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qu’il distingue : le management d’impo-

sition, le management de négociation

et le management d’animation. «

Selon

le style choisi, le manager peut im-

poser un nouveau planning à son

équipe, demander aux employés de

travailler davantage avec une com-

pensation en retour, ou proposer un

brainstorming pour que la solution

vienne de l’équipe elle-même. En

général, on pratique un mélange

des trois styles, même si chacun a

un management de prédilection qui

correspond davantage à sa person-

nalité

», analyse-t-il.

L

A

VALEUR DE

L

EXEMPLE

«

Le premier conseil que je donne

aux managers, c'est d'apprendre

à distinguer le comportement du

salarié et sa personnalité,

expose

Paul Deligny, psychologue et forma-

teur.

Cette distinction est essentielle

pour permettre un management

intègre et respectueux des identités

des personnes. En effet, si le sala-

rié a le sentiment que son manager

cherche à changer son caractère, il

s'agacera naturellement et défendra

son identité en niant, en reportant

la faute sur quelqu'un d'autre, en se

désengageant du travail

», estime-

t-il. Parmi les outils à disposition du

manager, la valeur de l’exemple est

sans doute le plus efficace. «

Le res-

pect ne s’exige pas, il faut montrer

que l’on respecte l’autre pour obtenir

du respect

», estime Maëlys Biscarlet.

L’année dernière, elle a été appelée à

la rescousse par le directeur général

d’une entreprise qui venait de licencier

un de ses directeurs. Une décision re-

mise en cause par tous les membres du

comité de direction. «

À cause de cette

décision, l’autorité du directeur était

contestée. J’ai donc proposé un ac-

compagnement de l’équipe. Le direc-

teur a accepté de suivre le stage aux

côtés des autres membres du Codir,

dans le même groupe. Nous avions

prévu cinq journées sur une durée

de six mois. Rapidement, l’équipe a

vu que le directeur jouait le jeu, qu’il

acceptait de se remettre en cause

comme les autres. À la fin des deux

premières journées, le directeur m’a

dit :

‘’c’est bon, on rame tous dans le

même sens’’

. En acceptant de se re-

mettre en cause face aux salariés,

il a rétabli son autorité et a pu faire

accepter sa décision.

»

L’écoute est elle aussi à placer en tête

du palmarès des meilleurs outils du

manager. «

Beaucoup de patrons ont

suivi des formations pour apprendre

à s’exprimer mais ils ne doivent pas

Management

calédonien

Sur le Caillou, les managers ne

peuvent pas faire abstraction

de la dimension culturelle au

sein de l’entreprise, s’ils veulent

être compris et acceptés par

leur équipe. Une nécessité qu’il-

lustre Fabrice Boulay : «

Pre-

nons l’exemple d’une équipe qui

comprend deux personnes de

la même tribu, l’une avec des

responsabilités coutumières,

l’autre non. Si je veux promou-

voir celui qui n’a pas de res-

ponsabilité coutumière, je vais

devoir le changer d’équipe pour

que son collègue ne soit pas of-

fensé. Il faudra palabrer pour

que tout le monde y trouve son

compte. Si le manager choisit

d’ignorer cette problématique,

la promotion va déstabiliser

l’équipe sans qu’il comprenne

pourquoi. Cela va prendre du

temps mais au final la diver-

sité culturelle est quelque chose

d’excellent pour l’entreprise.

»

Mais qui dit management « à la

calédonienne » ne veut pas for-

cément dire management à l’an-

cienne précise cependant le for-

mateur. «

Le système calédonien

est encore un peu fataliste, c’est

‘’casse pas la tête’’.

Cela se voit

avec le quart d’heure océanien.

Mais les choses sont de plus en

plus structurées. Je ne crois pas

à la condescendance du Métro-

politain qui dit que la Calé-

donie a quinze ans de retard

en termes de management

»,

affirme-t-il.

Voir aussi p. 59 l’interview de Jean-

Pierre Segal, chercheur en sciences

sociales au CNRS.

«

La théorie ne convainc que les gens

qui sont déjà convaincus. Si on veut

bousculer les certitudes, cela se fait

au travers d’exercices

», estime Maëlys

Biscarlet, formatrice en management.

DOS

SIER

DOS

SIER

© Aude-Emilie Dorion