

«
O
n ne se risque
pas à faire des
projections.
»
La directrice de
l’Isee, Véronique
Daudin, avait formulé fin septembre,
lors de la présentation des « comptes
économiques rapides » de la Nouvelle-
Calédonie, cette précaution. Analyser
et interpréter les chiffres disponibles,
oui, mais anticiper une tendance peut
s’avérer risqué dans une économie de
270 000 habitants où la survenue d’un
seul événement imprévisible peut avoir
des répercussions importantes sur les
statistiques finales.
Cer t a i ns s ’ y a t te l l ent dans une
perspective d’éclairage des stratégies
économiques. C’est le cas du cabinet
DME (Didacticiels et modélisation
économique), que le gouvernement
a sollicité dans le cadre du débat
d’orientation budgétaire pour la période
2017-2019. DME présente ce que son
économiste Olivier Sudrie avait dressé
dans l’édition d’octobre des
Nouvelles
de l’économie
*
, soit «
des scénarios de
croissance qui dépendent des gains de
productivité et de leur répartition
».
Partant d’hypothèses de gains de
productivité de 1, 2 et 3 % chaque
année d’ici à 2019 (qui sont de purs
postulats, une sorte de cas d’école) et
de trois scénarios de distribution de
ces gains (scénario 1 : captation par
les entreprises, scénario 2 : distribution
aux salariés, scénario 3 : distribution aux
clients pour renforcer la compétitivité),
DME e n t i r e d e s s i mu l a t i o n s
macroéconomiques.
Le scénario 1
conduit à la croissance
des profits et des taux de marge des
entreprises mais à une baisse de l’emploi
salarié et de la consommation des
ménages, ce qui amplifie la récession.
L e s c é n a r i o 2
e n g e n d r e u n
renchérissement du coût de production
et au final une baisse de l’emploi et une
croissance nulle.
Le scénario 3
privilégie la baisse des
prix, qui favorise la croissance du
pouvoir d’achat et l’augmentation de
la consommation totale des ménages,
ainsi que le gain de parts de marché
des entreprises sur les importations
substituables et à l’export. «
Ce scénario
permettrait à la Nouvelle-Calédonie
de renouer avec une croissance forte
et soutenable mais, surtout, avec
des moteurs désormais endogènes
»,
soutient la note de cadrage, qui avance,
selon ce scénario, une hausse du taux
de croissance de la valeur ajoutée hors
nickel de 1,7 % en 2017 à 3,4 % en 2019.
Un scénario qui impose «
un impératif
de productivité renforcée
», «
dans
un environnement international
qui pourrait être marqué par une
résurgence de l’inflation
» et alors
que «
les activités de substitution
d’importations demeurent encore
relativement limitées
».
*
Lire son interview en feuilletage numérique sur
www.lnc.nc(Mes nouvelles/ Magazines).
DÉ
CRYPTAGE
DÉ
CRYPTAGE
2017-2019 :
hypothèses et simulations
PRIX DU NICKEL
D’après une étude de la publication Metal Bulletin Research, les
analystes pressentent un cours du nickel entre 10 400 et 12 000
dollars US la tonne en 2017. «
Même avec une demande évoluant
dans la bonne direction, l'offre de nickel est abondante et est
susceptible de ralentir une reprise des prix
», résume un expert.
En 2016, le cours moyen de janvier à septembre s’est calé à près
de 9 200 dollars US la tonne.
T
ERTIARISATION
DE NOTRE
ÉCONOMIE
«
La bai s s e du poids du
nickel dans le PIB s’explique
globalement par une relative
diversification et tertiarisation
de l’économie calédonienne
depuis la crise au début des
années 1970. Aujourd’hui, la
part du secteur tertiaire est la
plus importante (…). De sorte
qu’en termes de répartition des
secteurs dans le PIB, l’économie
calédonienne ressemble aux
économies les plus développées.
Le commerce, l’administration,
l e s s e r v i c e s , l ’ é n e r g i e ,
représentent plus de 70 % du
PIB, tandis que les industries
du nickel contribuent à 10 %.
»
Samuel Gorohouna, maître
de conférences à l’UNC,
Les
Nouvelles calédoniennes
du 27/10.
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