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partie à la province Sud, selon une
marquèterie de lots où s’imbriquent
aussi ville de Nouméa et privés,
l’espace maritime relevant du Port
autonome. Baux précaires, absence
parfois de réseau électrique, gestion
aléatoire voire inexistante des
déchets… le tableau n’est pas très
flatteur.
«
Une zone industrielle sinistrée,
loin de tout et qui sert de dépotoir
pour tout
», résume Eric Potut,
gérant de Scaphca Marine Services.
Comment justifier par exemple que,
sur cette zone maritime – sur un
emplacement en bordure de baie
qui jouxte l’ancienne léproserie
et fait plus d’un envieux parmi les
entrepreneurs en attente d’un accès
à la mer – soient stockés et traités les
déchets médicaux ?
«
M
ETTRE
EN
AVANT
UN
SAVOIR
-
FAIRE
»
«
Numbo est à l’image de l’attention
que la Nouvelle-Calédonie a portée
au sec t eur mar i t ime jusqu’ à
aujourd’hui
», illustre Lluís Bernabé,
président du cluster maritime, qui
milite avec les 72 membres de cette
entité créée en août 2014 pour
rendre visible un secteur d’activité
encore peu considéré à l’échelle du
territoire (lire l’encadré p.22).
Loin de se satisfaire des habitudes
ou d’une vision fataliste, un noyau
d’acteurs économiques de Numbo
a créé, au sein du cluster maritime,
un groupe de travail : « Synergie
Numbo ». Piloté par Alain Giraud,
responsable hygiène, sécurité et
env i r onnemen t ma r i t ime che z
Cotransmine (groupe SMSP), son
but n’est pas de dénoncer une
situation qui n’a pourtant que trop
duré. Plutôt de «
mettre en avant
un savoir-faire sur cette rade, dans
le domaine de la construction-
réparation navale
», présente
l’ancien plongeur professionnel.
Le s en j eux son t nomb r eux e t
pas irréalistes. Le tout premier,
DOS
SIER
DOS
SIER
M
AGAT
,
DE
PÈRE
EN
FILS
Jean-Louis Magat est charpentier de
marine. Il a commencé à 14 ans au côté de
son père, sur ce même terrain qu’il a fallu
déblayer «
après les Américains
». «
Il y
a plus de cinquante ans, personne ne
voulait venir ici. Il n’y avait pas d’eau,
pas de courant, on a commencé avec
un groupe électrogène
», se souvient-il.
Il est aujourd’hui «
un des derniers
» à
construire des bateaux en bois, même s’il
travaille aussi la fibre de verre depuis plus
de trente ans. Médéric, 22 ans, apprend
lui aussi le métier avec son père, «
sur le
tas
». Leurs clients sont des pêcheurs ou
des plaisanciers amateurs de belle ouvrage.
Sous le dock et autour, de petits bateaux
à réparer. «
C’est calme en ce moment
»,
dit Jean-Louis. Et difficile de faire des
plans sur l’avenir : après un premier bail de
19 ans, la province n’a plus accordé qu’un
«
bail précaire et révocable, reconduit
d’année en année
».
N
AUTICALU
,
LA RELÈVE VOIT GRAND
Sandrine et Pierre Thomas ont racheté
l’entreprise Nauticalu en décembre
2015. Pierre construisait des voiliers
alu à Rochefort, dans les pas de son
père. Le couple a trouvé en Calédonie
l’opportunité qu’il cherchait. Nauticalu
est spécialisée dans le sur-mesure alu,
bateaux, pontons, mâts… et recrute en
ce moment des chaudronniers. Le hic :
pas d’accès à la mer et un dock qui ne
permet pas de construire des bateaux
de 12 m comme ils le projettent. La
gérante espère donc que la liste d’attente
sur laquelle ils figurent, avec «
une
commission d’attribution des terrains
tous les six mois seulement
», ne les
freinera pas trop.
Un des nombreux
chaudronniers-soudeurs
à œuvrer à Numbo.