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PORTR
AIT
PORTR
AIT
[l]’intéresse tout autant d’accompagner
une réflexion stratégique, d’apporter
un point de vue
». Il laisse donc de côté
plusieurs opportunités dans le monde de
la recherche en Métropole pour tenter
l’aventure de l’entreprenariat privé en
Nouvelle-Calédonie.
A
MÉNAGEMENT
,
BIODIVERSITÉ
Une rencontre lui fait sauter le pas, celle
d’Emmanuelle Ruet-Garioud, qui avait
créé au sein d’eTEC – un bureau d’études
en aménagement urbain et VRD (voirie
réseaux divers) – un pôle dédié à la
réalisation des dossiers de « permitting »
environnemental. Cette «
entrepreneuse
dans l’âme
» cherchait alors à diversifier
cette activité. Le courant passe tout de
suite entre eux, et Yannick quitte Bordeaux
fin 2007 pour devenir son salarié, avant de
créer avec elle, en 2009, la SARL Biotop
Environnement.
La société rebaptisée Bio eKo en 2014
compte aujourd’hui huit collaborateurs.
Ses clients ? Les collectivités – provinces
Nord et Sud en tête –, les aménageurs, les
industriels, au premier rang desquels les
sociétés minières. Son terrain d’action ?
La Calédonie mais aussi le Pacifique, via la
participation à des projets régionaux tels
que Resccue
(2)
.
Bio eKo se structure en deux grands pôles :
le département « permitting », qui mène les
évaluations environnementales des projets
d’aménagement urbain (quartier de Saint-
Quentin, Néobus…) et industriels (ICPE
(3)
,
etc.), avec un volet pilotage de « chantiers
verts » ; et un département « biodiversité »
qui englobe un pôle dédié au suivi de
la qualité des eaux douces et un pôle
« conservation » relatif à la gouvernance
et à la planification environnementale,
ainsi qu’au développement d’outils de
conservation et d’évaluation économique
du capital naturel.
La recherche reste bien présente au
sein de l’entreprise, avec un pôle R&D
qui permet à Yannick et à un autre
docteur en hydrobiologie de participer
au développement de nouveaux outils
d’évaluation de la qualité des eaux ou
d’améliorer la compréhension des effets des
métaux présents dans les sols calédoniens
sur les espèces aquatiques et l’homme.
«
La recherche est une façon pour
nous de rester à jour, d’amener nos
compétences et notre connaissance du
territoire calédonien aux chercheurs
métropolitains ou étrangers qui nous
accompagnent.
»
« V
OILÀ CE QUE ÇA VA COÛTER
»
Sont-ils nombreux à œuvrer dans ce
secteur ? «
Le secteur de l’environnement
se structure. Tout le monde monte en
compétences, les donneurs d’ordre
comme les professionnels
», observe
Yannick. Les populations aussi, qui sont
mieux informées, et incluses dans des
démarches participatives. Parmi les enjeux,
l’adaptation au changement climatique.
Une stratégie qui implique une analyse
économique. «
Il s’agit de fournir des
arguments aux techniciens. Évaluer
les services que rend la nature, les
monétariser permet de dire “si on ne
conserve pas cette zone, voilà ce que ça
va coûter
», illustre l’entrepreneur. Et de
préciser : «
Une zone humide qui joue
son rôle dans la régulation et l’épuration
des eaux permet d’économiser les coûts
liés aux digues de protection ou à un
système plus poussé de potabilisation de
l’eau. La restauration et la préservation
du capital naturel peuvent aussi être
une source d’activités rémunérées
pour les populations les plus éloignées
des principaux bassins d’emplois.
» Le
sujet est d’une actualité intense, face à un
marché de l’emploi dégradé, quand l’Isee
établit que la moitié de la population kanak
en âge de travailler réside en tribu.
Une nature préservée ou restaurée,
génératrice de développement local au
bénéfice des habitants, des opérateurs
économiques comme de la conservation
du patrimoine naturel. Yannick Dominique
œuvre à la croisée de ces chemins. Avec la
pugnacité de l’Aveyronnais, imprégné par
l’eau et la biodiversité de ce Caillou qui est
devenu son rocher.
(1)
Convention industrielle de formation par la
recherche, financée à 40 % par l’Etat et à 60 %
par l’entreprise.
(2)
Un programme de 1,5 milliard XPF sur cinq
ans qui vise à soutenir les pays insulaires
océaniens dans leur démarche d’adaptation au
changement climatique.
(3)
Installations classées pour la protection de
l'environnement. L’ICPE concerne les activités
à caractère industriel susceptibles d’entraîner
des impacts ou des risques sur l’environnement.