Femmes : Septembre 2017

54 QUESTION SANTÉ L’écopsychologie Quand la psy se met au vert Urbanisation croissante, hyperconnexion… Nous n’avons jamais été aussi éloignés de la nature, aussi coupés du vivant. Un déracinement qui, selon l’écopsychologie, participe largement à notre stress. Cette approche issue du monde anglo-saxon - qui puise son inspiration dans la psychologie, l’écologie, la philosophie et l’éthologie - postule que nos souffrances ne sont pas seulement liées à notre histoire personnelle mais à notre déconnexion profonde avec la nature. « Nous sommes dans la nature comme la nature est en nous, explique la psychanalyste Marie Romanens, l’une des rares écopsychologues françaises. Nous maltraitons la nature, comme nous nous maltraitons nous-mêmes. » Il est donc crucial de nous réconcilier : il en va de notre survie non seulement biologique mais aussi psychique ! « Cela implique de redéfinir qui nous sommes, insiste Michel Maxime Egger, sociologue et écothéologien. Pour se retrouver, l’homme contemporain doit tenir compte des dimensions “écologiques” de son identité et de son inconscient et changer profondément son rapport à la nature.» S’émerveiller devant la beauté du monde On observe un élément naturel qui nous touche comme si c’était une grande « première », en mettant notre mental au repos. « Que vous soyez dans un square ou dans la « vraie » nature, il est important de prendre le temps de vous mettre en lien avec l’altérité, recommande Marie Romanens. Puis d’exprimer votre reconnaissance à ce qui vous est offert et assure votre survie. Par exemple, pensez aux arbres pour l’oxygène qu’ils vous fournissent. » Bienfait : rien de plus fatigant que les sollicitations incessantes de la ville qui nous rendent distraits et irritables. La nature, elle, dégage une paix qui nous contamine. Et elle vient surtout réveiller notre sentiment d’appartenance à un grand Tout. S’immerger dans un lieu sauvage « Partez en compagnie d’un proche à la recherche d’un endroit de nature riche en biodiversité, suggère Michel Maxime Egger. Jardin, forêt, sentier… Marchez pieds nus, allongez-vous sur l’herbe, les feuilles ou la mousse. Essayez de mobiliser tous vos sens. Au bout d’un quart d’heure, inversez les rôles et échangez vos ressentis. » Bienfait : on apprend à lâcher prise, à être moins autocentré, pour mieux partir à la rencontre des éléments de la nature. Participer à une action de protection de la nature En la matière, les propositions et les associations dédiées ne manquent pas sur le Caillou ! Défense de la cause animale (la Spanc, AAAC, Bien Naître Animal...), protection de l’environnement (Caledoclean, SOS Mangroves NC, Ensemble pour la planète...), aménagement d’un compost collectif ou d’un jardin partagé dans son quartier : il y a l’embarras du choix ! Bienfait : ce type d’action nous permet de redevenir des corps « ressentants et agissants », en interaction avec les éléments de la nature. Et de prendre conscience du chemin qui reste à parcourir. Une belle leçon d’humilité. “Il faut « faire avec” la nature, qui ne nous répond pas toujours comme on veut, note Marie Romanens. Ce qui nous force à nous remettre en question, à relativiser notre toute-puissance. » La nature ? La meilleure des thérapeutes, puisque le travail auquel elle nous engage est à la fois physique, émotionnel, intellectuel et spirituel. Qu’on se le dise ! n L’homme vit coupé de la nature, et tous les deux en souffrent. Soigner la planète pour se soigner soi (et vice versa), tel est l’objectif de l’écopsychologie. À LIRE ✑ Pour une écologie intérieure. Renouer avec le sauvage, Marie Romanens et Patrick Guérin. Éditions Payot. ✑ Ecopsychologie : retrouver notre lien avec la Terre, Michel Maxime Egger. Éditions Jouvence. ✑ La vie secrète des arbres, Peter Woklleben. Éditions Les Arènes. Le bien-être psychique et la santé de l’habitat vont de pair. Sources : Psychologies, Femme Actuelle Marie Romanens, écopsychologue

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