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altèrent les ressources d’eau souterraine
et de surface et contribuent par ailleurs
largement à la pollution des zones
côtières. Nous sommes donc parvenus à
obtenir une enveloppe pour l’agriculture
et notamment pour le développement
de l’agriculture biologique, reconnue
comme mo i ns impac t an t e pour
l’environnement.
On s’est aussi rendu compte que
nous n’avions pas de références
techniques ni économiques sur la
culture biologique au sein des PTOM.
D’où la mise en place d’un réseau de
fermes pilotes biologiques, sorte de lieu
d’expérimentation, de démonstration
et d’échange (lire en encadré) qui nous
permettra de produire des données sur
ces territoires et de les comparer.
Comment le concept de réseau
de fermes pilotes a-t-il été mis en
œuvre ?
François Japiot :
Notre objectif est de
façonner un modèle de développement
territorial et régional durable autour de
l’agriculture biologique. L’activité de
démonstration et d’échange des fermes
pilotes va dans un premier temps nous
permettre de produire des références
techniques dont nous manquons
aujourd’hui, pour solliciter les pouvoirs
pub l i cs dans l ’ accompagnement
des territoires qui optent pour un
développement local et durable. Le
système agroalimentaire actuel est
en transition, tant sur le plan social
qu’économique et environnemental.
À travers ce réseau, nous souhaitons
sensibiliser aux concepts de pratique
agricole durable et renforcer l’accès
de nos agriculteurs aux ressources
productives et aux marchés. Pour
ce faire, trois orientations majeures
définissent nos travaux : l’étude de
la fertilité des sols, la lutte contre
les maladies et ravageurs et la mise à
disposition de semences et de plants
biologiques adaptés au milieu tropical.
La finalité du programme étant
d’organiser des temps d’échange entre
agriculteurs et techniciens, afin de
partager les connaissances et les savoir-
faire avec l’ensemble des acteurs du
réseau. L’effet pédagogique, notamment
auprès des lycées agricoles partenaires,
est important car nous pensons que
c’est à travers cette génération et les
suivantes que nous pourrons améliorer
nos pratiques agricoles.
Quels sont actuellement les freins
au développement de l’agriculture
biologique dans nos territoires ?
Clément Gandet :
En premier lieu,
ce qui ralentit son développement en
Océanie est l’imbrication de l’agriculture
marchande et de l’agriculture vivrière.
Par ailleurs, de nombreux producteurs
bio ont du mal à écouler leur production
car ils ne sont pas assez intégrés dans la
chaîne de distribution agroalimentaire.
C ’ e s t l e c a s pa r exemp l e d ’ un
producteur d’ananas bio à Houaïlou qui,
faute de moyens de distribution, a vu sa
production de l’année dernière nourrir
ses cochons. Enfin, la société dans son
ensemble a peut-être encore tendance à
sous-évaluer le potentiel de l’agriculture
locale en matière de production et sa
contribution à la durabilité économique,
env i ronnement a l e e t soc i a l e de
nos territoires. La création d’un
observatoire rassemblant des données
sur cette contribution nous permettra
d’assister les acteurs locaux dans la
Le bio, unmarché à prendre
La labellisation bio pourrait bien
avoir pour effet d’accroître les
parts de marché des produc-
teurs océaniens. Cette stratégie
de la qualité est d’autant plus
cruciale qu’elle est requise pour
atteindre certaines enseignes de
distribution. «
À titre d’exemple,
le groupe chocolatier Cémoi
manquait en 2016 de 1 500
tonnes de cacao certifié bio. Si
le Vanuatu, producteur certifié
de cacao, parvenait à augmen-
ter ses volumes de production
et à améliorer ses infrastruc-
tures de transport, il pourrait
aisément combler ce manque
»,
assure François Japiot. Si le mar-
ché des produits biologiques
reste encore un marché de niche
à l’exportation, il permet néan-
moins aux PTOM de se distinguer
à l’international.