Femmes : Septembre 2017

Dossier 17 Tous les vendredis après-midi, armés de leurs binettes et transplantoirs, les seize élèves de l’école associative Montessori s’occupent avec bonheur de leur petit coin de nature. Et pour rien au monde ils ne manqueraient une session ! « Travailler au jardin est la plus formidable école de la vie, assure Bertille Quintard, une des fondatrices de la Petite école qui regarde la montagne, école privée et démocratique. Nous avons aménagé notre grand espace extérieur selon les principes de la permaculture afin de favoriser l’émergence d’une conscience écologique chez nos petits. » Un véritable jardin d’Eden en effet, composé d’arbres fruitiers, de plusieurs coins potager, d’espaces dédiés aux plantes aromatiques et médicinales, d’une petite serre... Le tout offrant un joyeux patchwork végétal invitant les enfants à sortir des murs de l’école. « Grâce au travail de Matthieu (intervenant en permaculture à la Ferme des Petites Fougères, NDLR), nos élèves apprennent à travailler la terre de façon authentique. Ils réalisent toutes les étapes, de la graine à la dégustation et s’émerveille ainsi de la magie de la nature. » A l’heure du tout numérique, le jardinage reste une bonne façon de reconnecter les plus jeunes à une nature dont ils sont de plus en plus éloignés. Par la pratique, l’observation ou encore la réutilisation de déchets organique sous forme de compost, les enfants apprennent à respecter l’environnement, qu’ils découvrent fragile. « Grâce à la technique du paillage, nous abordons la gestion de l’eau et les économies à réaliser à travers son utilisation dans le jardin », explique Christine Pöllabauer. Les enfants deviennent alors acteurs et guides dans un lieu de vie harmonieux, autonome et respectueux de la nature. De la terre à l’assiette D’où viennent les aliments que nous mangeons ? Comment et par qui ont-ils été produits ? Quels impacts sur notre santé et celle de la Terre ? Des éléments de réflexion à aborder avec les enfants, qui, pour beaucoup, n’ont aucune idée de l’origine des produits qu’ils consomment. « Sur une petite île comme la nôtre, où l’on importe plus qu’on ne produit, il est essentiel d’apprendre à consommer localement et sainement dès le plus jeune âge », précise Ludovic Saunal. C’est aussi une manière plus concrète pour les enseignants d’expliquer aux enfants qu’en mangeant plus de légumes et de fruits qu’ils ont cultivés eux-mêmes, ils contribuent non seulement à la sauvegarde de la planète, mais aussi au fait d’avoir une bonne santé. Un point crucial sachant que 20,5 % des enfants de 12 ans sont obèses en Nouvelle-Calédonie (rapport de 2012 de l’Agence sanitaire et sociale). « Le fait de déguster leur récolte permet à certains élèves de découvrir des légumes qui leur étaient jusque-là inconnus et d’en apprécier les saveurs », souligne Jean-Pierre Delrieu, 1er adjoint chargé de l’action éducative pour la Ville de Nouméa. Lancée à la rentrée 2015, l’opération “jardins potagers” dans les écoles de la capitale connaît un succès grandissant. Vingt-quatre établissements scolaires sur cinquante et un bénéficient aujourd’hui d’un accompagnement pour mener à bien leur coin potager. Il en va de même dans la Ville du Mont-Dore, où plusieurs écoles possèdent déjà leurs jardins vivriers. « Après avoir observé leurs légumes pousser, les enfants sont heureux d’apprendre à les cuisiner et ont beaucoup de plaisir à les déguster, raconte Christine Pöllabauer. Même les radis qui piquent un peu ! » Éduquer, ne serait-ce pas avant tout rétablir la concordance entre le destin de la planète et celui des humains ? Pierre Rabhi, agriculteur bio, romancier et poète français, fondateur du mouvement Colibris. Préparation des pots de terre avant de semer à la Petite école qui regarde la montagne. Du romarin dans le potager de l'École filante. s Bertille Quintard École filante

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