Femmes : Juin 2017

ACTUS Une association pour laisser bébé s’envoler 8 Fausse couche, interruption médicale de grossesse, mort fœtale ou décès dans la première semaine de vie... Chacune a son histoire, terrible, mais c’est le même vide. Alizée Goxe a connu cet abîme en novembre 2014, à la mort de sa fille Lila-Rose, suite à un dysfonctionnement du placenta vers la fin de sa grossesse. Elle a mis au monde un bébé endormi qui a fait d’elle une maman, un « bébé ange » comme on les appelle : « Pendant des ois, j’ai été incapable d’exécuter les choses les plus simples de la vie. Et puis, progressivement, je m’en suis sortie. Avec Marie, une maman endeuillée comme moi, l’idée de faire quelque chose pour aider les autres s’est concrétisée. » L’association « Petites étoiles du lagon » est née en 2015. Afin de partager cette douloureuse épreuve souvent mal reconnue, un groupe d’échange privé a été créé sur Facebook, qui s’adresse aux familles concernées. Dédié plus spécifiquement aux mamans, un groupe de parole a lieu tous les deux mois, encadré par un professionnel de santé formé à l’accompagnement de ce chagrin pas comme les autres. En outre, des rencontres mensuelles sont organisées pour accueillir les nouvelles ou juste se changer les idées. Faire face L’association apporte également des conseils pratiques aux parents pour faire face : « Nous avons guidé un couple pour l’inscription de son bébé ange au livret de famille, explique Alizée Goxe. L’administration n’est pas forcément au fait de tout ce qui est possible. » A l’hôpital, où le personnel n’est pas toujours préparé, un « livret du souvenir » est remis aux parents depuis peu, comportant des informations sur leur enfant, comme ses mensurations : tous les détails qui marquent son passage sont importants dans le deuil périnatal. Alizée conserve précieusement une photo de sa fille. Elle se souvient : « Quand on m’a présenté Lila-Rose dans son berceau, j’ai remarqué qu’elle n’avait pas de bracelet de naissance. On m’en a donné un par la suite, mais je sais qu’il n’a jamais touché sa peau. Et on ne m’a pas laissé son bonnet... Dans ces moments-là, le choc est si brutal qu’on ne pense pas à tout. » Des nids d’ange « Petites étoiles du lagon » lance une action afin d’humaniser cette rencontre entre un bébé ange et des parents surpris par le malheur : fabriquer des nids d’ange pour les maternités. « S’ils le souhaitent, les parents pourront faire une belle photo ou choisir de conserver la gigoteuse en souvenir de leur petit, » explique Alizée Goxe. Avis donc aux couturières bénévoles pour confectionner ces turbulettes de l’amour. Un arc-en-ciel La blessure demeure et les grossesses suivantes sont angoissantes mais, dit le proverbe, « la vie ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie ». Aussi, les mamans endeuillées des « Petites étoiles du lagon » ont collaboré avec la photographe Sandrine Desquibes : inspirée par des photos qui circulent sur la toile, sur le thème de la maternité et de l’arc- en-ciel, cette dernière leur propose de poser avec leurs enfants. Pour ce cliché de l’espoir, Alizée, Marie, Déborah, Caroline et les autres portent donc, dans leurs bras ou leur ventre, les « bébé arc-en-ciel » qui ont ramené du soleil dans leur vie. Alizée raconte : « C’était à Païta, juste après le passage de Cook, il faisait mauvais… Mais à la fin du shooting, un immense arc-en-ciel est apparu dans le ciel gris. Magnifique. Difficile de ne pas y voir un clin d’œil de nos bébés anges. » n Petites étoiles du lagon Site internet : http:// petitesetoiles.wixsite.com/assoc Page Facebook : Petites Etoiles du Lagon, Deuil périnatal (inscription par message privé) ©Sandrine Desquibes Les femmes confrontées au deuil périnatal ont enfin une association en Calédonie. « Petites étoiles du lagon » les aide à repartir à l’assaut de la vie. Texte : Élodie Lanfroy

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=