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L’apprentissage est encore souvent
considéré comme une voie de
rattrapage...
La voie de rattrapage, ce sont de vieux
clichés ! Choisir l’apprentissage, c’est
intégrer le marché du travail de manière
progressive avec une vraie expérience
de l’entreprise. Je rappelle que dans
l’artisanat les trois quarts des apprentis
sont embauchés par leur entreprise
formatrice à l’issue de leur formation, et
que 15 % d’entre eux deviennent chefs
d’entreprise. Faire le choix de l’entreprise
lorsqu’on est jeune, c’est admirable et
ambitieux. L’apprentissage, c’est un
tremplin : on est très loin d’une voie de
rattrapage !
À quelles difficultés les artisans
sont-ils en général confrontés dans
leur gestion des apprentis ?
Les maîtres d’apprentissage évoquent le
savoir-être. L’assiduité et la motivation
sont essentielles. Elles peuvent être
fragilisées par des problématiques
d’hébergement et de transport pour nos
jeunes qui vivent entre leur domicile, le
CFA et l’entreprise. Il y aurait besoin de
plus d’appui sur ces deux thématiques
*
.
Au niveau de l’accueil du jeune dans
l’entreprise, il faut comprendre que pour
l’entreprise formatrice, l’apprentissage
est un investissement : en argent (950
millions de salaires sont versés chaque
année par les entreprises pour les jeunes
apprentis) et aussi en temps, il faut en
consacrer au jeune pour l’amener à
passer d’apprenti à collaborateur.
Qu'attendez-vous des institutions ?
Il est nécessaire aujourd’hui de souligner
auprès de nos décideurs l’efficacité de
ce dispositif de formation en termes
d’insertion professionnelle et de montée
en compétences des salariés et des
chefs d’entreprise. Nous voulons que
l’apprentissage reste une priorité dans
les actions du gouvernement. Et pas
uniquement avec des financements mais
avec un vrai plan d’action. Pourquoi
seulement 1,7 % des jeunes accèdent
à une formation par apprentissage en
Nouvelle-Calédonie, contre 7 % en
Métropole ? Pourquoi la première année
d’apprentissage ne coûte-t-elle quasiment
rien à l’entreprise en Métropole, alors
qu’elle représente a minima 40 % d’un
SMG pour une entreprise calédonienne ?
Il faut soutenir durablement et fermement
l’ensemble des acteurs : CFA, jeunes et
entreprises.
*
Une réflexion en cours dans le cadre de la
réforme des contrats en alternane attendue
en 2018.
QUAND
APPRENTIS ET RECRUTEURS
SE RENCONTRENT
Daniel Viramoutoussamy, président de la CMA
«
T
rop de blabla
», «
trop
théorique
». Les jeunes
présents le 27 octobre aux
rencontres de l’apprentissage à la mairie
de Nouméa résument ainsi leur formation
initiale. L’apprentissage leur apparaît
comme «
plus enrichissant
». Julia,
Audrey, Valentin ou Brenda aiment l’idée
d’«
être en entreprise
», «
au contact des
gens
». Pour René, 24 ans, qui a obtenu
son bac en 2012 et semble avoir appris
de la vie, c’est beaucoup plus : «
Je veux
concrétiser tout ce que j’apprends,
créer mon projet de vie. Je veux être un
exemple et montrer qu’il y a toujours
quelque chose de bon dans les jeunes, il
suffit d’y croire, d’être patient.
»
«
R
ECRUTER
TÔT
»
D e l a p a t i e n c e , n omb r e d e s
entrepreneurs présents pour recruter
l eur s f u t ur s appr en t i s en f on t
preuve. Sylvie et Vincent Catelet, de
Pain & Compagnie à Dumbéa-sur-Mer,
cherchent «
un ou plusieurs
» apprentis
en boulangerie-pâtisserie. «
C’est un
métier difficile, je veux les former à ma
patte, transmettre mon savoir-faire, le
respect du travail, des produits, de la
clientèle,
présente Vincent
. Un jeune
qui me dit “je ne sais rien faire”,
c’est pas grave, il ne faut pas avoir
peur, l’important, c’est d’apprendre
à aimer le métier. C’est primordial de
former des jeunes aptes à reprendre et
poursuivre une activité.
»
Damien Delos, chef boucher à Géant,
veut recruter des apprentis en CAP
boucherie. «
Ici, l’apprentissage,
c’est la cinquième roue du carrosse,
témoigne celui qui a étudié en Belgiqu
e.
On attend que les jeunes soient en
échec scolaire… Quand ils arrivent en
apprentissage, ils ont parfois plus de
20 ans, c’est dommage, c’est dur alors
de les récupérer.
»
Julien Nicolas, responsable recrutement
et formation dans le groupe Marriott,
cherche aujourd’hui, avec le chef
Matthieu Charrois, un apprenti cuisinier
pour le Sheraton Deva. «
Prendre des
apprentis permet de leur apprendre
les ficelles d’un métier et de les
faire progresser. On attend de la
ponctualité, du savoir-être
», précise
le recruteur.
«
D
E
FAUSSES
IDÉES
»
«
De la motivation, de l’envie, une
façon de se présenter plus qu’un CV
»,
ajoute le chef. Nathalie Aulotte, gérante
de Grain de beauté, attend sa prochaine
apprentie esthéticienne. «
Beaucoup
se font de fausses idées, il n’y a pas
que le côté agréable, c’est un métier
difficile qui demande de l’endurance,
beaucoup se découragent.
»
Pour éviter ce genre d’écueil, la MIJ
propose aux candidats potentiels un
stage de deux semaines pour leur faire
découvrir le métier visé. Une façon de
confirmer son choix et sa motivation.
«
Nous attendons un vrai plan d’action
»
3 QUESTIONS À ...
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