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DOS
SIER
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SIER
Les crevettes murmurent à l’oreille
des hommes.
Elles le font depuis que
l’entreprise australienne AQ1 a eu l’idée
de placer des micros dans leurs bassins.
«
On écoute la fréquence de claquement
des mandibules pour savoir si elles
mangent ou si elles sont repues
»,
explique Régis Bador, 57 ans, qui a
fondé la société Innov’Aquaculture en
2012 pour adapter ce système à l’espèce
et au mode d’élevage calédoniens. Alors
qu’en Australie comme en Asie, les
bassins ne dépassent pas un hectare, les
fameuses crevettes bleues calédoniennes
s’ébattent sur dix hectares en moyenne,
dans des conditions «
proches de la
nature
», insiste le spécialiste. Mais
contrairement aux autres éleveurs,
«
les crevetticulteurs ont beaucoup
de mal à trouver le bon niveau
d’alimentation
», poursuit l’ancien
directeur de la ferme Sodacal à Moindou,
qui fut aussi chercheur à l’Ifremer de
Tahiti. D’où le grand intérêt d’un système
à l’écoute 24h/24 de l’appétit du petit
crustacé, régi par des facteurs très
complexes. Le nouvel outil, qui évite
gaspillage – quand les granulés entrent
pour moitié dans le prix de la crevette
– et sous-nutrition, est l’«
invention la
plus spectaculaire
» qu’ait connue le
métier, affirme Régis Bador.
Dix fermes calédoniennes sur 18
sont aujourd’hui équipées de cette
technologie qui permet d’obtenir des
crevettes plus grosses en gagnant
«
deux à trois semaines
», et ce
de manière entièrement naturelle.
Innov’Aquaculture s’intéresse aussi à la
distribution automatique des granulés,
pour éviter les ruptures, et a signé un
partenariat avec une société canadienne.
Un prototype vient d’être installé dans
une ferme de La Foa. «
Mon rôle est
d’être “in between” les utilisateurs
et les inventeurs
», précise celui qui
parcourt le monde à la recherche des
plus belles trouvailles, comme cette appli
capable de déclencher l’oxygénation des
bassins et permettant une baisse des
coûts électriques de 50 %. L’Amérique
latine, où les conditions d’élevage sont
très proches de celles du Caillou, est
un vaste marché très prometteur, où la
petite entreprise perce déjà avec succès.
C A T É G O R I E N U M É R I Q U E
Une application pour connaître les
horaires et la hauteur des marées,
la météo,
la force du vent et de la houle,
le tout sans connexion Internet. C’est la
nouvelle réalisation de Stephan Berger,
30 ans, fils de Bernard, qui lui avait inspiré
sa première création : un jeu vidéo tiré
de la
Brousse en folie
. Le développeur
numérique autodidacte a créé son
entreprise individuelle Coco Geek en avril
2014. Horaires de ciné ou points de tri
sélectif, il commence par des applis simples
et gratuites, pour «
faciliter le quotidien
des Calédoniens
». Marées-NC a été lancée
dans cette veine. Sortie il y a un an sur
Google Play et l’Apple Store, l’application
gratuite – financée par la publicité – avait
été téléchargée fin août 7 500 fois, avec en
moyenne 50 nouveaux téléchargements
par jour, assure son créateur. Il prépare
maintenant l’intégration d’une carte qui
permettra de connaître sa position exacte,
toujours hors connexion. «
On pourra par
exemple recevoir une notification si l’on
se trouve dans une réserve marine
»,
détaille Stephan Berger, qui pense aux
pêcheurs distraits... Et il travaille sur
un bouton d’urgence qui, d’une simple
pression, enverrait un signal de détresse
au PC secours en mer avec la localisation
exacte des marins en danger.
Le patenté a investi plus d’un million de
francs sur fonds propres pour la création
de cette appli, et il a reçu le soutien
du service Pêche de la province Nord
(350 000 francs), qui lui a permis d’ajouter
quotas, réglementation ou consignes de
sécurité. Il est maintenant en contact avec
la province Sud et la Protection du lagon
pour ses développements en cours. Et ne
manque pas d’idées pour d’autres applis
ultrasimples et pratiques.
Coco Geek et l’appli des marées
Innov’
Aquaculture
à l’écoute
des crevettes
Régis Bador au Mexique, où il a implanté ses distributeurs intelligents.