Femmes : Juin 2017

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3 2017 28 Mail : sophie.berger@lnc.nc Rejoignez Femmes sur Facebook : Femmes mag 4 A ctus - Gouvernement Macron : Femmes, je vous aime ! 8 Association Petites étoiles du lagon : laisser bébé s’envoler 11 People 12 Dossier - Slow attitude : Ralentissez, et plus vite que ça ! 20 Nos gosses - Trouver sa place de père 22 Playlist - Le père, ce héros du 18 juin 24 Couple - Plus âgée que votre homme ? Résistez au sexisme ! 28 Mode - Spécial homme : mâle d’amour 42 Minute beauté - Parfaite pour l’hiver austral 44 Cosméto 46 Yoga - Deux postures pour éveiller ses forces 48 Coaching - Savoir conserver l’équilibre 50 Question santé - Tampon / Coupe menstruelle : le match ! 52 Déco - Shibori, le Tie and Dye chic 57 Cuisine - On se chouchoute 60 Reportage - Ladies nav : en route pour la régate des filles 64 Horoscope 66 Nos adresses Prochaine parution du magazine Femmes : mardi 11 juillet Juin FEMMES

ACTUS Gouvernement Macron « Femmes, je vous aime ! » 4 Nos onze femmes ministres et secrétaires d’État méritaient bien qu’on leur tire le portrait ! Dans l’ordre protocolaire : Sylvie Goulard, une europhile surdouée à la Défense Marseillaise d’ascendance italienne - 52 ans - trois filles • Licence de droit - Sciences-Po - l’ENA • Eurodéputée, milite pour une Europe fédérale - Conseillère du président de la Commission européenne - Travaille sur le traité constitutionnel européen auprès de Valéry Giscard d’Estaing. Le saviez-vous ? Elle a passé son Bac à 15ans et maîtrise l’italien, l’anglais et l’allemand. Agnès Buzyn, une brillante hématologue à la Santé Née à Paris - 54 ans - trois fils • Médecine à l’université Paris 5 • Responsable durant vingt ans de l’Unité de soins intensifs d’hématologie adulte à Necker - 150 publications scientifiques - Directrice de l’Institut national du cancer puis de la Haute Autorité de santé. Le saviez-vous ? Son père est un survivant de la Shoah. Petite, elle rêvait plutôt de 7e art. Victime de harcèlement moral à l’hôpital, elle a changé de poste mais sa carrière a ensuite décollé ! Françoise Nyssen, une éditrice respectée à la Culture Née en Belgique - 66 ans - deux enfants • Docteur en biologie moléculaire et diplômée en urbanisme • Co-préside la maison d’édition Actes Sud, qui publie trois Goncourt et un Nobel de littérature. Le saviez-vous ? Elle a ouvert une école alternative pour les enfants ayant une intelligence atypique après le suicide de son fils à 18 ans. Muriel Pénicaud, une DRH de choc au Travail Parisienne - 62 ans - deux enfants • Diplômée de l’INSEAD, l’école de management la plus réputée du monde • Directrice d’une mission locale d’insertion pour les jeunes à Metz - Conseillère sur la formation au ministère du Travail pour Martine Aubry - Dix ans au service RH chez Danone et Dassault - Patronne de Business France (promotion des investissements). Le saviez-vous ? Elle aime la photographie et, enfant, voulait devenir chef d’orchestre. À la place, elle réalisera une dizaine de fusionsacquisitions. Frédérique Vidal, une universitaire pur jus ministre de l’Enseignement supérieur Native de Monaco - 53 ans - deux enfants • Maîtrise de biochimie - DEA en virologie à l’Institut Pasteur - Doctorat en Sciences de la vie • Directrice de la Faculté des sciences puis présidente de l’université Sophia Antipolis (UNS). Le saviez-vous ? Enfant, elle rêvait d’être pasteur et n’imaginait sans doute pas se retrouver patronne des universités.

ACTUS 6 Annick Girardin, une radicale de gauche à l’Outre-Mer Née à Saint-Pierre-et-Miquelon - 52 ans - un enfant. • Diplôme d’animatrice socioculturelle • Élue deux fois députée Parti Radical - Chargée du Développement (notamment à la Cop 21) et de la Francophonie, auprès du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius - Ministre de la Fonction publique du gouvernement sortant. Le saviez-vous ? Maman à 15 ans et demi, elle a passé le bac tout en élevant sa fille. Laura Flessel, « la guêpe » ministre des Sports Guadeloupéenne - 45 ans - un enfant • BTS Tourisme - Escrimeuse de haut niveau : quintuple championne olympique, sextuple championne du monde, quinze fois championne de France • Nomination au Conseil économique, social et environnemental et au Conseil national du sport - Marraine de l’association Paris 2018 pour l’organisation des GayGames. Le saviez-vous ? Laura Flessel a commencé l’escrime à 6 ans. Elle a ensuite quitté son île à 18 ans pour s’entraîner en Métropole. Elisabeth Borne, une experte aux Transports Parisienne, 56 ans, un enfant • Collège des ingénieurs - École nationale des ponts et chaussées - Polytechnique • Haut fonctionnaire au ministère de l’Équipement - Deux fois conseillère au ministère de l’Éducation - Conseillère sur les transports à Matignon pour Jospin - Directrice à la SNCF - Directrice chez Eiffage - Directrice de l’urbanisme à la mairie de Paris - Préfète de Région - Directrice du cabinet de Ségolène Royal à l’Écologie - PDG de la RATP. Le saviez-vous ? Elle était boursière pendant ses études. En début de carrière, elle rentrait tôt pour s’occuper de son fils unique. Marielle de Sarnez, un animal politique aux Affaires européennes Parisienne - 66 ans - deux enfants • Baccalauréat • Soutient la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing - Participe à la fondation de l’UDF - Bras droit de François Bayrou, cofonde le Modem - Élue au Conseil de Paris - quatre mandats d’eurodéputée. Le saviez-vous ? Fille du baron de Sarnez, résistant puis chef de cabinet à l’Intérieur sous de Gaulle, elle a quitté le nid à 18 ans et n’a pas fait d’études. Marlène Schiappa, une communicante à l’Égalité Femmes-Hommes Née à Paris - 34 ans - deux enfants • Diplôme en communication et nouveaux médias • Crée le blog « Maman travaille » - Journaliste et auteure - Adjointe au maire du Mans. Le saviez-vous ? Son livre sur la vie de mère au travail, Pas plus de quatre heures de sommeil , pourrait être adapté au cinéma. Sophie Cluzel, une maman militante au Handicap Née à Marseille - 56 ans - quatre enfants • Diplômée de Sup de Co Marseille • Fondatrice d’associations pour la scolarisation des enfants handicapés - Administratrice de l’UNAPEI, une fédération d’associations pour la défense des personnes handicapées mentales - Présidente de la Fnaseph, une fédération d’associations pour élèves handicapés. Le saviez-vous ? Elle a deux illustres grandspères : (académicien géologue et général de la Première Guerre). Sa fille est atteinte de trisomie 21. Texte : Élodie Lanfroy

ACTUS Une association pour laisser bébé s’envoler 8 Fausse couche, interruption médicale de grossesse, mort fœtale ou décès dans la première semaine de vie... Chacune a son histoire, terrible, mais c’est le même vide. Alizée Goxe a connu cet abîme en novembre 2014, à la mort de sa fille Lila-Rose, suite à un dysfonctionnement du placenta vers la fin de sa grossesse. Elle a mis au monde un bébé endormi qui a fait d’elle une maman, un « bébé ange » comme on les appelle : « Pendant des ois, j’ai été incapable d’exécuter les choses les plus simples de la vie. Et puis, progressivement, je m’en suis sortie. Avec Marie, une maman endeuillée comme moi, l’idée de faire quelque chose pour aider les autres s’est concrétisée. » L’association « Petites étoiles du lagon » est née en 2015. Afin de partager cette douloureuse épreuve souvent mal reconnue, un groupe d’échange privé a été créé sur Facebook, qui s’adresse aux familles concernées. Dédié plus spécifiquement aux mamans, un groupe de parole a lieu tous les deux mois, encadré par un professionnel de santé formé à l’accompagnement de ce chagrin pas comme les autres. En outre, des rencontres mensuelles sont organisées pour accueillir les nouvelles ou juste se changer les idées. Faire face L’association apporte également des conseils pratiques aux parents pour faire face : « Nous avons guidé un couple pour l’inscription de son bébé ange au livret de famille, explique Alizée Goxe. L’administration n’est pas forcément au fait de tout ce qui est possible. » A l’hôpital, où le personnel n’est pas toujours préparé, un « livret du souvenir » est remis aux parents depuis peu, comportant des informations sur leur enfant, comme ses mensurations : tous les détails qui marquent son passage sont importants dans le deuil périnatal. Alizée conserve précieusement une photo de sa fille. Elle se souvient : « Quand on m’a présenté Lila-Rose dans son berceau, j’ai remarqué qu’elle n’avait pas de bracelet de naissance. On m’en a donné un par la suite, mais je sais qu’il n’a jamais touché sa peau. Et on ne m’a pas laissé son bonnet... Dans ces moments-là, le choc est si brutal qu’on ne pense pas à tout. » Des nids d’ange « Petites étoiles du lagon » lance une action afin d’humaniser cette rencontre entre un bébé ange et des parents surpris par le malheur : fabriquer des nids d’ange pour les maternités. « S’ils le souhaitent, les parents pourront faire une belle photo ou choisir de conserver la gigoteuse en souvenir de leur petit, » explique Alizée Goxe. Avis donc aux couturières bénévoles pour confectionner ces turbulettes de l’amour. Un arc-en-ciel La blessure demeure et les grossesses suivantes sont angoissantes mais, dit le proverbe, « la vie ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie ». Aussi, les mamans endeuillées des « Petites étoiles du lagon » ont collaboré avec la photographe Sandrine Desquibes : inspirée par des photos qui circulent sur la toile, sur le thème de la maternité et de l’arc- en-ciel, cette dernière leur propose de poser avec leurs enfants. Pour ce cliché de l’espoir, Alizée, Marie, Déborah, Caroline et les autres portent donc, dans leurs bras ou leur ventre, les « bébé arc-en-ciel » qui ont ramené du soleil dans leur vie. Alizée raconte : « C’était à Païta, juste après le passage de Cook, il faisait mauvais… Mais à la fin du shooting, un immense arc-en-ciel est apparu dans le ciel gris. Magnifique. Difficile de ne pas y voir un clin d’œil de nos bébés anges. » n Petites étoiles du lagon Site internet : http:// petitesetoiles.wixsite.com/assoc Page Facebook : Petites Etoiles du Lagon, Deuil périnatal (inscription par message privé) ©Sandrine Desquibes Les femmes confrontées au deuil périnatal ont enfin une association en Calédonie. « Petites étoiles du lagon » les aide à repartir à l’assaut de la vie. Texte : Élodie Lanfroy

La planète people vient d’apprendre que Christian Karembeu, notre footballeur, attend un heureux événement ! La skieuse libanaise Jackie Chamoun, avec laquelle il s’est remarié il y a quelques mois, serait enceinte. C’est Adriana Karembeu, son ex-femme, qui a vendu la mèche, se disant très heureuse pour lui. La célèbre top est fair-play, elle qui garde un souvenir douloureux de leur séparation après douze ans d’amour. Egalement remariée, elle essaie d’avoir un bébé pour l’instant sans succès. Christian Karembeu a déjà une fille de 22 ans, Inès. Elle a grandi tranquillement à Nantes avec sa mère, Estelle. PEOPLE Il nous la faut ! PUB 11 Ce mannequin britannique est la nouvelle égérie de la marque espagnole haute en couleur Desigual, pour la collection printemps-été 2017 beachwear . Charli Howard milite contre les diktats de la minceur et les retouches Photoshop, depuis qu’elle a quitté son agence en 2015 parce qu’on lui commandait de faire un régime. Avec un peu de cellulite par ci, un petit bidon par là, Charli affiche un corps normal et libéré en maillot Desigual, pour cette campagne intitulée « Un été sans complexe ». Diversité, naturel et confiance en soi, voilà des valeurs positives qui nous redonnent le sourire. CHRISTIAN KAREMBEU BIENTÔT PAPA ! Tom Cruise a annoncé, sur un plateau-télé en Australie, qu’il tournera bien la suite de Top Gun l’an prochain ! Ce film culte a fait de Tom Cruise une star en 1986 et nous a toutes rendues folles avec le tube Take My Breath Away (« époustoufle-moi », un peu moins sexy en français...). Tom Cruise incarnait Pete «Maverick » Mitchell, fougueux pilote de chasse de l’US Navy amoureux de son instructrice (Kelly McGillis). Top Gun 2, ne mentez pas, vous irez le voir. Car vous aussi, vous avez fait chauffer le magnétoscope, rembobinant la cassette encore et encore, pour profiter de la scène du match de volley entre Maverick et Iceman (Val Kilmer). TOM CRUISE VA TOURNER TOP GUN 2 : OH OUIII MERCI ! eXCLu bLue bARReL Grenouillère « One Piece » picture organic clothing 100% coton bio, ultra doux et confortable !!! Un must-have pour la maison, aller à sa séance de sport ou faire les courses !! Parfait aussi pour attendre Bébé !! Exclu Blue Barrel / Anse-Vata / Bilboquet Plage / Tél. : 43 20 05 CHARLI HOWARD LANCE LA MODE DU VRAI CORPS DE FEMME EN DESIGUAL

12 DOSSIER Slow attitude « Ralentissez, et plus vite que ça ! » Popularisé par les médias de masse il y a plus de quinze ans, le concept de slow life, contreculture opposée au fastliving, n’est toujours pas poussiéreux. Mieux, avec tous ses corolaires, de la slow food au slow sex en passant par le slow work et le slow travel , la slow attitude continue à faire recette. C’est qu’elle tient quand même quelques promesses de bonheur.

Sources : Elle, Pinterest, Améliore ta santé «Ralentissez, et plus vite que ça ! » Voilà une injonction contradictoire qui pourrait rendre fou. Sur nos écrans connectés, on peut lire aussi ce conseil antinomique qui consiste à se débrancher pour profiter enfin de la vie. La semaine de 4 heures de Timothy Ferris, un best-seller aux États-Unis sur le sujet, propose une méthode révolutionnaire - « travaillez moins, gagnez plus et vivez mieux ! », rien que ça - qui ne peut pas se passer du numérique... Même le psychiatre Christophe André, chantre de la méditation, nous propose une initiation en ligne... Bon, face à ces paradoxes, signalons qu’on n’a toujours pas trouvé la réponse à la question existentielle de la poule et de l’œuf. Et il faut bien attaquer le sujet par un bout ou un autre. Slow connexion En fait, l’envie d’arrêter le temps ou plutôt d’arrêter de courir après, n’a rien de nouveau. En revanche, le contexte dans lequel nous vivons a changé : pour le meilleur et pour le pire, les nouvelles technologies ont envahi notre quotidien, nous donnant l’illusion qu’on peut tout savoir, tout avoir, tout faire, tout être en même temps. Le réel, lui, nous file entre les doigts. Aussi, la première solution pour s’ancrer dans le temps présent repose aujourd’hui sur la slow connexion. S’il ne fallait retenir qu’un seul principe, ce serait celui-là : ordinateur, téléphone portable, tablette, il faut vraiment réduire le temps passé devant les écrans. Pour se débrancher, et ce pas seulement avant d’aller se coucher, on active le « mode avion » de ses objets connectés dès le pas de la porte ! Comme il ne faut pas avoir peur de la contradiction, sachez que, pour tout le reste, internet regorge de blogs de trucs et astuces pour se lancer dans la slow life : conseils pour réduire ses déchets, fabri- quer ses propres produits d’hygiène-beauté, préparer des recettes de saison, changer ses mauvaises habitudes au bureau, mieux communiquer avec ses enfants, exercices pour respirer, etc. Oui, oui, c’est tout ça la slow life... Prenez le « beuss » ! On commence avec le slow déplacement, comprenez conduire dou- cement, faire du covoiturage, préférer les transports en commun... Oh, les mauvaises langues, je vous entends d’ici... Quels transports en commun ? Allez, on attend avec impatience le Néobus qui va révolutionner notre vie de citadines branchées ! Pour patienter, pre- nez le bus ! Estéban, le jeune Youtubeur calédonien, vous explique tout sur le réseau de « beuss » (tapez « armagz - carsud et karuïa »), rigolade assurée. À quand un label Cittaslow - ville lente - pour Nou- méa et le Grand Nouméa ? La petite ville de Segonzac dans les Charentes, dont l’emblème est un escargot qui laisse rêveur, l’a obtenu en 2010. Plus sérieusement, il s’agit d’une charte de 70 obligations comme la construction d’éco-quartiers proches du centre ou la mise en place de pistes cyclables. Des solutions collectives et politiques qui permettent de ne pas tout remettre sur le dos des individus. En tout cas, Dumbéens, Nouméens et Montdoriens sont fin prêts pour la transition slow, habitués qu’ils sont à passer une heure et demie esseulés dans leur voiture pour parcourir quinze kilomètres, avec le sourire s’il vous plaît. Les bases • La prise de conscience : mon tempo et mes moments préférés • Slow connexion • Slow déplacement • Slow food, slow cosméto, même combat pour le zéro déchet ! • Slow work • Slow travel, slow sex pour les ultra relax... • Le haut commandement : back to nature. Texte : Élodie Lanfroy

14 DOSSIER Le bonheur est dans l’assiette Créé dans les années 80 pour s’opposer à la montée du fastfood, le mouvement slow food encourage à manger lentement des aliments sains et reconnaissables. Tout un programme : prendre le temps de mastiquer, de déguster, de faire une vraie pause déjeuner. Aujourd’hui, la slow food va plus loin en nous incitant à cuisiner nous-mêmes des produits frais, bio, locaux et de saison. Vous vous demandez, l’air moqueur, comment faire ? Mais si, c’est possible ! Comme ailleurs, le bio peine à se développer institutionnellement sur le Caillou, mais de nombreuses initiatives individuelles et col- lectives émergent çà et là. Pour faire ses courses, on peut choisir les produits des marques distributeurs en grande surface ou se rendre dans une épicerie estampillée bio, comme les enseignes La Vie claire ou Biomonde. Mais, on le sait bien, les produits transformés bio ne sont pas exempts de gras et de sucre, leur coût et leur impact environnemental sont élevés sur une île de paradis. Ça tombe bien, la slow food nous commande de réduire notre empreinte écologique, c’est-à-dire à la fois le bilan carbone et les déchets générés par nos habitudes. Alors, on évite au moins les pots en plastique, même bio, et on préfère les produits locaux. La slow food vise en effet le zero waste, le zéro déchet. Bien sûr vous avez déjà un composteur dans le jardin (la municipalité de Nouméa propose régulièrement des ateliers pour apprendre le compostage, donc, plus d'excuse). Bien sûr, vous allez aussi au marché où il existe quelques stands bio - label océanien Bio Pasifika, certifica- tion Biocaledonia - ou « agriculture responsable » qui limitent au moins les intrants. Si vous préférez aller camper le week-end au lieu d’aller faire les courses, vous pouvez commander un « panier » sur internet : essayez « Légumes du Nord », « Le panier des filles » ou encore « L’écopanier ». Et hop, vous voilà en train de découper vos petits légumes de saison en pleine conscience, pour bientôt déguster un merveilleux buddha bowl qui permet à toute personne sous-douée en cuisine de briller en société. Le buddha bowl mélange les fruits et les légumes, de saison bien sûr, avec des céréales, des légumineuses et des oléagi- neux. Non, ce n’est pas une grosse salade, puisque certains éléments sont cuits, d’autres crus. On peut ajouter un œuf dur, une tranche de poisson, un houmous ou une tapenade, sans oublier une bonne sauce et quelques graines. Heureusement, la choucroute, le chocolat et les cornichons sont aussi fortement recommandés. Sur les ondes de France culture, le professeur Lejoyeux en a même fait une prescription médicale pour chasser la mauvaise humeur. Ouf. Si vous allez snacker, soyez sélectifs. Certains agriculteurs bio ou responsables, comme à la ferme école de Teouma à Païta qui possède une pépinière bio gérée par les membres du RAGPP (Regroupement des actionnaires pour des grands et des petits projets), livrent leur récolte à quelques restaurants en ville, lesquels essaient d’être « locavores », c’est-à-dire de privilégier les produits du pays. Back to nature Vous pouvez également lancer votre potager. Un bon début pour se reconnecter avec la nature, un haut commandement de la slow attitude. Le GAB-NC, groupement des agriculteurs bio de Nouvelle- Calédonie, a créé une banque de semences avec les graines de ses adhérents, agriculteurs et jardiniers biologiques. Il s’agit de variétés locales et anciennes ou encore d’espèces importées mais jugées intéressantes pour la souveraineté alimentaire de l’île. L’adhérent s’engage à en rapporter le double dans un an pour contribuer au stock commun. Belle idée ! Donc, pour honorer le commandement back to nature, plantez des choux à la mode de chez nous, faites une balade à vélo, une promenade les pieds dans l’eau ou dans l’herbe, mais surtout, aérez-vous ! Les quatre consignes du zéro déchet : • Refuser (ce dont nous n’avons pas besoin : la paille en plastique dans le milkshake, le cadeau gratuit et inutile de la parapharmacie, etc.). • Réduire (le nombre d’objets qu’on possède, comme l’essoreuse à salade et autres gadgets qui s’entassent, le nombre de vêtements qu’on ne peut pas porter en 365 jours par an...). • Réutiliser (le sac ou la bouteille en plastique par exemple). • Recycler et composter (pratiquer le tri sélectif et valoriser les déchets organiques). Testez la folie du buddha bowl à la Néocantine Simple - 19, allée des Écoles à Koutio Secal - ou la formule à emporter du P’tit Café - Quartier de l’Artillerie, à Nouméa.

15 DOSSIER Un low poo vraiment doux Ne tentez pas les formules trop agressives à base de bicarbonate de sodium et de vinaigre. Essayez plutôt ça : • 2 cuillères à soupe de farine de pois chiches • 2 cuillères à soupe d’eau • 1 cuillère à café d’aloe vera Appliquez cette pâte, tête en bas, en commençant par la nuque, les cheveux bien démêlés en amont. Massez le cuir chevelu puis rincez abondamment en continuant le massage. Démêlez vos cheveux mouillés avec une brosse à picots, puis, une fois secs, brossez-les énergiquement pour retirer d’éventuels petits résidus. Une chevelure de Raiponce Comme la slow food, le slow cosméto veut nous ancrer dans le présent en nous rendant plus conscient de ce qui entre dans notre corps. Finies les crèmes bourrées de phtalates et autres parabens, les femmes veulent des pommades douces pour leur santé. Avant de vous lancer dans la réalisation de vos propres produits de beauté ou d’hygiène pour la maison, vous pouvez commencer par choisir un savon à la place du gel douche, dans un emballage en carton plutôt que sous film plastique. Avec le slow cosméto, on fait en plus quelques économies bienvenues et on gagne du temps. Certaines sont même passées au low poo : elles rééduquent leur fibre capillaire en espaçant progressivement les shampoings. Résultat, leur chevelure de Raiponce s’en passe de mieux en mieux et le shampoing, non moussant, devient un soin exceptionnel, au mieux une fois par semaine... Les plus extrémistes iront jusqu’au no poo... À vous de voir. Le slow sex : mode d’emploi Commencez par expliquer à votre partenaire le principe du slow sex, proche du tantrisme : on n’est pas là pour atteindre l’orgasme à tout prix, on en a marre du culte de la performance et de cette culture de la rentabilité ! Place au plaisir tranquille, sans pression. Généralement, cela rassure beaucoup les hommes... Ensemble, pour casser la routine, on décide de l’atmosphère qu’on veut donner à nos ébats : on choisit la luminosité, la musique, le parfum... Ensuite, on essaie de dépasser son inhibition : par exemple, faites-vous l’amour les yeux dans les yeux ? Le regard, comme les caresses et les mots, crée l’émotion. Nous restreignons notre sexualité alors que notre corps ne demande qu’une chose : qu’on se débranche la tête et le laisse respirer. Sentir la température de la peau, écouter le souffle... L’idée est de prendre le temps d’explorer lentement les corps, à deux, en utilisant nos cinq sens. Et les changements de rythme ne sont pas interdits, au contraire ! Mais rien ne sert de courir, il suffit de partir à temps.

17 DOSSIER Slow work Bien que convaincues de l’intérêt du low poo sans sulfate et du buddha bowl bio, vous vous demandez surtout comment aborder l’autre facette la plus chronophage de l’existence : le travail... Les nouvelles technologies ont entraîné des mutations inévitables et les sociologues sont formels : si on comptabilise les temps de trajets professionnels et le vélo qui nous tourne dans la tête quand on n’est pas au bureau, nous consacrons de plus en plus d’heures au travail... Pour que ces heures passées au boulot vaillent aussi la peine d’être vécues, il faut leur donner du sens. Step by step La première règle du slow work consiste à abattre les tâches les unes après les autres, c’est-à-dire à effectuer une seule action à la fois. Il suffirait donc de se concentrer, de mettre en place des stratégies pour éviter d’être dérangée, en s’isolant et en se déconnectant quelques heures. L’ordonnance de docteur Slow préconise de se fixer de petits objectifs intermédiaires, prioritaires et réalisables, puis de s’octroyer de vraies pauses pour rester efficace. Mais ça, c’est quand tout va bien et qu’on est « juste » débordée. En burn out ou bore-out, des patients arrivent brûlés, vidés, épuisés dans les cabinets des médecins. Être sur-utilisé ou sous-utilisé dans son job génère autant de stress et peut mener à l’épuisement professionnel, un état qui affecte réellement notre santé et impacte nos proches. Une attention positive Le docteur Serge Marquis, spécialiste en santé communautaire, pose un diagnostic de bon sens et délivre une ordonnance plutôt efficace. Il conseille de placer son attention sur le vivant et le positif, pas sur ce qui est noir. Pour développer cette « attention », il suffit de repé- rer ce petit vélo qui tourne en rond pour lui faire prendre une autre direction : bien souvent, au lieu de profiter de sa pause, on tente de planifier le travail en se lamentant sur l’ampleur de la charge, on se refait le film de la dernière réunion chaotique... « J’y arriverai jamais, j’ai été nul, c’est fichu... » Stop ! Pas de digression négative ! Une petite discipline s’impose pour ne plus se laisser glisser mais, avec un peu d’entraînement, ça marche ! Pour que la pause redevienne un moment de détente, encore faut-il pouvoir ressentir du contentement, le fameux sentiment du travail accompli. Achever quelque chose est donc primordial, sinon la fatigue, relative comme le temps, ne disparaît jamais vraiment. Pour y arriver, on fait des choix puis on se concentre sur ce qu’on a accompli. La minute de calme profond Pour un repos vraiment réparateur, il faut aussi se débrancher complètement sinon le cerveau finit par ne plus faire la différence entre les broutilles et les vraies menaces, et là, c’est le bug assuré. Même une minute de temps en temps, de tout petits moments de calme profond permettent de se déconnecter pour pouvoir ensuite repasser à l’action. « Faites-le vraiment, insiste Serge Marquis. C’est une révolution pour combattre le stress. » Ses exercices sont sim- plissimes : le matin, sur le dos, les paumes tournées vers le plafond, respirez par le ventre en plaçant votre attention sur le souffle, juste une minute. Même chose au coucher, focalisez-vous sur la sensation agréable du corps qui se détend au contact du lit. En cas de grosse montée de stress, expirez en comptant jusqu’à cinq plusieurs fois. Pour canaliser son esprit pendant les exercices de respiration, on peut aussi se concentrer sur la flamme d’une bougie qui vacille.

18 DOSSIER « Extraits de « Fallait demander », la bande-dessinée d’Emma (sur Emmaclit.com) » Le sens du lâcher prise Dans les situations extrêmes qui durent, on se concentrera sur les pistes d’action possibles, pour retrouver l’équilibre entre le défi - la recherche de son potentiel - et ses limites, c’est-à-dire sa dignité. On fait de la place dans son agenda pour se remettre en mouvement pendant son temps libre, c’est la première étape pour retrouver une direction, un intérêt, bref la flamme. Nager, peindre, randonner, parler avec un ami, jardiner avec ses enfants, tout sauf l’immobilisme et la rumination. Les changements arrivent quand on ne s’y attend pas et la créativité ne peut émer- ger que si on lui laisse un peu d’espace. Si rien ne se débloque malgré nos efforts, c’est le moment de lâcher prise. « Arrêter de résister ne signifie pas abandonner, explique le docteur Serge Marquis. Au contraire, cela demande beaucoup de courage de respecter sa dignité. S’arrêter, reculer ou changer de chemin... Ou juste accepter, tout simplement, qu’on se trouve dans une situation qu’on ne peut pas changer pour le moment. (...) Une grande partie de la souffrance humaine, on se l’inflige à nous-mêmes et elle est inutile. C’est la non-acceptation de ce qui est. » Et d’ajouter qu’il faut ré-harmoniser notre rapport au temps et surtout aux autres, valoriser l’entraide et la reconnais- sance mutuelle... Justement ! Parlons peu, parlons bien ! La « charge mentale » des femmes On en parle ou pas de la « charge mentale » des femmes ? Pourquoi la femme active et/ou mère de famille a (beaucoup) plus de mal à adopter la slow attitude, hein, hein, hein ? La petite BD, « Fallait demander », raconte en quelques coups de crayon comment le temps des femmes modernes continue de leur échapper. La dessinatrice Emma fait le buzz sur la Toile avec ce nouveau chef-d’œuvre déjà partagé près de 214 000 fois à l’heure où je tape ces lignes. et même traduit en plusieurs langues. Les féministes appellent cela la « charge mentale » : des pensées incessantes et envahissantes nécessaires pour organiser la vie domestique du foyer, associées à l’exécution d’une grande partie des tâches ménagères. Pendant ce temps, avec pourtant la meilleure volonté du monde, monsieur se met à disposition, pour aider si on lui demande. Organisateur vs exécutant, là est toute la (grande) différence. En fait, voilà peut-être pourquoi se lancer dans la slow attitude demande autant de temps (tiens, tiens...) et de persévérance : c’est comme décider d’arrêter de fumer à la machine à café du coin fumeurs ou vouloir parler comme un Poken ou un Kiwi en restant dans son pays d’origine, ou devenir violoniste grâce à la Méthode pour Les Nuls! C’est su-per dur ! Conclusion : il est temps que les hommes prennent leur part de charge mentale, en commençant par revendiquer eux-mêmes l’allongement de leur congé paternité et l’égalité des salaires hommes-femmes. Et les femmes doivent apprendre à disparaître et vraiment déléguer sans culpabiliser. CQFD. Un vrai challenge Si on n’arrive pas à entrer pleinement dans la slow attitude, on se répète aussi ces quelques mots comme un mantra : conscience, patience, tolérance, détermination. D’abord, la prise de conscience est un premier pas décisif et on ne revient jamais complètement en arrière quand on a pris conscience de son tempo, du rythme qu’on impose à son corps en marchant à toute vitesse alors qu’on n’est même pas en retard, de la rapidité avec laquelle on mâche ses aliments à s’en mordre la langue comme si le ciel allait nous tomber sur la tête pendant la pause-déj...

19 DOSSIER Ce qu’en pensent les philosophes Alors que la psychologie s’empare aujourd’hui de l’art de vivre, la philosophie a répondu à ces questions existentielles il y a longtemps. Montaigne, qui préfère apprendre à vivre plutôt qu’à mourir, conseille justement de « ménager le temps » : « Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors ; et quand je me promène solitairement en un beau verger, si mes pensées se sont entrete- nues des occurrences étrangères (...) je les ramène à la promenade, au verger, à la douceur de cette solitude et à moi. » Montaigne ne pointe pas du doigt l’oisiveté, au contraire est elle porteuse de vie. Mais attention, ce n’est pas l’égarement sur le fil d’actu de son smartphone ! L’oisiveté est un recentrage de l’esprit qui libère un espace de créativité. En outre, Montaigne fustige « l’impression de la certitude », « l’opinion de savoir ». Donc si on a réussi à ne boire plus que du lait végétal maison et à placer dans son emploi du temps deux randonnées hebdomadaires avec les enfants et trois soirées érotiques avec Jules, on évite de faire la morale à celles qui peinent encore. Bergson nous dit aussi : « Il faut savoir attacher un prix à l’inutile, il faut vouloir rêver. L’homme seul est peut-être capable d’un effort de ce genre. » Effectivement, la femme a un peu plus de mal, et ce n’est pas par manque de volonté, cherchez l’erreur... Le désir et l’ennui Pascal, le philosophe croyant, pointe du doigt la misère de notre condition humaine : nous avons besoin du divertissement incessant pour oublier que nous ne sommes pas heureux et que nous allons mourir. Donc nous ne pensons pas au temps, trop occupés à espérer le bonheur et à tout essayer pour être heureux. Ainsi, « il est inévitable que nous ne le soyons jamais ». Epicure est plus positif : véritable Maître Slow, il insiste sur l’importance du contentement : « L’homme qui ne se contente pas de peu ne sera jamais content de rien. » Schopenhauer fait le tragique constat que l’existence est corrompue par deux fléaux : le désir et l’ennui. La thérapie consiste à entrer dans la contemplation, développer la compassion et devenir ascète. L’ultime slow attitude en somme. Socrate, avec sa maxime « connais-toi toi même », préconise de se bouger d’abord soi-même avant de vouloir changer le monde. Pas de précipitation cependant. Socrate déclare : « Ce qu’on doit savoir, c’est de quelle façon on doit vivre sa vie pour qu’elle soit la meilleure possible. » Ensuite, on va à l’essentiel, en réfléchissant à ces instants qu’on ne voudrait jamais voir sacrifiés. Les adeptes de la slow life parlent de moments « incompressibles ». Souvent, il s’agit du temps passé avec nos proches, en particulier nos enfants : là, on met le paquet. Nos petits aussi endurent du stress à l’école dont ils ressentent des symptômes physiques. Et la cadence infernale qu’on leur impose génère de l’énervement. Pour les aider à être plus cool, on com- mence par arrêter de trépigner devant le grille-pain ou le micro- ondes. Charité bien ordonnée commence par soi-même ! Mieux vaut donc prendre le temps de préparer ensemble un gâteau d’anniver- saire et tolérer l’énorme chantier que cela va générer (compassion mesdames), plutôt que faire la queue à la pâtisserie pour acheter de l’industriel et souffler dans le dos de la petite dame qui cherche sa monnaie. Prendre le temps de faire les courses avec son bambin en aiguisant son esprit de « consom’acteur » pour sa santé et la planète ; le temps de lui apprendre à faire ses lacets au lieu de cher- cher à tout prix la paire de chaussures à scratchs… Développer son rapport à l’effort, sa concentration, son attention au temps réel, cela s’appelle la slow éducation, tout se tient ! Enfin, en cas de dérapage, si au retour d’un long week-end en brousse, à l’insu de votre plein gré, votre route croise un fast-food, déculpabilisez. Tout notre environnement entrave nos envies de changer les mauvaises habitudes, et le principe de réalité plombe parfois notre meilleure volonté. Trouver des produits sains, abordables, avec peu d’emballages, le tout sans faire cinq allers-retours en voiture diesel relève du défi ! Changer d’état d’esprit avec ses collègues ou ses enfants dans une atmosphère anxiogène et sans soutien ; voilà les Jeux olympiques de la slow life. Patience donc, une longue période de repérage et de rodage est nécessaire. En vérité, un deuil authentique de la wonderwoman vivant une perfect life s’impose, il faut renoncer à certains aspects de la vie en conformité avec ses limites. Jamais notre cerveau n’a été autant sollicité par des informations intéressantes et, même si les nouvelles technologies nous en donnent l’illusion, nous n’aurons pas assez d’une vie pour tout entreprendre. Alors, cool, vous n’êtes pas seule, des millions de femmes cherchent à reprendre le contrôle de leur vie ! Pour mieux appréhender notre rapport au temps, on peut essayer d’appliquer la règle de vie de Schopenhauer dans « L’Art d’être heureux » : « (...) profiter en tout temps du présent aussi gaiement que possible : voilà qui est sagesse vécue. » n Aller plus loin : http://www.untrucparjour.org www.famillezerodechet.com « On est foutu, on pense trop », une conférence du docteur Serge Marquis, disponible sur le site de France Culture « Vivre plus lentement », Pascale d’Erm, Ed. Ulmer, coll. Les Nouvelles Utopies « Accélération », de la philosophe allemande Hartmut Rosa, La Découverte « Éloge de la lenteur », du journaliste canadien Carl Honoré.

NOS GOSSES Après avoir porté son enfant pendant neuf mois, après l'avoir senti bouger et grandir, la relation entre une mère et son enfant est généralement évidente et se forge d'elle-même. Ce qui n'est pas toujours le cas pour le père qui doit alors trouver sa place. Mais beaucoup ne savent pas comment s'y prendre et il est donc nécessaire de leur donner un petit coup de pouce, pour que la vie avec un bébé devienne un vrai travail d'équipe. Le meilleur moyen de trouver sa place de père et de créer du lien avec son enfant, c'est de s'y prendre tout de suite après la naissance, voire dès la grossesse. Bien sûr, il n'est pas question de forcer les choses mais d'y aller en douceur et par étapes. Dans les premiers jours après l'accouchement, la maman est fatiguée et souvent pleine de doutes. Le rôle du père est de la rassurer, de lui donner confiance en elle et de la soutenir. C'est aussi l'occasion de s'occuper de son petit bout de chou, de se lever la nuit pour lui donner le biberon ou calmer ses pleurs, et par la même occasion d'accorder un peu de calme et de répit à sa compagne. La présence du papa est la Devenir père ne coule pas de source pour tous les hommes. Après la naissance de leur enfant, certains ont besoin de temps ou d'être accompagnés pour assumer leur nouveau rôle. 20 Trouver sa place de père Il nous les faut ! PUB Thés Lipton Les bienfaits du thé vert pour un délicieux moment de bien-être : puissant antioxydant, brûleur de graisses, réduit le stress, améliore l’espérance de vie, réduit l’hypertension, renforce le corps en général. Le thé vert Lipton est la boisson idéale pour un moment de bien être pendant la saison fraîche. Vous trouverez une saveur pour chaque occasion au sein de notre gamme Lipton (nature, menthe, citron, jasmin, ou encore framboise ou grenade). Thés Lipton®

meilleure prévention pour lui éviter un burn-out ou le baby blues. Si le papa a suivi les derniers cours de préparation à l'accouchement, il sait normalement comment changer une couche et donner le bain. Mais la nouvelle maman doit aussi tout faire pour l'intégrer au quotidien de bébé. À elle de lui apprendre les bons gestes si son homme se sent un peu perdu lorsqu'il s'agit de prendre la température du nourrisson ou de lui faire faire son rot après le repas. L'essentiel, pour la mère, est de ne pas systématiquement être dans le désir de tout contrôler, laissant au papa un rôle à jouer. Ne pas se décourager Dans les premiers jours de sa vie, le nouveau-né reconnaît l'odeur de la peau de sa mère, le son de sa voix et sa manière de le tenir. Son univers lui est familier, mais celui de son papa beaucoup moins. Il ne faut toutefois pas se laisser décourager par le sentiment que la chair de sa chair préfère sa maman. Cela ne signifie pas que l'enfant rejette toute présence paternelle, mais plutôt qu'il a besoin de l'apprivoiser. C'est la raison pour laquelle le père doit parler, câliner et calmer son bambin pour créer un lien de confiance et d'intimité, sans avoir peur des maladresses. Il peut aussi se réserver des moments privilégiés, seul avec son enfant, ce qui donne aussi à la maman l'occasion de souffler un peu. Enfin, il ne faut pas hésiter à prendre son congé paternité pour se consacrer entièrement, du moins quelques jours, à cette nouvelle vie. C'est en s'occupant de son bébé et en intervenant le plus possible qu'un homme prend à cœur son nouveau rôle de papa. n Inspirez-vous de la méthode Kangourou et collez votre bébé en couche sur votre torse nu, peau à peau. Surtout utilisée pour les bébés prématurés, cette approche garde bébé au chaud, tout en lui donnant un sentiment de réconfort et d’apaisement ! Faites-le rire Tout comme maman, papa peut lui aussi chanter, bercer et promener. Quand bébé n’est pas dans son assiette, papa peut faire des miracles en faisant des câlins et des trucs rigolos comme des bisous sur le ventre en faisant beaucoup de bruit ! Le côté plus physique des hommes dans leur approche avec les enfants est une véritable source de plaisirs et de réconfort. Parlez-lui Plusieurs spécialistes croient que dans le ventre de leur mère, les bébés peuvent reconnaître certaines voix, dont celle de leur papa. Bébé a donc déjà associé le son de la voix de son père in utero à un sentiment de réconfort. Une fois au monde, il continuera d’apprécier cette voix, même si elle est grave et profonde. Bien sûr, on fait attention au ton de la voix pour ne pas l’effrayer, mais parlez-lui souvent! Racontez-lui des histoires, parlez-lui de tout et de rien en vous adressant directement à lui. Il ne vous répondra pas avant plusieurs mois, mais il aimera entendre votre voix. Dormez avec lui Que ce soit en co-dodo pour ceux qui veulent partager leurs nuits avec bébé ou simplement pour la sieste du samedi après-midi, dormir ensemble crée des liens. On est relax, on s’écoute respirer, on se fait confiance en se laissant aller. Et avec le plaisir qu’on prend à avoir un bébé qui dort sur sa poitrine ou dans le creux de nos bras, c’est une expérience à répéter souvent ! n Quelques conseils pour rapprocher bébé de papa

PLAYLIST C'est LA chanson qui lui mettra assurément la larme à l’œil au volant, surtout si vous avez des filles à la maison. Lynda Lemay s’adresse à sa mère, mettant en perspective ses échecs amoureux avec les qualités de cet être extraordinaire, son père, à côté duquel aucun autre homme ne fait jamais le poids : (à fredonner avec l’accent québécois) «Comment t'as pu trouver un homme qui n'a pas peur, qui promet sans trembler, qui aime de tout son cœur, j’le disais y'a longtemps mais pas d'la même manière, t'as d'la chance maman, le plus fort c'est mon père ! » Devenir père... Oui oui Lynda, on a compris, le plus fort c’est ton père mais, comme les autres, il a quand même un défaut. Les hommes gardent souvent le silence dans les épreuves de la vie, ignorant leurs émotions ou incapables de mettre des mots sur leurs maux. La paternité les chamboule, les submerge de joie ou d’angoisse, ou les deux. En glissant les quelques morceaux suivants à notre homme, on lui montre que, si, on comprend un peu ce qu’il ressent ! Si votre compagnon aime le bon vin, alors cette métaphore filée Le 18 juin au matin, sur la route, notre chéri n’écoutera pas la radio mais une super playlist concoctée avec les enfants. L’occasion de lui faire sa fête ! Émotions garanties. 22 Le père, ce héros

du 18 juin d’Obispo sur la naissance de son enfant est pour lui : « Tu es mon millésime, ma plus belle année, pour ce bonheur en prime que tu m'as donné, je suis à jamais ta terre... C'est ça être père... » Le mal de père Comme nous, les pères ont hâte de voir leurs petits voler de leurs propres ailes mais peur du jour où ils quitteront définitivement le nid... Y penser, c’est se rappeler qu’il faut profiter du moment présent. Dans Father and Son de Cat Stevens, un père et son fils discutent justement de ce moment fatidique. Morceaux choisis, traduits en français pour les monoglottes : Le père : « Ce n'est pas l'heure de changer, relax, détends-toi. Tu es encore jeune (...) » Et le fils de lui répondre, à chaque couplet : « Maintenant il y a un chemin, et je sais que je dois partir... » Le papa termine par un lancinant « Stay, stay, stay » Dur... Allez, on enfonce le clou avec Avoir une fille interprété par Sébastien Chato, disque d’argent issu de la comédie musicale Roméo & Juliette. Le comte Capulet se lamente : « Avoir une fille, c’est crever de peur, qu’elle se maquille pour un menteur (...) et quand viendra le jour où l’un d’eux me prendra ma fille, en m’appelant monsieur, alors ce jour, et pour toujours, je fermerai mon cœur à double tour et... » Bon, j’arrête là, je vous sens fébrile... Parfum d’enfance La paternité renvoie également les hommes aux petits garçons qu’ils ont été, au père qu’ils ont eu, à celui qu’ils auraient aimé avoir, et du coup au papa qu’ils aimeraient être à leur tour... Vous suivez toujours ? La très nostalgique chanson de Renaud, Les Mistrals gagnants, porte justement ce parfum de l’enfance, madeleine de Proust qu’on tente de retrouver avec ses propres rejetons : « Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie, et l'aimer même si le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants... et les mistral gagnants... » Si vous avez des filles, la chanson française regorge de titres dans la veine des relations père-fille, avec Gainsbourg qui lui a consacré un album entier Charlotte for ever, Nougaro qui chante Cécile, ma fille, Johnny sa Laura, Renaud sa Lola... Bon, on évitera les chansons tristes qui abondent également sur les pères absents, indifférents, éreintés par le travail ou carrément disparus... Pour revenir à l’essentiel, c’est-à-dire à la fête des Pères, il y a ce vieux disque qui crépite de tendresse, Oh ! mon papa ! de Tino Rossi qui, les yeux déjà bien ridés, se souvient de son père. « Oh ! mon papa, si beau, si doux, si merveilleux, il comprenait la moindre de mes peines, et il calmait mes larmes dans un seul baiser, lui, si gentil... Qu’il me manque aujourd’hui. » Tout est dit. n

COUPLE Si vous êtes plus âgée que votre homme, vous pouvez être fière d’appartenir à ces couples qui tordent le cou au machisme ambiant. Plus âgée que votre homme ? Résistez au sexisme ! L e Président Macron, 39 ans, et son épouse Brigitte, 64 ans, vivent une passion transgénérationnelle, avec vingt-quatre ans d’écart. Cette grande différence d’âge, supérieure à dix ans, ne concerne que 1% des couples français en 2016. Mais une étude de l’Insee montre qu’il y a de plus en plus de couples dans lesquels l’homme est plus jeune que la femme : 14% exactement*. Chacun y va de sa petite analyse pour décrire ces « couples atypiques » et ces « femmes extraordinaires » : sportives et stylées, toujours séduisantes et, cerise sur le gâteau, indépendantes financièrement et libérées de la maternité. Elles ont aussi la réputation d'être des femmes " expérimentées " au lit. Discours de haine Cette métaphore comparant la femme à un fauve parce qu’elle est en couple avec un partenaire plus jeune est « insupportable, s’indigne la philosophe italienne Michela Marzano sur les ondes de France Culture. (...) Le fait d’utiliser ce mot relève presque du discours de la haine, c’est une façon de faire taire la femme par une insulte. » Freud l’analyserait sans peine : une belle projection de la perversité de certains membres du sexe fort qui s’illustrent en matière de prédation sexuelle, quelles que soient l’époque et la latitude. Courag’ Pas tout à fait puma, Brigitte Trogneux, professeure de français, a d’abord repoussé les avances du jeune Emmanuel. Plus tard, elle a eu le courage de choisir le bonheur : il lui en a fallu pour épouser son ancien élève, en dépit du qu'en-dira-t-on dans une ville de province qui l’a vue naître et élever trois enfants d’un premier mariage. Le courag‘, c’est l’anagramme de cougar. Pas facile non plus pour Manu ! Tout est P p r E l c h i s p t q d e P p 24

bon pour l’infantiliser et le déviriliser. La palme revient à Silvio Ber- lusconi qui l’a félicité pour son élection en toute finesse : « Macron est un beau garçon qui a une belle maman. » L’ancien président italien, aujourd’hui octogénaire, a peut-être oublié qu’il était accusé de détournement de mineures et l’amoureux éconduit d’une belle de 50 ans de moins que lui. Age bashing Même Charlie Hebdo a succombé à la déferlante « first granny » d’une certaine presse, en publiant un dessin de Brigitte Macron enceinte. On a beau être Charlie, on aurait préféré que son coup de crayon s’inspire plus habilement du jeune âge de notre Président qui, à 39 ans, fait quand même partie des plus jeunes chefs d’Etat au monde. Même nous, les femmes, avons pris la mauvaise habitude de cacher notre âge, d’en rire et même de mentir : si cela nous échappe, « oupss… », le vilain petit secret honteux. Dans Psychology Today, les experts s’accordent pour dire que l’âge est un facteur de discrimina- tion au même titre que la classe sociale, les origines ou l’orientation sexuelle : alors, stop au age bashing, on annonce son âge sans rougir, même si le machisme ambiant préfère que l’homme soit plus âgé que sa partenaire. #freemelania Comme pour le couple présidentiel français, 24 ans séparent Donald et Melania Trump mais avec une inversion des genres... Or, miroir, mon beau miroir, dis-moi qui, de la first lady ou de la première dame, est la plus heureuse ? Les hastags #freemelania #poormelania se sont multipliés sur le Net dès l’investiture du Président améri- cain, illustrant des photos parlantes du couple : regard baissé et sourire empêché, Melania Trump apparaît esseulée en sortant de la voiture, à la descente de l’avion ou sur le perron d’une résidence, toujours en arrière. L’ex-mannequin d'origine slovène devenue first lady vit seule dans sa tour à New York avec son fils de 10 ans. Vanity Fair a même publié une enquête sur le comportement grossier de Donald Trump pendant sa grossesse : brutal, il lui a commandé de retrouver son corps au plus vite. Ainsi, Melania a peut-être droit dans l’intimité au petit nom de cet autre félidé domestique que son époux a outrageusement réservé aux femmes pendant sa campagne. Sororité Alors, un peu de sororité : s’il faut qu’on nous animalise pour exister, assumons notre félinité, nous sommes toutes des cougars ! D’ailleurs, le parallèle est troublant : le cougar peut voir dans l’obscu- rité. Menacé de disparition, en raison de la pression de l’homme, il est discret et dépense beaucoup d’énergie pour le fuir. Il tente aujourd’hui de reconquérir du territoire. Les civilisations animistes le vénéraient comme un dieu, un chef qui s’impose sans violence, car le cougar est un modèle de persévérance… Tout est dit. #thankyoubrigitte and #freemelania ! Texte : Élodie Lanfroy *Institut national de la statistique et des études économiques, sept. 2016

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