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FO

CUS

FO

CUS

leur montrer la beauté de l’île car

je vis seul à Lifou

», explique André,

un enseignant qui propose à la location

une chambre dans sa villa de Wé pour

5 640 francs par nuit.

P

ATENTE

Didier, lui, loue sa grande villa de

Dumbéa pour 32 400 francs la nuit (pour

8 personnes) via Airbnb mais aussi via

les sites TripAdivsor et HomeAway.

«

Cette activité me permet de payer

mon emprunt et mes frais

d’entretien. Je préfère faire

de la location touristique car

cela me permet de contrôler

mon produit, je peux y jeter

un œil tous les huit jours

»,

explique-t-il. Didier fait partie

des rares loueurs à avoir pris

une patente (70 000 francs par

an). Il reverse également la

TSS (350 000 francs par an) et

déclare son activité aux impôts

(100 000 francs par an) pour

un chiffre d’affaires de 550 000

francs par mois, auquel il faut

déduire les frais de jardinier, de pisci-

niste et de femme de ménage.

«

En Nouvelle-Calédonie, dès qu’on

loue en meublé, on est obligé d’avoir

une patente, le texte législatif ne fait

pas de distinction entre location

saisonnière ou régulière. Il faut

également déclarer ses revenus aux

impôts,

confirme Luce Lorenzin, la

présidente de l’UFC Que choisir.

Le

site Airbnb

a mis des informations

en ligne à destination des loueurs,

mais il n’y a rien de spécifique pour

la Nouvelle-Calédonie. De toute fa-

çon, combien de personnes lisent ces

infos ? Il faut déjà réussir à les trou-

ver ! Elles se situent dans la rubrique

Hébergement responsable

», précise-

t-elle.

«

Les personnes qui hébergent des

gens via le site Airbnb doivent

prendre une patente si l’héberge-

ment proposé revêt un caractère

habituel

», confirme la Direction des

services fiscaux (DSF). À partir de

quelle fréquence, une location est-elle

considérée comme « habituelle » ? Des

interprétations différentes semblent

possibles. Idem concernant la taxe

de solidarité sur les services (TSS). Il

est obligatoire de la reverser «

si les

hébergements proposés sont entre-

pris dans un but hôtelier ou tou-

ristique, mais pas si l’usage qui en

est fait est destiné à l’habitation

»,

explique la DSF. Concernant l’impôt,

en revanche, les choses sont claires :

«

Les propriétaires, personnes phy-

siques, doivent déclarer les revenus

perçus à l’impôt sur le revenu dans

la catégorie des Bénéfices industriels

et commerciaux (BIC). En outre,

s’agissant de travailleurs indépen-

dants, les revenus BIC de ces per-

sonnes physiques sont soumis à la

Contribution calédonienne de soli-

darité (CCS)

», explique la

Direction des services fiscaux.

Y a-t-il des contrôles menés en

ce sens ? «

La DSF assume sa

mission de contrôle envers

tout contribuable qui exerce

des activités à caractère lu-

cratif

», répond l’institution.

Face à ce rappel des règles,

la Direction des affaires éco-

nomiques (DAE) estime donc

que le terme de concurrence

« déloyale », souvent appliqué

à l’économie collaborative,

n’est pas réellement approprié.

Il s’agit davantage «

d’un non-respect

des règles monétaires ou obligations

fiscales

».

« F

AIRE

BAISSER

SA

FACTURE

»

Outre la location saisonnière, le covoi-

turage peut lui aussi être considéré

comme de l’économie collaborative.

Deux mille cinq cents utilisateurs

fréquentent régulièrement le site

covoiturage.nc.

«

Le covoiturage n’est

pas une activité commerciale,

ex-

plique Guénolé Bouvet, le fondateur

du site Internet.

Les gens peuvent

faire payer leur trajet (et je les en-

courage à le faire d’ailleurs) mais

ils ne peuvent pas faire de profit. Il

s’agit donc de faire baisser ses frais

de voiture, mais pas plus. C’est donc

un peu différent de Airbnb.

» Les

demandes de participation pour les

trajets quotidiens vont de 100 francs à

250 francs, rarement au-delà. Franck

s’est inscrit sur le site afin de trou-

ver un conducteur pour déposer sa

fille Élyse au lycée Lapérouse tous les

matins. C’est finalement via un groupe

Facebook que le service a été trouvé.

«

Vu le nombre de voitures qui font

le chemin Koutio-Nouméa tous les

La concurrence créée

par l’économie collaborative

ne pose aucun souci, mais il

faut que les règles soient les

mêmes pour tout le monde

Frédéric Pratelli, vice-président

du Syndicat des commerçants.

© Blandine Guillet

Didier propose sa villa en location

sur les sites Airbnb, Tripadvisor

et Home away. Elle est louée les

trois quarts de l’année.