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Le mois dernier vous organisiez,
conjointement avec la CPS, une
conférence publique sur les modèles
de développement de l’agriculture
biologique en France, qu’est-il
ressorti de cette rencontre ?
François Japiot :
Ce que nous attendions
de Jacques Pior, le responsable national
du développement de l’agriculture
biologique pour l’APCA (Chambres
d’agriculture France), que nous avions
missionné pour l’événement, était qu’il
nous fasse un retour d’expérience
sur le développement de l’agriculture
biologique en France et en Europe. Il en
ressort que la filière bio n’a réellement
pu se développer que lorsque les
pouvoirs publics ont décidé de mettre en
place des systèmes d’accompagnement
économique spécifiques aux besoins de
la filière.
En Calédonie, il existe déjà un certain
nombre d’aides pour l’agriculture
conventionnelle, mais rien n’est encore
fait pour développer l’agriculture
biologique. Or, nous savons que les
années les plus critiques pour un
agriculteur qui souhaite se convertir
au bio sont les trois premières (la
phase de transition dure deux ans
avant l’obtention de l’appellation
« Biologique », NDLR). Une période
pendant laquelle les producteurs
subissent une double peine : de lourdes
pertes agronomiques et l’impossibilité
de valoriser leur production pendant sa
phase de conversion.
Enfin, ce séminaire dédié aux modèles de
développement local et régional nous a
permis de mettre en lumière la nécessité
de fonder une agriculture ancrée dans
le territoire, qui soit en prise avec les
besoins alimentaires des populations,
soucieuse de préserver la qualité de
l’environnement et contribuant ainsi au
développement local dans son ensemble.
Présentez-nous le projet Integre et
plus particulièrement son volet de
soutien à l’agriculture biologique.
Clément Gandet :
Le projet Integre est
une initiative commune aux quatre Pays
et Territoires d’outre-mer européens
du Pacifique (PTOM)
*
, pour la gestion
régionale de l’environnement, la
préservation des espèces, la gestion des
déchets et le développement durable.
Les fonds qui alimentent le projet sont
d’ailleurs pour l’instant essentiellement
européens. En tant que membres du
conseil consultatif du réseau Poet-Com
(voir repères en page 42), il nous est
apparu essentiel d’ajouter un volet dédié
à l’agriculture. En effet, son impact
négatif sur l’environnement est avéré.
Ainsi, l’activité agroalimentaire sur les
bassins versants représente une menace
pour la qualité des eaux, dégradées par
les pesticides et les nitrates : ceux-ci
Et si nous pouvions améliorer notre environnement
tout en développant une agriculture de qualité, tant
pour les producteurs que pour ceux qu’ils nourrissent ?
Le projet Integre, porté par la Communauté du
Pacifique et piloté par la Chambre d’agriculture de
Nouvelle-Calédonie, développe trois fermes pilotes
biologiques en région pour tenter de forger un nouveau
modèle agricole, économiquement viable pour nos
agriculteurs. Entretien croisé.
AGRI
CULTURE
AGRI
CULTURE
«
Façonner un modèle
de développement
durable autour de
l’agriculture bio
»
Des fermes pilotes en partage
Le volet de soutien à l’agriculture
biologique du projet Integre est
financé par l’Union européenne à
hauteur de 20 millions de francs
CFP par territoire et concerne le
réseau d’agriculteurs et de techni-
ciens ainsi que les lycées agricoles
de Do Neva à Houaïlou en Calédo-
nie, d’Opunohu en Polynésie fran-
çaise et de Mata’Utu à Wallis-et-
Futuna. Une seconde enveloppe
de 30 millions de francs CFP sert
à l’organisation d’échanges régio-
naux, à la capitalisation et à la dif-
fusion des résultats obtenus dans
ces laboratoires jusqu’en 2018.
F
RANÇOIS
J
APIOT
,
CHARGÉ DE
COOPÉRATION
TECHNIQUE
RÉGIONALE
,
ET
C
LÉMENT
G
ANDET
,
DIRECTEUR
TECHNIQUE
À
LA
C
HAMBRE
D
’
AGRICULTURE DE
N
OUVELLE
-C
ALÉDONIE
.
Propos recueillis par
Aude-Emilie Dorion
© Aude-Emilie Dorion