Femmes : Juin 2017

18 DOSSIER « Extraits de « Fallait demander », la bande-dessinée d’Emma (sur Emmaclit.com) » Le sens du lâcher prise Dans les situations extrêmes qui durent, on se concentrera sur les pistes d’action possibles, pour retrouver l’équilibre entre le défi - la recherche de son potentiel - et ses limites, c’est-à-dire sa dignité. On fait de la place dans son agenda pour se remettre en mouvement pendant son temps libre, c’est la première étape pour retrouver une direction, un intérêt, bref la flamme. Nager, peindre, randonner, parler avec un ami, jardiner avec ses enfants, tout sauf l’immobilisme et la rumination. Les changements arrivent quand on ne s’y attend pas et la créativité ne peut émer- ger que si on lui laisse un peu d’espace. Si rien ne se débloque malgré nos efforts, c’est le moment de lâcher prise. « Arrêter de résister ne signifie pas abandonner, explique le docteur Serge Marquis. Au contraire, cela demande beaucoup de courage de respecter sa dignité. S’arrêter, reculer ou changer de chemin... Ou juste accepter, tout simplement, qu’on se trouve dans une situation qu’on ne peut pas changer pour le moment. (...) Une grande partie de la souffrance humaine, on se l’inflige à nous-mêmes et elle est inutile. C’est la non-acceptation de ce qui est. » Et d’ajouter qu’il faut ré-harmoniser notre rapport au temps et surtout aux autres, valoriser l’entraide et la reconnais- sance mutuelle... Justement ! Parlons peu, parlons bien ! La « charge mentale » des femmes On en parle ou pas de la « charge mentale » des femmes ? Pourquoi la femme active et/ou mère de famille a (beaucoup) plus de mal à adopter la slow attitude, hein, hein, hein ? La petite BD, « Fallait demander », raconte en quelques coups de crayon comment le temps des femmes modernes continue de leur échapper. La dessinatrice Emma fait le buzz sur la Toile avec ce nouveau chef-d’œuvre déjà partagé près de 214 000 fois à l’heure où je tape ces lignes. et même traduit en plusieurs langues. Les féministes appellent cela la « charge mentale » : des pensées incessantes et envahissantes nécessaires pour organiser la vie domestique du foyer, associées à l’exécution d’une grande partie des tâches ménagères. Pendant ce temps, avec pourtant la meilleure volonté du monde, monsieur se met à disposition, pour aider si on lui demande. Organisateur vs exécutant, là est toute la (grande) différence. En fait, voilà peut-être pourquoi se lancer dans la slow attitude demande autant de temps (tiens, tiens...) et de persévérance : c’est comme décider d’arrêter de fumer à la machine à café du coin fumeurs ou vouloir parler comme un Poken ou un Kiwi en restant dans son pays d’origine, ou devenir violoniste grâce à la Méthode pour Les Nuls! C’est su-per dur ! Conclusion : il est temps que les hommes prennent leur part de charge mentale, en commençant par revendiquer eux-mêmes l’allongement de leur congé paternité et l’égalité des salaires hommes-femmes. Et les femmes doivent apprendre à disparaître et vraiment déléguer sans culpabiliser. CQFD. Un vrai challenge Si on n’arrive pas à entrer pleinement dans la slow attitude, on se répète aussi ces quelques mots comme un mantra : conscience, patience, tolérance, détermination. D’abord, la prise de conscience est un premier pas décisif et on ne revient jamais complètement en arrière quand on a pris conscience de son tempo, du rythme qu’on impose à son corps en marchant à toute vitesse alors qu’on n’est même pas en retard, de la rapidité avec laquelle on mâche ses aliments à s’en mordre la langue comme si le ciel allait nous tomber sur la tête pendant la pause-déj...

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