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Jean-David Naudet est le nouveau directeur de l’agence calédonienne de l’Institut d’émission

d’outre-mer. Banque centrale, l’IEOM est aussi un observatoire économique. L’ancien directeur

de l’Agence française de développement à Madagascar pose ici un œil neuf sur la conjoncture

économique locale. Évocation des tendances pour 2016 et projections sur 2017, sans éluder le

contexte mondial.

Avant d’aborder les perspectives

économiques en Nouvelle-Calédonie,

pourriez-vous brosser à grands traits

la situation mondiale ?

Jean-David Naudet :

La perspective

mondiale, c’est un ralentissement général

de la croissance, une installation dans une

croissance faible durable pour les pays

développés, occidentaux – inférieure à

1 % au Japon, plutôt au-dessus de 2 % aux

Etats-Unis, entre les deux en Europe – et

un ralentissement des émergents mais qui

restent sur une croissance positive, en

particulier l’Inde qui ralentit moins que la

Chine par exemple.

Et on constate deux phénomènes

particuliers. Le premier est que, pour la

première fois depuis la Deuxième Guerre

mondiale, le commerce international

augmente moins vite que la croissance.

Pendant toutes ces années, 50 à 90, la

croissance du commerce mondial était de

plusieurs points au-dessus de la croissance

économique – c’est un des aspects de la

mondialisation. Depuis plusieurs années,

on est sur une tendance inverse, c’est-

à-dire que les échanges internationaux

croissent moins vite que le total des

productions. Les experts s’interrogent

sur ce phénomène, on parle d’un retour

du protectionnisme, même si, pour

l’instant, c’est plutôt dans les têtes que

dans les mesures. On perçoit quand même

un retournement assez spectaculaire,

que certains qualifient d’inversion de la

mondialisation.

Le deuxième phénomène est celui

des taux d’intérêt bas, même des taux

d’intérêt négatifs pour une bonne partie

du marché. Donc un argent très bon

marché, beaucoup de liquidités, plus de

liquidités que de projets d’investissement

dans l’ensemble. Ce qui met en péril le

modèle financier des banques, puisque

le travail des banques, c’est d’emprunter

de la ressource et de prêter à un taux

plus élevé. Elles manquent de produits

d’investissement, leurs réserves sont

rémunérées négativement… le modèle

financier des banques est donc appelé à se

Si on reste

autour de 1,5 %

de croissance,

on ne crée pas

assez d’emplois

pour intégrer

la croissance

démographique.

CRYPTAGE

CRYPTAGE

«

Du côté

des faits,

on ne voit

pas de signe

annonciateur

d’une chute

»

J

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AVID

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AUDET

DIRECTEUR DE

L

AGENCE CALÉDONIENNE

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