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L

a formation professionnelle

est un domaine peu exploité

qui représente pourtant un

enjeu crucial pour la montée

en compétences des salariés

calédoniens du secteur privé

*

. C’est le Code

du travail qui l’encadre juridiquement. Or le

droit à la formation en Nouvelle-Calédonie,

calqué sur le droit métropolitain, n’a pas

évolué depuis les années 1980, rappelle

Philippe Martin, directeur de la formation

professionnelle continue au gouvernement,

alors que beaucoup de réformes sont

intervenues en France. Le Code du travail

calédonien est donc en chantier. Une

réforme qui devrait aboutir d’ici la fin de

l’année.

Que dit le Code du travail actuel ? Le salarié

a potentiellement droit à la formation. Mais

seules les entreprises de plus de 10 salariés

sont concernées. Depuis 1985, le principe

est que 0,7 % de la masse salariale soit

consacré à la formation des salariés. Pour

un salarié au SMG, par exemple, cela

représente 12 845 F de dépense annuelle.

«

Ce n’est pas grand-chose, quand on

sait que le coût moyen d’une formation

est de 15 000 francs l’heure

», illustre

Dominique Faudet-Bauvais, directrice

adjointe à la DFPC en charge du service

contrôle et audit. Et les dépenses de

formation concernent à la fois le coût de la

formation, mais aussi les salaires pendant

la formation et les déplacements. Il est à

noter que si l’entreprise ne dépense pas en

formation ce 0,7 %, elle a obligation de le

reverser au Trésor public.

27 %

DES SALARIÉS FORMÉS

SUR UNE

JOURNÉE

Comment cela se traduit-il dans les faits ?

Seuls 31 % des employeurs de plus de 10

salariés (environ 1 000 entreprises ont plus

de 10 salariés) répondent à l’obligation

légale minimale ; 28 % sont en dessous du

seuil de 0,7 %, et 41 % n’ont aucun plan

de formation. Ainsi, sur 44 000 salariés qui

auraient pu bénéficier de formations, seuls

27 % en ont reçu une. En moyenne, cette

formation a duré une journée.

Si les entreprises de plus de 100 salariés

dépensent plus que le 0,7 %, et jusqu’à

5 %, «

les petites entreprises ont des

contraintes tellement fortes qu’il leur est

difficilement possible de mettre en place

des formations

», souligne PhilippeMartin.

S'ajoute à cela le manque de formation

adaptée. Dans ce contexte, la mise en

place du FIAF (Fonds interprofessionnel

d’assurance formation), attendu au 1

er

janvier 2017, va ouvrir des perspectives.

Les 6 000 entreprises employantes vont y

verser 0,2 % de leur masse salariale (qui

s’ajoutera au 0,7 % déjà versé par 1 000

d’entre elles), soit «

350 à 400 millions

de francs

»

,

estime Xavier Benoît,

président du FIAF

,

qui pense que,

«

cet

outil va révolutionner la formation

professionnelle

». «

L’idée est de créer

un environnement réglementaire

qui facilite. On confie aux entreprises

cette mission d’intérêt général et on se

donne trois ans pour voir comment ça

fonctionne

», indique Philippe Martin.

Les TPE et PME ont tout à y gagner. Faire

monter en compétences leurs salariés, c’est

gagner en productivité et en compétitivité.

Un sujet d’actualité.

*

Les fonctionnaires relèvent de l’Institut de

formation à l’administration publique (IFAP).

LA FORMATION PROFESSIONNELLE

en pleine réforme

SOC

IAL

SOC

IAL

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-

Le 5 octobre, un séminaire doit

valider la stratégie de formation.

L’offre doit être opérationnelle au 1

er

trimestre 2017. 4 ou 5 permanents

seront recrutés pour l’ingénierie

de formation au plus près des

entreprises : collecte des besoins

et mise en œuvre des moyens pour

y répondre.

Après examen du texte au Congrès

(octobre), une convention sera

passée avec la Cafat, chargée de

la collecte à partir du 1

er

trimestre

2017 (soit un paiement à la fin du

4

e

mois pour les entreprises). Le

FIAF a donc demandé une avance

de trésorerie (80 millions) pour

démarrer.

L’expérimentation sera menée

jusqu’au 31 décembre 2019.

Le point sur le FIAF

Formation et emploi sont au cœur du développement de la Calédonie. Les deux se rejoignent

quand le salarié peut bénéficier de mises à niveau professionnelles. Au profit de tous. Un grand

chantier en cours.

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