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Roger Galliot est agriculteur et éleveur à Boulouparis. Il est

surtout le plus gros producteur de maïs de Calédonie. Il réagit

à l’affaire des semences dites « IT », issues de la mutagenèse, un

procédé non concerné par l’interdiction faite aux OGM.

AGRI

CULTURE

AGRI

CULTURE

V

OUS

AVEZ

RÉCEMMENT

CRÉÉ

UN

COLLECTIF

RASSEMBLANT TOUS LES PRODUCTEURS DE MAÏS

DE

C

ALÉDONIE

. P

OURQUOI

?

Roger Galliot :

C’est un collectif qui

rassemble tous les ORS* du territoire, les

60 agriculteurs des quatre gros centres de

production de céréales que sont Gomen,

Pouembout, Bourail et Boulouparis. J’ai

créé ce collectif pour deux raisons. Une

raison économique d’abord, face à la

volonté de baisser le prix dumaïs de 20%et

d’augmenter le prix des engrais. Augmenter

les charges et diminuer les recettes, dans la

filière ça ne passera pas. C’est une première

chose qui inquiète vraiment les exploitants.

Le deuxième point, c’est cette fameuse

histoire de semences IT [lire l’encadré].

Ça nous tombe sur le dos alors qu’on n’a

rien à voir avec ça. Ce qui est écœurant,

c’est la campagne de dénigrement de notre

agriculture. Nous, professionnels, on n’a

rien à se reprocher, on peut marcher la tête

haute. Les accusateurs [Stop OGM, NDLR],

tout lemonde les reçoit à bras ouverts, mais

les accusés, c’est " taisez-vous " ! Nous, on

ne va pas au-devant des médias, on reste

à notre travail. Et on s’est fait accuser de

tous les maux, et même menacer de brûler

les cultures, des appels à mettre le feu ! [À

travers des commentaires sur les réseaux

sociaux dont il produit les captures d’écran,

NDLR]

D

ES

AMALGAMES

SONT

FAITS

AVEC

LES

OGM…

On nous accuse d’être des empoisonneurs,

qu’on va bousculer toute la nature… mais

c’est absolument faux ! Ce que je vais

dire, je suis prêt à en répondre face à une

assemblée, avec les Stop OGM en face de

moi. Ils ne tiendront pas la route.

Ça fait plusieurs années que nous

travaillons avec la variété de maïs PAC 606.

On a essayé beaucoup de variétés, pour les

périodes chaudes, les périodes froides,

dans les terres légères, les terres lourdes,

et il s’avère que cette variété nous donne

vraiment satisfaction. L’année dernière,

à l’ORS de Boulouparis, j’ai groupé tous

nos agriculteurs et passé la commande

directement en Australie, ce qui nous a

permis de faire une économie substantielle

sur le prix des graines. Or l’an dernier, nos

fabricants n’avaient que du 606 IT. C’est

une variété qui est résistante à un herbicide

sélectif, et cet herbicide n’est même pas

homologué ici. On n’a pas commandé d’IT,

ça ne nous sert à rien, mais ils n’avaient

que ça.

Et les IT sont plantés en Europe, en

Australie, en Nouvelle-Zélande, partout.

Cette année en France, 370 000 hectares

de tournesol ont été plantés, 57 % sont en

IT, 200 000 hectares.

L

A PROVINCE

S

UD A PROPOSÉ D

ÉCHANGER LES

SEMENCES

IT,

ENTRÉES

POURTANT

EN

TOUTE

LÉGALITÉ

,

CONTRE

D

AUTRES

SEMENCES

.

Q

U

AVEZ

-

VOUS FAIT

?

Je vais vous dire exactement ce qui s’est

passé. Après la COP21 [sommet du climat

à Paris, NDLR], il y a eu une grande réunion

d’écolos à Bourail [Oceania 22, sommet

océanien du développement durable,

NDLR]. Il ne fallait pas faire de vague

à ce moment-là. Certains responsables

politiques ou administratifs ont eu peur

et nous ont demandé de rendre nos

semences IT contre d’autres semences. On

commençait à planter, on ne pouvait pas

retarder nos plantations car cette variété

de maïs vient le mieux en période fraîche,

et puis on ne change pas de variété de maïs

R

OGER

G

ALLIOT

,

PRÉSIDENT

DE

L

’O

RS

*

DE

B

OULOUPARIS

Le 25 juillet dernier, Stop OGM

jetait un pavé dans la mare :

«

Du maïs OGM cultivé en

Calédonie

». En fait d’OGM,

il s’agit de semences issues de

la mutagenèse, une technique

recourant non pas au transfert

d’un gène d’une espèce dans

une autre espèce (transgenèse),

mais à la mutation accélérée d’un

gène de la plante elle-même,

procédé qui n’est pas interdit par

la réglementation européenne

ni, par voie de conséquence, en

Nouvelle-Calédonie. Selon le Dr

Graham Scoles, du département

des Sciences végétales de l’Uni-

versité de Saskatchewan (Ca-

nada), «

établir une liste des

variétés de plantes améliorées

par mutagenèse reviendrait,

à quelques exceptions près, à

établir une liste de toutes les

variétés de plantes cultivées

dans le monde.

»

Vous avez dit " IT " ?

L’interdiction

totale annoncée,

c’est une

aberration

«

On dénigre

notre agriculture

»

© CANC