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AGRI

CULTURE

AGRI

CULTURE

-

40

-

S’aligner sur l’UE

Une commission végétale élargie

s’est réunie à la Chambre d’agri-

culture en août et a, entre autres

questions, abordé celle des se-

mences «

IT

». En substance, la

Nouvelle-Calédonie n’ayant pas

le niveau d’expertise suffisant,

contrairement à l’Union euro-

péenne, la commission est favo-

rable à un alignement sur la légis-

lation européenne, comme pour les

produits phytosanitaires.

La loi des semenciers

Beaucoup de maladies du maïs

sont absentes en Calédonie. Il y a

donc ici des exigences lourdes à

l’import en termes de biosécurité,

mais aussi peu de volumes compte

tenu de la taille du marché. Diffi-

cile donc de dicter nos exigences

aux semenciers australiens ou néo-

zélandais. Les normes sanitaires

remplies, les semenciers posent

leurs conditions. IT ou pas, selon

la disponibilité.

Fabriquer nos propres

semences ?

À la Chambre d’agriculture, Clé-

ment Gandet, directeur tech-

nique, explique : «

L’Adecal tra-

vaille sur les semences. Des

essais sont faits, en quantités

réduites, sur le riz et le soja. À

grande échelle, il faut des instal-

lations, des laboratoires, ce sont

des investissements très lourds.

Puis ça nécessite des silos spé-

cifiques pour chaque semence,

et des champs semenciers avec

des protocoles très stricts. Il y a

beaucoup de contraintes. Vu

le coût que ça représente, cela

relève d’une décision politique.

La question qui se pose est : a-t-

on les moyens en Nouvelle-Calé-

donie de faire autrement que le

reste du monde ?

»

REPÈRES

Gérard Pasco, président de la

Chambre d’agriculture

comme ça ! La PAC 606, c’est une variété

qu’on travaille depuis longtemps et on

veut la conserver. Alors, non seulement on

allait retarder les plantations de trois mois

en attendant la commande de nouvelles

graines, mais en plus on aurait planté

une variété qu’on ne connaissait pas ! Je

fais donc partie de ceux qui ont refusé

l’échange. Il n’y avait aucune raison de

nous demander d’échanger une semence

autorisée, hormis pour rassurer certains

fonctionnaires. Ça, ce n’est pas notre

problème. Les services administratifs sont

quand même capables de se défendre, ils

ont des ingénieurs, des techniciens qui

peuvent répondre à toutes les attaques.

Mais non, on nous demandait de faire ce

sacrifice-là. J’ai répondu fermement non.

Et là, quelque chose de bizarre s’est passé,

les Stop OGM ont soi-disant appris dans

un rapport au Sénat que des semences

IT étaient entrées sur le territoire. Mais

quand on prend le rapport du Sénat, qu’est-

ce qu’on lit ? M. Mademba-Sy, conseiller

agriculture au gouvernement, dit que ce

n’est pas tant l’IT qui pose problèmemais le

fait qu’il soit livré avec un herbicide qui peut

développer des résistances, etc. Mais l’IT,

ce n’est pas un kit. La preuve, c’est qu’on a

reçu les ITmais l’herbicide, on ne l’a pas. En

fait, le seul herbicide qui a été commandé,

c’est pour faire un essai à Pouembout, et

c’est l’Adecal, un organisme public, qui l’a

commandé.

Le vice, c’est de faire l’amalgame entre la

transgenèse, qui est le vrai OGM et qui

est interdit, et la mutagenèse, où on ne

transforme pas la plante, on développe une

qualité. Et les responsables politiques aussi

ont fait l’amalgame puisqu’ils ont déclaré

que c’était des OGM déguisés. C’est grave.

L

E GOUVERNEMENT A EMBOÎTÉ LE PAS À

S

TOP

OGM

ET

ANNONCÉ

DES

CONSULTATIONS

VISANT À ÉLARGIR

L

INTERDICTION DES

OGM

AUX PRODUITS

ISSUS DE LA MUTAGENÈSE

. A

VEZ

-

VOUS

PAR AILLEURS REÇU

SON

SOUTIEN

?

Rien, rien, rien, aussi bien gouvernement

que province. On s’est retrouvés tout

seuls. Ça fait mal. Et l’interdiction totale

annoncée, c’est une aberration. Le

gouvernement a annoncé qu’il allait aligner

sa politique phytosanitaire sur la France,

sur l’Europe. Et puis les IT, on veut les

interdire ? Mais en vertu de quoi ? Si ça se

passe, nous déposerons un recours.

C

ERTAINS

RÉCLAMENT

LE

DÉVELOPPEMENT

D

UNE

FILIÈRE

LOCALE

DE

PRODUCTION

DE

SEMENCES

,

QUI

NOUS METTRAIT

À

L

ABRI

DE

GRAINES CONTESTÉES

. Q

U

EN

PENSEZ

-

VOUS

?

C’est aberrant. Les semenciers, ils font ça

à grande échelle, si on faisait les semences

de maïs, les hybrides, pour 40 tonnes, mais

ça coûterait combien le kilo de semences ?

On n’a pas les organisations, le personnel,

les semences de base…Techniquement et

économiquement, c’est impensable.

C

OMBIEN

LA

FILIÈRE

VA

-

T

-

ELLE

PRODUIRE

CETTE ANNÉE

?

On devrait dépasser les 7 000 tonnes.

C’est la seule filière du monde rural en

augmentation. On parle d’autosuffisance

alimentaire, et c’est celle qu’on veut démolir !

Moi je fais ça parce que c’est ma passion.

À mon âge – j’ai 77 ans – je pourrais

arrêter. Mais je ne le fais pas parce que j’ai

mes petits-enfants qui suivent derrière.

L’agriculture, c’est pas facile. On veut être

respectés.

*

ORS :

Organisme de récolte et de stockage, qui

gère les silos où le maïs est stocké puis vendu

aux provendiers (alimentation animale).

«

Qu’est-ce qu’on fait ? On

va dire on arrête le maïs ?

Aujourd’hui qu’on parle

d’autosuffisance alimentaire,

je trouve que sur la partie cé-

réales, les gens se sont mobili-

sés. On est à 7 000 et quelques

tonnes de maïs, et il en faut

10 000 pour la consommation

locale, pour nourrir les ani-

maux, les cochons, les poules,

etc., donc pour cette filière au

moins, on n’est pas très loin

du but. Et il faudrait penser

aux autres céréales. Est-ce

qu’on contrôle ce blé, ce sor-

gho, ce soja qu’on fait venir ?

On fait un métier noble, c’est

dur, et plus on va mettre la

pression sur les agriculteurs,

plus on va décourager les

jeunes qu’on veut réinstaller.

Et on en a besoin… Je trouve

qu’il y a de beaux produits,

des gens qui sont responsables

et respectueux de l’environne-

ment.

»