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Du côté des faits, on ne voit pas de signe
annonciateur de ce qui pourrait être une
chute. On ne le voit pas dans les salaires
par exemple, qui continuent semble-
t-il à augmenter de façon relativement
satisfaisante pour les salariés, on ne le voit
pas dans le comportement des ménages
vis-à-vis de l’épargne et de l’investissement
surtout, avec un crédit habitat qui connaît
une croissance rapide, on ne le voit pas
dans un certain nombre de secteurs,
comme celui de la santé par exemple, où
on est sur 10 ans à 8 - 9 % de croissance.
Donc, un certain nombre de données
montrent que l’économie continue à
tourner. Le secteur bancaire reste solide,
et on ne voit pas non plus de fragilisation
trop forte des acteurs : l’épargne des
ménages progresse un peu, rien ne montre
une fragilisation des entreprises très
importante, les taux de créances douteuses
des banques frémissent mais à des niveaux
bas. Donc, on n’a pas de signes concrets
d’un ralentissement très prononcé de
l’économie, même s’il y a ralentissement.
Après, il y a les inquiétudes. L’inquiétude
institutionnelle, l’inquiétude nickel, très
importante. En 2016, c’est d’abord la
SLN qui a acheté deux ans de trésorerie
en empruntant, maintenant c’est Vale,
il reste peut-être une inquiétude sur la
troisième usine
(3)
mais on a une visibilité
jusqu’à une éventuelle future amélioration.
Et puis il y a les tensions, qui participent
aussi des inquiétudes, notamment une
tension sur l’emploi, c’est la réalité.
On n’a pas de chiffres pour 2016 mais
si on prolonge les tendances, si on est
autour de 1,5 % de croissance, on ne
crée pas assez d’emplois pour intégrer la
croissance démographique
(4)
. La durabilité
du financement public peut être un autre
souci d’inquiétude, avec notamment
des prestations sociales qui augmentent
rapidement. Mais il n’y a pas d’économie
dans laquelle il n’y a pas des motifs
d’inquiétude.
On entend pourtant des discours
pessimistes, voire alarmistes.
Notre opinion est que ces discours
surestiment la réalité. Il faut voir d’où
vient la Nouvelle-Calédonie. Sur 30
ans, entre 1985 et 2015, on était à un
peu moins de 4 % de croissance en
moyenne, donc du point de vue d’un
acteur économique, 1,5 % de croissance,
c’est très mauvais, mais en fait, dans le
monde développé actuel, je ne dis pas
que c’est un bon score mais ce n’est
pas l’étranglement de l’économie. 2016
ne sera pas très différente de 2015,
mais on n’est pas dans la récession.
N’empêche qu’il y a des tensions, des
secteurs qui souffrent plus que d’autres,
comme le bâtiment et les travaux
publics, là aussi venant d’une période
exceptionnellement favorable, donc
tout est relatif. Deux investissements de
8 milliards d’euros dans une économie
de près de 260 000 habitants, ça vous
installe sur des standards qui ne sont pas
durables.
On fait de petites notes sur le solde
d’opinion des entrepreneurs (lire
p.13). Le bas du pessimisme était au
1
er
trimestre 2016, les 2
e
et 3
e
trimestres
marquent, même si on reste sur des
soldes globalement pessimistes, une
petite amélioration. Et je pense que
la nouvelle concernant Vale va mettre
un peu de visibilité et de confiance
supplémentaires. L’investissement des
entreprises n’est pas florissant mais il a
un rythme d’évolution positif.
(1)
Interview réalisée le 10 novembre 2016.
(2)
Publication du Cerom (Comptes rapides pour
l’Outre-Mer). Les comptes rapides reposent sur
unemodélisationmacroéconomique alimentée
par les derniers comptes définitifs publiés et
par les premières données disponibles pour
les années suivantes. La synthèse 2015 pour
la Nouvelle-Calédonie est disponible sur :
www.isee.nc/publications/etudes-cerom.(3)
Un prêt de 24 milliards XPF sera accordé par
l’État à Vale pour soutenir l’usine du Sud et une
défiscalisation « aménagée » devrait aider à la
reconstruction du four n° 2 de l’usine du Nord.
(4)
Lire sur
www.lnc.nc: « Que peut la croissance
face à la montée du chômage ? » (17/10/16).
DÉ
CRYPTAGE
DÉ
CRYPTAGE
Le climat des affaires confirme au 3
e
trimestre le rebond amorcé au 2
e
,
mais témoigne toujours d’une appréciation défavorable de la conjoncture.