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« Les gens ne respectent pas
les règles »
Les gendarmes sont les gardiens de la route et les premiers observateurs de nos
erreurs. Surveiller la route et ses usagers est un travail conséquent qui passe désormais
par une importante prévention. C’est ce que nous explique le chef d’escadron
Guillaume Chanudet.
Pourquoi tant de morts sur nos routes ?
Il y a un problème d’inculture de la sécurité
routière chez les Calédoniens. En Métropole,
il a fallu environ trente ans pour que les
Français s’y fassent. Ici, les gens ne res-
pectent pas les règles. Alcool, vitesse…
le code de la route, c’est surtout pour les
autres... On assiste ainsi à des situations
irréelles, des comportements dangereux.
Alors oui, on développe la répression, c’est
un des leviers de la prévention.
Comment les automobilistes prennent
ces nombreux contrôles qui s’intensi-
fient aujourd’hui ?
Globalement, on s’aperçoit que les gens
sont demandeurs, il n’y a qu’à voir les
commentaires sur les réseaux sociaux.
Demandeurs, bien qu’eux-mêmes parfois ne
respectent également pas les règles. Mais
les gens acceptent cette répression car elle
est ciblée sur les infractions les plus graves,
génératrices d’accident : alcool, vitesse, et
le non-port de la ceinture qui est la circons-
tance la plus aggravante en cas d’accident.
Quels sont vos moyens ? Le niveau de
priorité ?
C’est une importante priorité opération-
nelle. Sur la Calédonie, nous sommes envi-
ron 750 gendarmes en permanence. Et une
bonne majorité participe aux opérations.
Sur Nouméa, nous avons la BMO (brigade
motorisée de Nouméa). Elle est composée
de neuf motocyclistes et est compétente sur
le Grand Nouméa. Une fois par mois, elle va
en Brousse renforcer les équipes locales.
Les projets pour sécuriser nos routes ?
Depuis longtemps des actions de préven-
tion, adaptées en fonction de l’âge, ont lieu
dans le milieu scolaire. Les enfants sont les
conducteurs de demain, donc on mise sur la
nouvelle génération. Nous sommes parfois
également sollicités dans le milieu profes-
sionnel, en entreprise, car beaucoup d’acci-
dents du travail se produisent sur la route…
C’est un public qui nous intéresse car il
roule beaucoup.
Au niveau du scolaire, ça se passe com-
ment exactement ?
En plus de ces modules de prévention, il
y a des niveaux à obtenir. Un élève de pri-
maire doit arriver en CM2 avec son Aper
(Attestation de première éducation à la
route). En 5
e
, il passe l’ASSR1 (Attestation
scolaire de sécurité routière). Puis, en 3
e
,
l’ASSR2, qui est nécessaire pour prétendre
au permis de conduire. Actuellement, en
accord avec le gouvernement, on travaille
sur un module scolaire pour les lycéens
pour continuer à marteler le risque rou-
tier. Nous nous sommes donc associés aux
Journées défense citoyenneté où nous inter-
venons avec des diaporamas, des vidéos…
Cela concerne environ 15 000 adolescents
par an.
Votre sentiment personnel en tant que
citoyen et usager ?
J’ai le sentiment qu’ici, les gens disent que
les règles sont importantes mais « pour les
autres ». J’entends parfois des choses dans
des conversations, assez délirantes, j’es-
saie de faire comprendre les graves consé-
quences possibles. Ce n’est pas normal
d’avoir des comportements déviants sans
aucun respect des autres. Une importante
politique de sensibilisation aux dangers de
l’alcool ne serait également pas de trop. En
Métropole, les gens s’organisent davantage
pour sortir le soir en sécurité. Ici, le « capi-
taine de soirée » n’est pas vraiment encore
entré dans les mœurs…
■
Guillaume Chanudet,
commandant adjoint sécurité routière à la gendarmerie.
des accidents mortels,
causés en 2015, se sont
produits les week-ends
et les jours fériés. 52 %
entre 20h30 et 6 heures
du matin.
Source : gendarmerie
des accidents sont à
imputer à une vitesse
excessive, à l’alcool et
aux stupéfiants. 72 %
sont dus au non-port
de la ceinture.
Source : gendarmerie
62%
75%
SÉCUR I TÉ ROUT I ÈRE
D O S S I E R
Propos recueillis par JR Pantaléon