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totale, on peut se risquer à évaluer son
revenu brut cette année à moins de
2 millions. Pour un travail harassant. Il
travaille seul à son four et les 21 tonnes de
coprah sont passées par ses bras, soit plus
de 30 tonnes d’amandes humides ! Mais
Henri-Michel fait preuve d’ingéniosité : il
a rehaussé sa turbine (un cylindre fait de
plusieurs fûts soudés où brûle de la bourre
de coco) et active le feu avec du tourteau.
Résultat, le coprah (réparti sur un grand
plateau grillagé au-dessus de la turbine)
est sec en 12 heures au lieu de trois jours.
Il ne peut en tout cas pas se passer de son
«
petit salaire
» à l’huilerie, dont il est l’un
des trois employés.
Et Henri-Michel et ses 21 tonnes de coprah
est, pour le moment, une exception dans
le paysage des coprahculteurs. En août,
le premier numéro de la newsletter
Les
Nouvelles de la cocoteraie
, imaginée par
la province et ses partenaires à l’intention
des producteurs, mettait à l’honneur Serge
Nemia, également de la tribu de Téouta,
écrivant qu’«
il fait aujourd’hui partie
des producteurs les plus productifs,
avec une moyenne de 4 à 5 tonnes par
an
».
L’
ARBRE AUX MILLE USAGES
Direction maintenant la cocoteraie de
Marie-Lucette et Jean Taupueo dans
le district de Mouli. Marie-Lucette a
relancé l’activité dans le sud en 1998, en
construisant avec son mari un premier
four, non sans difficulté et grâce à un prêt
de l’Adie de 96 000 francs. À l’époque,
elle était «
la seule femme qui voulait
faire du coprah. Après les Evénements,
personne n’y croyait plus, le prix était
trop faible. Tout le monde partait sur
des restaurants, des magasins…
» Elle,
originaire de Pouébo, où les cocoteraies
ont prospéré aussi, ne jure que par la
terre et le cocotier, «
c’est l’arbre aux
mille usages, c’est un produit noble
».
Et d’énumérer toits et paillage des champs
avec les palmes, cordes avec la bourre
de coco, etc. Cette femme de poigne
y croit. Pourtant, «
c’est du boulot, le
coprah
». Il faut trois nuits de chauffe par
fournée, surveiller le four, l’alimenter…
La production de 2015 a atteint 3 tonnes.
Marie-Lucette aimerait faire «
plus de
sac-sac, mais il faut de la trésorerie
».
Alors, elle nourrit un autre projet, une
pépinière. «
Il faut des pépinières pour
renouveler les cocoteraies
» et elle espère
en se lançant créer «
une résonance
».
Pour elle, le dynamisme de la filière «
doit
venir d’en bas
».
P
RENDRE
SOIN DES COCOTERAIES
Et la plantation de nouvelles cocoteraies
est vitale. C’est la première source de
préoccupations, et ce à quoi s’attelle
l’association Arbofruits. «
Un cocotier
peut produire pleinement pendant 25
ans
», rappelle Frédéric Kuin Wetewea,
technicien d’Arbofruits qui a pour
mission d’animer et de dynamiser la
filière à Ouvéa, et travaille notamment
avec les producteurs sur le problème
des cocoteraies vieillissantes. L’entretien
est une autre question essentielle. Il est
rendu très difficile par la configuration
aléatoire des pieds qui ne permet pas le
passage de machines. Alors le défrichage
REPORT
AGE
REPORT
AGE
Élise Cazal et Kevin Wetewea, d'Arbofruits.
Pluchea odorata
, plante envahissante.