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DOS
SIER
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SIER
Si la Nouvelle-Calédonie est
« l’île la
plus proche du paradis »
, la terre où
Frédéric Chatelain a installé ses ruches, au
Mont-Mou, en est un coin béni. Avec ses
pentes boisées à perte de vue, la propriété
familiale n’attendait que ce projet pour
prendre tout son sens. Difficile de croire
que cette zone est inscrite comme zone à
urbaniser…C’est pourtant ce qui empêche
pour le moment Frédéric d’y construire sa
ferme apicole et aquaponique. Qu’importe !
Aussi patient et travailleur que ses abeilles,
il s’apprête à partir au Japon pour une
première mission d’exportation de son
précieuxmiel artisanal. Il sait qu’il trouvera à
Tokyo, au grandmarché agricole bimensuel,
des amateurs de miel 100 % naturel,
devenu un luxe quand de nombreux miels
sont coupés ou de synthèse. Lui proposera
son nectar au «
juste prix
», 1 000 yens
(équivalant au franc CFP) le pot de
250 g. Il a prévu d’en acheminer 200 kg,
ainsi que 500 savons, confectionnés par
Jordan Lilloux, qu’il a pris sous son aile. Un
laboratoire allemand a pratiqué les analyses
exigées par les autorités phytosanitaires
nippones, un sésame qui assure de la
qualité du miel estampillé La Forêt de
Mou. Soutenu par Initiative NC, il bénéficie
de l’accompagnement logistique d’Avenir
Export.
C’est la pratique du kendo qui l’a rapproché
du Japon, où il se rend régulièrement. Pour
cet homme de 36 ans, formé au business
international à Hawaï puis à l’hôtellerie
en Suisse, le projet est comme une suite
logique, le retour à la nature en plus.
C’est tout un écosystème naturel que
Frédéric veut promouvoir, «
c’est ça la
vraie identité calédonienne, être au
centre de la nature et la partager
». En
plus de ses fidèles clients du Caillou, le
Japon, c’est «
la fleur sur le gâteau
». Il
comptera 35 ruches d’ici la fin de l’année
et vise les 50 en mai 2017 pour monter
en production. L’installation de sa ferme
n’est qu’une question de temps, pense-
t-il. Un projet bio et autosuffisant, peut-
être moins rentable à court terme que
des lotissements, mais qui capitalise sur la
nature, les hommes… et les abeilles.
C A T É G O R I E E X P O R T
Voung Vui Mu, dit Kevin, 45 ans,
exerce dans la rénovation, tout corps
d’état.
Il a fait bien des chantiers avec son
entreprise individuelle MVK Trav’hauts, et
une préoccupation l’a toujours poursuivi,
celle des outils électroportatifs. Perceuses,
ponceuses, visseuses… la batterie, c’est
le nerf de la guerre. Il a constaté que
les outils d’ancienne génération sont
souvent mis au rebut par épuisement des
accumulateurs au nickel cadmium, moins
performants que les nouvelles formules
au lithium. Résultat : des machines sont
abandonnées alors que seule la batterie
est défaillante. Curieux et touche-à-tout,
attaché à ses vieux outils, comme nombre
de professionnels et de bricoleurs, Voung
Vui a réfléchi à un système qui permettrait
non seulement de prolonger leur vie mais
aussi de s’adapter à toutes les formes de
«
semelles », à plot ou à glissière. C’est
ainsi qu’il a imaginé un «
sabot universel
pour batterie
». Il met d’abord au point
«
un premier prototype très artisanal
»
puis s’adresse à 3D System, à Païta, pour
une impression 3D de sa trouvaille.
On est fin 2013. Plusieurs prototypes
suivent jusqu’à ce qu’une démarche de
dépôt de brevet soit entreprise auprès
de l’INPI pour protéger son invention. La
démarche est longue et coûteuse (près
de 800 000 francs sur fonds propres)
mais indispensable et elle aboutit le 30
novembre 2015.
Deux mois plus tôt, MVK a intégré
l’incubateur d’entreprises innovantes de
l’Adecal (lire en p.62), où elle est depuis
accompagnée. Voung Vui travaille – entre
deux chantiers – au développement
de son produit, un kit comprenant
chargeur, batterie au lithium et interface
adaptable sur tous types et marques
d’outils. La tendance à la consommation
écoresponsable et au réemploi fera le
reste, espère-t-il. Le marché, lui, est
potentiellement mondial.
L’or de La Forêt
de Mou à Tokyo
MVK prolonge la vie des outils