Femmes : Juin 2017

vigilance, les manœuvres sous spi s’avérant délicates sur ces légères embarcations. Alors que les coureuses prennent des ris, Jean-Marie les suit en Zodiac, jamais avare de conseils. « Tends ta drisse, voilà, maintenant referme ton taquet », dit-il à grand renfort de gestes. Sophie l’imite en souriant, consciente que dans quelques mois, elle n’aura pas son chaperon à ses côtés pendant la course. Les bateaux virent de bord et à chaque fois il faut les relancer. Sport complet, la voile offre des phases cardio sur les manœuvres et des phases plus endurantes sur les longs bords. « Mine de rien on travaille aussi la tête, précise Sandrine, car tactiquement, il faut réfléchir au meilleur placement par rapport au vent. » Manu et Laurence ont fait toutes les éditions et, en régatières averties, ce sont elles qui mènent la barque. Portées par leur envie de développer leur sport au féminin, elles mettent leur grande expérience au profit de leurs équipes respectives. « Il y a un gros travail de communication à bord avec un langage qu’il s’agit de s’approprier pour avancer vite et bien », lancent-elles alors que l’une annonce une risée à ses coéquipières tandis que l’autre se concentre sur le rapport cap/vitesse sur son propre navire. Une source d’émotions Faire de la manœuvre, apprendre à se caler, affiner ses réglages pour tenter de gagner un peu plus de vitesse et développer sa stratégie, sont autant de points sur lesquels les filles travaillent avant le jour de la course. Au milieu des phases stressantes de navigation, le ton monte parfois et les visages se tendent. Il n’en faut pas plus à Jean-Marie pour arriver à la rescousse. « Allez, on lève la tête les filles. Ne restez pas centrées sur vous-mêmes ! Gardez à l’esprit qu’il vous faut avoir une vision d’ensemble sur la course, faites attention à ne pas entrer en collision avec un autre bateau ! » Sur les Elliott 6, ça fuse : « on se traîne ! », « je ne comprends pas, le bateau n’avance pas », « allez, les filles, allez ! ». Les équipages se serrent les coudes, tentent de développer leurs stratégies et de bien jouer avec le vent. Des émotions intenses qu’il s’agit d’apprendre à gérer, tout en gardant la tête froide. Alors que la nuit tombe, les bateaux continuent leurs allers- retours entre les bouées à un rythme effréné. De retour à terre, les filles avouent un brin de fatigue tout en échangeant quelques sensations. Leur complicité semble évidente et l’on peut lire sur les visages toute leur satisfaction. « Assister au coucher de soleil tout en naviguant est un excellent exutoire après une grosse journée de travail », confie l’une d’elles. En rangeant le matériel, elles débattent de l’utilité d’une drisse ou d’un taquet, échangent quelques astuces de navigation. Avec leur entraîneur aussi. Ce dernier leur fait part de ses observations et les encourage. Elles auront un mois pour réfléchir et mettre ses conseils à profit. n REPORTAGE 62 Sur l’eau, on bascule dans un autre élément et on n’a pas le temps de penser à autre chose qu’à la navigation. Manœuvres en série, la tension est palpable ! Jean-Marie installe les bouées sur le parcours. Texte et photos : Aude-Émilie Dorion

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