeros, une nouvelle voie semble s’offrir au jeune Kit : un film avec Xavier Dolan. Ce rôle de star hollywoodienne entretenant une relation épistolaire avec un jeune Britannique (Jacob Tremblay), traquée par une machiavélique rédactrice en chef de journal people (Jessica Chastain), pourrait bel et bien enterrer une bonne fois pour toutes le ténébreux Jon Snow et tracer à Kit Harington une tout autre carrière ! Bio express Acteur britannique, né le 26 décembre 1986, il sort diplômé de la Central School of Speech and Drama de Londres en 2008. Il commence par jouer au théâtre dans la pièce War Horse au Royal National Theatre. Il décroche en 2010 l’un des rôles principaux, celui de Jon Snow, dans la série télévisée Game of Thrones. En 2012, il tient son tout premier rôle au cinéma dans le film Silent Hill : Revelation 3D. Kit décroche son premier rôle principal au cinéma dans Pompéi en 2014 et apparaît également cette même année dans Le Septième Fils. Il est également l’égérie de la ligne pour hommes Automne/Hiver 2014 et Printemps/Été 2015 de la marque Jimmy Choo. En 2015, Kit était à l’affiche de deux films, Mémoires de Jeunesse et MI-5 Infiltration. En 2016, il a joué dans le film Brimstone de Martin Koolhoven. Cette année, on retrouvera Kit dans le rôle titre du premier film anglophone de Xavier Dolan, The Death and Life of John F. Donovan. © Austin Argrave © Peter Lindbergh

28 L'INVITÉE Douceur et engagement Depuis le mois de juin, on trouve sur les étals des marchés de Maré des petits pots de confiture couleur groseille. C’est CharlotteWadrawane, plus connue sous le nom de Pa Wéané, qui mitonne et vend ce délice qu’on appelle ici confiture de jam. Charlotte à Nakété, le champ familial, au milieu de ses hibiscus sabdariffa, appelés aussi oseille de Guinée. La cueillette se fait pendant les mois de juin et juillet.

29 Texte et photos : Sophie Mendès Elle porte bien son nom cette confiture des confitures, inhabituelle, préparée à partir des fruits de l’hibiscus sabdariffa. Alors que son jus, le bissap, est connu sous les cieux tropicaux, à Maré, Charlotte se souvient avoir toujours cuisiné et dégusté la confiture de jam préparée avec les fruits du champ de ses parents. Ils les cultivaient déjà quand elle est née, il y a 73 ans. Mais la plante a fini par disparaître de l’île. C’est au début des années 90, au cours d’un voyage professionnel à Ouvéa, que Charlotte reconnaît la fleur de son enfance et en rapporte des graines. Elle retrouve très vite les gestes et les saveurs qu’elle avait gardés en mémoire. Elle commercialise sa confiture de jam dès 1994 et fait ainsi renaître la première des confitures de Maré. « C’est une culture facile qui ne demande pas d’entretien autre que d’ôter les mauvaises herbes autour », avoue humblement Charlotte. Néanmoins, la cueillette est longue et demande de la patience. Chaque fruit doit être prélevé avec délicatesse pour ne pas abîmer la branche sur laquelle d’autres fruits poursuivent leur maturation. Elle est souvent aidée dans cette tâche par sa belle-sœur et son frère, Kiam. Jusqu’à cette année, elle ne connaissait pas le nom de ce fruit qu’elle manie depuis si longtemps. C’est son petit-fils, Billy, qui lui parle du bissap après une recherche sur Internet. Depuis, elle appose des étiquettes « confiture de bissap » sur les petits pots qu’elle vend sur les marchés de Maré, ou qu’elle envoie à Nouméa où sa fille poursuit l’écoulement de sa production. Une fois la période de cueillette passée, c’est au mois d’août que Charlotte cherche l’endroit où elle plantera les graines qui feront la saison suivante. Chaque année depuis plus de vingt ans, Charlotte produit cette confiture qui fait sa réputation, comme une douceur offerte aux autres. Confiture et droits des femmes Hasard ou coïncidence, sur cette même période, Pa Wéané devient responsable de la mission aux droits des femmes de l’antenne provinciale de Maré. Après avoir voué ses premières années de vie de femme à l’éducation de ses enfants et petits-enfants, Charlotte dédie un autre pan de sa vie aux femmes de son île, de 1991 à 2010, quand elle prend sa retraite. « Avant d’être nommée par la province des Îles, je m’occupais déjà des femmes du groupe des femmes de l’église évangélique de Maré, dont j’ai été présidente pendant douze ans. »��������������������������� Son regard traduit la douceur, la tolérance et l’empathie, des qualités humaines grâce auxquelles elle a contribué à la création d’associations de femmes en tribus, jusqu’à la naissance de la fédération des associations de femmes de Nengone, en 2009. À 73 ans, encore très engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, elle ne manque pas une occasion de montrer son attachement à ce combat. La douceur de sa confiture n’a d’égale que le sourire de Charlotte, comme la métaphore d’une vie consacrée à améliorer celle des femmes. n La fleur devenue fruit.

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