

E
n août dernier, il a participé à
une table ronde à l’Université
de la Nouvelle-Calédonie sur
le thème «
Que faire avec
sa thèse ?
». Elle s’adressait
aux doctorants s’interrogeant sur leur
insertion professionnelle. Car il est
loin le temps où les études doctorales
menaient le plus grand nombre dans les
laboratoires de recherche. Un thésard
intéresse aujourd’hui tout autant le monde
de l’entreprise. C’est l’option qu’a choisie
Yannick Dominique, et il était là, au côté
d’autres docteurs, pour témoigner des
multiples façons de «
sortir de sa bulle
de confort
». En quittant son «
bocal
»,
son labo, la sécurité du service public…
Yannick est un des fondateurs et
cogérants de Bio eKo Consultants,
bureau d’ingénierie en environnement
basé à Nouméa. Chef d’entreprise, il est
aussi et surtout docteur en écotoxicologie
aquatique. Un parcours qui a commencé
au cœur de l’Amazonie comme une
aventure, guidée par la recherche et la
responsabilité environnementale d’un
des plus gros producteurs d’électricité en
France et dans le monde, EDF.
M
ÉTAUX AQUATIQUES
«
J’ai été bercé par les documentaires
animaliers à la télé, le récit des grandes
expéditions comme celles de Théodore
Monod ou de Paul-Emile-Victor, et le
milieu tropical m’a toujours attiré
sans que je sache vraiment pourquoi
»,
raconte le natif de l’Aveyron. «
J’étais un
peu fainéant à l’école mais j’avais des
facilités en biologie alors, comme ça
m’intéressait, ça passait tout seul.
»
L’élève paresseux suivra finalement
une maîtrise à Toulouse, qui lui donne
l’opportunité d’un stage en Amérique
du Sud pour y identifier de nouvelles
espèces d’invertébrés aquatiques, puis
un DEA au laboratoire d’entomologie du
Muséum national d’histoire naturelle sur
la taxinomie (identifier, nommer, classer)
de ces invertébrés.
Sa connaissance de l’Amazonie lui vaut
alors d’être contacté par l’université
de Bordeaux, qui lui offre une bourse
CIFRE
(1)
pour entamer une thèse auprès
d’EDF en Guyane sur l’impact du barrage
hydroélectrique de Petit-Saut sur le
«
cycle biogéochimique du mercure
».
Ce mercure utilisé par les orpailleurs
pour amalgamer l’or est rejeté dans les
cours d’eau où il devient très toxique sous
certaines conditions.
C’est cette problématique de la toxicité des
métaux pour l’environnement aquatique
qui conduira Yannick en Nouvelle-
Calédonie. En 2006, suite à sa thèse,
son labo lui demande de participer à des
études relatives à une éventuelle toxicité
du manganèse sur les poissons marins
néo-calédoniens. C’est là qu’il découvre le
Caillou, sa biodiversité, ses habitants, ses
métaux et sa problématique minière. Peu à
l’aise avec l’inertie de la fonction publique,
il lui faut être «
dehors plutôt que dans
un labo, sur un cours d’eau, dans la
forêt ou avec les habitants. Mais ça
LES COURS D’EAU
DANS LA PEAU
Yannick Dominique est une
des chevilles ouvrières de Bio
eKo Consultants. Ce docteur
en écotoxicologie des milieux
aquatiques aurait pu choisir
la voie universitaire mais, de
l’Amazonie à la Calédonie, l’appel
du terrain l’a fait tracer son
propre chemin. Son entreprise
est son labo.
PORTR
AIT
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