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se fait souvent par le feu, ce qui engendre

beaucoup de pertes, la destruction des

jeunes plants et l’appauvrissement de la

terre. Autre problème récent : une plante

envahissante aux graines très volatiles,

pluchea odorata

, arrivée probablement

dans le katcha ou les engins de chantier.

En octobre 2015, une mission technique

au Vanuatu, initiée par Arbofruits et

cofinancée par la CPS et la commune

d’Ouvéa, a permis aux principaux

acteurs de la filière de rencontrer leurs

homologues vanuatais, de visiter leurs

installations, de se confronter à leurs

pratiques et de tirer de leur expérience

des enseignements qui permettraient de

résoudre les freins auxquels la filière iaaï

est confrontée. Parmi ses conclusions :

«

L’état sanitaire et physique des

cocoteraies est le premier critère de

succès pour cette filière, sans cocotiers

sains et sans cocoteraies jeunes et/ou

régénérées et entretenues, la production

d’amande fraîche ne sera pas ou peu

réalisable.

» S’y ajoutent «

la qualité du

matériel végétal

» et «

la fertilité des

sols

». Des conditions réunies au Vanuatu,

où la filière n’est pas subventionnée et où

40 000 tonnes de coprah sont produites

annuellement sur la seule île de Santo, qui

centralise le coco des quatre provinces

nord de l’archipel.

S

TRUCTURER

,

INVESTIR

Selon Albert Ouaiegnepe, qui a impulsé

la relance de la coprahculture dans la

région centre (Fayaoué), «

la vraie

difficulté pour Ouvéa est que la filière

coprah est gérée par la province et

qu’elle n’est qu’une partie seulement

de ses activités

», d’où un «

manque

d’attention

». Lui a décidé de faire du

coprah «

une priorité

». Pour la première

fois, la mairie va ainsi financer huit fours

communautaires et «

plus performants

»,

qui seront répartis dans le sud, le centre et

le nord dans les espaces non équipés. Un

investissement de 2,6millions de francs. Et

il propose de «

créer une fédération des

coprahculteurs. La filière du coprah est

la seule filière qui n’est pas structurée

».

À la province, un « comité technique

coprah » se réunit tous les deux mois

depuis cette année, sous l’égide de Bernard

Ihage, chef du service du développement

d’Ouvéa. Les partenaires

*

y suivent «

les

dossiers

» et valident des actions. Le

déplacement au Vanuatu semble avoir

impulsé une dynamique, avec «

un projet

d’investissement à l’huilerie pour

l’agrandir et l’agencer autrement, et

l’achat d’une nouvelle presse

».

N

OUVEAUX DÉBOUCHÉS

C’est sur tous les fronts qu’il faut agir,

tant chaque élément de la chaîne est

dépendant des autres. L’huilerie, la

savonnerie et le groupe biocarburant

d’Enercal fonctionnent à perte. Pour qu’ils

soient rentables, il faut plus de coprah,

donc plus de producteurs et de

nouvelles cocoteraies, plus fertiles

et fonctionnelles. La filière est

pensée pour englober Lifou,

Maré et pourquoi pas la côte

Est de la Grande Terre dans

une vision territoriale. Ne

manque que… «

la volonté

des producteurs

», selon la province.

Dans cette quadrature du cercle, un outil

mieux adapté et la recherche de nouveaux

débouchés sont indispensables. Là encore

freinés par un terrain peu réactif. Mais la

motivation ne viendrait-elle pas aussi des

débouchés ? Travailler dur pour un coprah

dont 70 % part en fumée pour ne produire

que 3 % des besoins électriques… est-ce

vraiment motivant ? En revanche, des

produits à forte valeur ajoutée comme des

cosmétiques, des savons plus largement

diffusés car répondant mieux aux attentes

et, surtout, de l’huile alimentaire de

qualité, que les installations existantes

ne permettent pas de produire, voilà qui

pourrait inspirer des investisseurs privés et

faire rayonner Iaaï et ses coprahculteurs.

Des chantiers sont esquissés sur tous ces

fronts. Et Sylvère Ouckewen y croit : «

On

est confiants pour l’avenir de la filière. Il

y aura toujours des gens pour produire

le coprah…

» . La mer et la cocoteraie.

*

Les principaux acteurs de la filière sont l’Erpa,

la province des Îles Loyauté, la Sodil, la Société

agricole des producteurs d’Ouvéa (Sapo,

l’huilerie), l’association Arbofruits, la commune

d’Ouvéa.

La savonnerie s’organise sous un grand dock ouvert aux visiteurs : une zone de

production (savons de ménage et savonnettes), où l’huile est mélangée à de la soude

caustique, des parfums et un conservateur ; une zone de découpe, à la main, après

séchage pendant 48 heures ; une zone de tamponnage, où les logos sont pressés à la

force des bras ; et l’emballage. La production moyenne est de 1,6 tonne par semaine,

qui alimente trois principaux grossistes à Nouméa et les petits commerçants locaux.

REPORT

AGE

REPORT

AGE

LE COPRAH EN CHIFFRES

172

producteurs inscrits :

119

dans le district de Saint-Joseph (nord),

10

à Mouli (sud) et

43

à Fayaoué (centre).

306

tonnes en2015.

396

tonnes en2014.

56

fours

en activité (dont

35

à Saint-Joseph).