Au chevet
DES ORANGERS
Début mars, la population de papillons piqueurs explosait,
faisant des ravages dans les vergers d’agrumes. Trois mois plus
tard, l’épisode commence à prendre fin grâce à l’arrivée du froid.
Visite chez les producteurs impactés, à La Foa.
REPORT
AGE
REPORT
AGE
Texte et photos
| Blandine Guillet
E
lle parcourt les vergers de
Boulouparis à Poya en pas-
sant par Canala. Lucienne
Nemébreux est l’une des
trois techniciennes du
Groupement de défense sanitaire végé-
tal (GDSV). Sa mission ? L’épidémiosur-
veillance, autrement dit : surveiller l’évo-
lution des maladies et des ravageurs,
et leur impact sur les cultures. Depuis
le mois de mars, le papillon piqueur
est au cœur de ses tournées. La pullu-
lation de l’animal a causé de lourdes
pertes chez les pro-
ducteurs d’oranges.
«
Aujourd’hui, je
vais commencer ma
tournée chez Phi-
lippe Médiara, à la
tribu de Oui Poin.
C’est un petit pro-
ducteur qui a eu
de lourdes pertes
»,
explique-t-elle,
en
sortant du village de
La Foa.
Avec la sécheresse qui a touché le
pays cette année, les parasitoïdes et les
prédateurs du papillon piqueur ont été
très affaiblis. Conséquence : la popu-
lation de papillons piqueurs a explosé
début mars. Ils sont venus se nourrir des
oranges dans les vergers, principalement
des Navel, les premières oranges de la
saison.
70 %
DE
PERTE
«
Regardez, toutes les oranges sont
à terre, il n’y a plus rien dans les
arbres,
montre Philippe Médiara.
Il y
a un mois, j’avais encore des fruits,
mais là, il n’y a plus que des feuilles.
J’ai planté ce verger il y a vingt et un
ans, je n’ai jamais vu
ça », raconte le
producteur en désignant ses 700 pieds
d’orangers privés de fruits. Cette année,
il avait prévu de récolter sept tonnes
de fruits. Il n’a eu le temps d’en ramas-
ser que 3,2 tonnes avant que le papillon
piqueur ne lui vole le reste. «
Comme
son exploitation est située dans la val-
lée, le papillon piqueur est arrivé plus
tard car il y fait plus
frais, donc Philippe
a quand même eu
le temps de com-
mercialiser
une
partie de sa pro-
duction,
explique
Lucienne.
Mais si
l’on compte ses 350
pieds de mandari-
niers Ponkan, il a
perdu environ 70 %
de sa production
»,
constate-t-elle. Le producteur vend
ses oranges au marché de La Foa, il les
distribue également lui-même dans des
magasins de Boulouparis, Tontouta et
Normandie.
« D
U GASPILLAGE
»
En inspectant l’exploitation, il suffit d’un
frôlement d’épaule pour faire tomber les
derniers fruits, à bout de force. «
Regar-
dez, le papillon pique l’orange, vous
voyez le trou là ?
montre Philippe.
L’orange va pourrir petit à petit à
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“
J’ai planté ce
verger il y a vingt
et un ans, je n’ai
jamais vu ça
”
Philippe Médiara,
producteur à la tribu de
Oui Poin.