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P

lus de 1 350 pieds de man-

dariniers, 1 800 pieds de let-

chis, des corossols, choux de

Chine, concombres, tomates,

ignames, courgettes… La

liste des produits cultivés par Claudine

Verger est longue. Presque aussi longue

que ses journées. Tous les matins, l’agri-

cultrice se lève à 4 heures pour s’instal-

ler au volant de son pick-up et se rendre

dans ses champs. Ici, le 4x4 n’est pas

un gadget : il faut grimper, puis redes-

cendre avant de remonter pour accé-

der aux cultures, nichées dans le col de

Mouirange. «

Cette terre est une béné-

diction. Il pleut très souvent, il n’y a

presque jamais besoin d’irriguer. Tout

le monde m’a prise pour une folle

quand je me suis installée ici pour

cultiver dans la terre rouge. Mais tout

pousse tout seul !

», assure-t-elle.

Avec l’aide de deux employés, Claudine

Verger gère 220 hectares de cultures,

qu’elle commercialise elle-même au

marché Broussard de Ducos le samedi

matin. Le réveil sonne alors à 2 heures,

au lieu de 4 heures… «

Je ne peux pas

vous dire quelle quantité on produit,

mais ce qui est sûr, c’est qu’on

remplit deux bennes de Toyota Land

Cruiser toutes les semaines. Donc, on

est productifs !

», lance Claudine en

souriant. La productrice vend aussi ses

produits aux commerçants du marché

de Port Moselle et à quelques grossistes.

D

ES

INSECTES

ET DES

CHOUX

DE

C

HINE

«

On produit mais pas n’importe

comment. Vous voyez les feuilles de

mes choux de Chine, là ? Elles sont un

peu mangées par les bestioles. Mais ce

n’est pas grave, si les insectes mangent

les choux de Chine, cela permet de

préserver mes radis qui sont à côté.

Et puis, le Seigneur a dit de partager,

donc on partage avec les insectes ! On

a une clientèle qui préfère les bons

légumes aux beaux légumes. Alors,

on traite le moins possible. Il faut

respecter l’environnement mais aussi

la santé de nos clients

», estime-t-elle

tout en arrachant quelques poignées de

mauvaises herbes.

La polyculture est le maître mot chez

Claudine et différents rangs de légumes

alternent au sein d’un même champ.

Trois rangées de courgettes côtoient

cinq rangées de petites tomates, pas très

loin des rangs de patates douces. «

On

pourrait faire des grosses tomates

rondes, mais cette petite tomate est

bien meilleure. On la laisse courir

dans le champ et ça pousse tout seul.

Samedi dernier, on en a ramassé 21

cageots. Nous avons tout vendu ! Les

clients adorent, les oiseaux aussi…

Mais il faut bien partager

», répète-t-

elle dans un éclat de rire. «

Les cultures

diversifiées me permettent d’avoir des

rentrées d’argent tous les mois afin de

payer mes employés. Cultiver selon la

saison permet aussi de moins traiter.

Quand la Chambre d’agriculture nous

a alertés concernant l’invasion de

papillons piqueurs sur les orangers,

nous avons défriché et planté

davantage de légumes au cycle court

afin de compenser nos pertes.

»

M

ONTAGNES

ET

CYCLONE

Pas grand-chose n’arrête Claudine

Verger. Une montagne pas plus qu’un

cyclone... Si les pentes de la montagne

rendent le travail difficile, «

cela permet

surtout d’avoir des sols bien drainés,

de ne pas perdre les cultures en cas

d’intempéries et d’arroser rarement

».

Quant au cyclone Erica, qui a fait perdre

bon nombre d’arbres fruitiers à la jeune

agricultrice qu’elle était alors, il a aussi

été l’occasion de pousser davantage la

polyculture en plantant des légumes

à cycles courts. Un réflexe qu’elle a

conservé face au papillon piqueur.

Les défis, Claudine Verger en a relevés

plusieurs au cours de sa carrière. Il

y a d’abord eu celui de s’imposer en

tant que femme dans le monde de

l’agriculture. «

Je suis partie suivre

une formation de deux ans en

agriculture, à Brisbane, dans le

cadre du programme 400 cadres.

Être agricultrice, c’est ma vocation,

j’ai toujours voulu faire cela. Mais

il y a vingt ans de cela, c’était un

monde d’hommes. J’étais la seule

femme sur les exploitations chez les

‘’Poken’’. Ce n’était pas facile. Quand

je suis revenue, j’avais 21 ans, je

Vocation

agricole

Depuis une dizaine d’années, Claudine Verger cultive fruits et légumes dans

la terre rouge du col de Mouirange. Ses longues journées sur ses 220 hectares

ne l’empêchent pas de s’investir au sein de la Chambre d’agriculture. Elle

entend creuser le sillon d’une production locale qui nourrisse davantage la

population.

On a une

clientèle qui

préfère les bons

légumes aux beaux

légumes

C

LAUDINE

V

ERGER

,

AGRICULTRICE

PORTR

AIT

PORTR

AIT