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coutumier ou civil. «

En 2006, lorsque

l’allocation familiale de solidarité a

été mise en place, beaucoup ont arrêté

de produire…

», rappelle le dirigeant de

l’huilerie, ancien gérant de la Caapo.

M

OTIVER

,

RÉMUNÉRER

C’est ce à quoi la filière du coprah doit

faire face, cette délicate combinaison entre

un mode de vie traditionnel de subsistance

et une intervention publique qui, pour

justifiée qu’elle soit, peut interférer

négativement sur les équilibres socio-

économiques.

«

Il faudrait de la motivation du côté

des producteurs, trouver un truc pour

qu’ils produisent plus régulièrement,

se

désespère EdouardWadjemo, responsable

depuis 2012 de la savonnerie, qui jouxte

l’huilerie.

En 2014, ils étaient bien

motivés ! Pendant les élections, le

coprah est un sujet de propagande »,

sourit celui qui a intégré la savonnerie en

2002 et a été formé dans plusieurs labos

français dans le cadre du programme

400 cadres.

Un des facteurs de motivation est la

rémunération. Le prix du coprah est une

savante alchimie : il est composé d’un prix

fixe et d’incitations. L’huilerie verse 42 F

et la province 23 F, soit un fixe de 65 F,

auquel s’ajoutent des primes de l’Erpa

en fonction de la production atteinte (de

25 à 35 F) et une subvention de la Sodil

qui peut atteindre 30 F au-delà de 1,5

tonne. Soit, depuis 2015, un prix maximal

de 130 F par kilo. Une partie est payée

directement à l’huilerie en espèces, l’autre

partie est, depuis cette année, virée sur

le compte du producteur. Une mesure qui

évite de devoir garder trop de liquidités

sur place et qui incite les coprahculteurs

à s’enregistrer auprès de la Sapo. Car

beaucoup de « petits » joignent leur

production de manière informelle à celle

des producteurs « officiels ». Or, tout doit

tendre à « professionnaliser » la filière.

«

S

AC

-

SAC

»

Mais peut-on vraiment vivre de la culture

du coprah ? Le plus gros producteur cette

année est Henri-Michel Dao, de la tribu

de Téouta, à Saint-Joseph. Avec plus de

21 tonnes depuis février, il explose tous

les scores. C’est que l’homme a de la

ressource : il fait «

du sac-sac

», c’est-à-

dire qu’il collecte des sacs d’amandes à

l’unité, auprès de ceux qui ont «

besoin

de pièces

». On les lui apporte ou il va

lui-même les chercher sur «

tout Saint-

Joseph

». Il achète les amandes fraîches

50 francs le kilo. Sans connaître la part

exacte du «

sac-sac

» dans sa production

REPORT

AGE

REPORT

AGE

Marie-Lucette Taupueo.

Henri-Michel Dao