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Doubler le taux d’autosuffisance alimentaire d’ici dix ans : c’est l’objectif annoncé il

y a un an par la province Sud, pour sa politique agricole. Depuis, plusieurs mesures

ont été mises en place au sein de la province et au niveau du pays. Mais le chemin est

encore long.

Q

uinze pour cent. C’est le

taux de couverture des

produits locaux dans

la consommation agro

alimentaire calédonienne.

Autrement dit, le pays importe 85 %

de ce qu’il consomme. «

85 %, c’est

trop

, estime Nicolas Metzdorf, élu de la

province Sud, en charge de l’agriculture.

On a deux millions d’hectares pour

300 000 habitants. La Réunion est

grande comme deux fois Lifou, elle

compte un million d’habitants, et

pourtant, elle a un taux de couver-

ture de 45 %

», compare-t-il. L’année

dernière, la province Sud – d’où est

issue 80 % de la production - a présenté

sa politique publique agricole. Objectif ?

«

Atteindre un taux de couverture

de 30 % en 2025

», répond Nicolas

Metzdorf. Pour y parvenir, plusieurs

axes sont ouverts. Une loi sur les baux

ruraux a été adoptée en début d’année.

Elle crée des baux de neuf ans mini-

mum sur les terres privées et sur celles

appartenant à la Calédonie, avec une

double incitation fiscale. Le loueur

sera exonéré d’impôt sur les revenus

des parcelles qu’il met en location, le

locataire bénéficiera de déductions.

«

Les fils des propriétaires fonciers ne

seront pas forcément les agriculteurs

de demain. Et les agriculteurs de

demain ne seront pas forcément des

fils d’agriculteurs. Il y a de plus en

plus de monde et de moins en moins

de terres. Le compromis passe par la

location

», estime l’élu.

S

AISON CHAUDE

En novembre 2015, l’interprofession

fruits et légumes était créée afin de

mettre en cohérence la production et

la réglementation avec les besoins des

Calédoniens. Elle rassemble produc-

teurs, grossistes, distributeurs, mais

aussi transformateurs et restaurateurs.

Huit mois après sa création, près de

200 tonnes de légumes produits loca-

lement avaient été écoulées, selon le

groupe, soit 6 % de volume en plus sur

le marché. Du côté des prix, la valeur

du marché à la consommation sur

les sept principaux légumes produits

localement (carottes, choux verts,

courgettes, oignons, salades, tomates et

concombres) a reculé de 1,6 milliard de

francs en 2015, à 1,5 milliard de francs

en 2016. Soit 100 millions d’économie

pour les consommateurs.

Mais pour améliorer l’autonomie alimen-

taire, il faut surtout améliorer la produc-

tion en saison chaude, car c’est là que

le bât blesse. De mi-janvier à mi-mai,

la production locale représente à peine

20 % de la consommation, accompagnée

par une flambée des prix. À l’inverse, de

septembre à novembre, le pays est qua-

siment en surproduction, du moins pour

les légumes tels que les concombres, les

courgettes, etc. «

C’est un sujet auquel

j’ai réfléchi quand je me suis installé

en 2010. J’ai donc immédiatement

investi dans des serres, avec l’objec-

tif de produire en saison chaude

»,

raconte Jean-Christophe Niautou, agri-

culteur à Farino. Ce néorural a pris le

parti de faire pousser de la salade et des

tomates en saison chaude, sous serre,

dans de la bourre de coco arrosée au

compte-gouttes. Quand les gros produc-

teurs envahissent le marché, à la saison

fraîche, il arrête quasiment totalement

sa production de salade pour se concen-

trer sur les fraises. À cela, il ajoute de

la culture en pleine terre de légumes

variés pour diversifier sa production. Et

cela fonctionne : «

En saison chaude,

je produis 3 000 cornets de salade

par semaine.

Des pistes

pour améliorer

l’autonomie alimentaire

DOS

SIER

DOS

SIER