V O I T U R E D E L É G E N D E
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FERRAR I TESTAROSSA
Si les créations actuelles de Ferrari
font toujours autant rêver, elles
sont peu à dégager autant que
l’indémodable « Testa ». Large,
ultra basse et diaboliquement
sublime, elle ne prend pas une ride
et reste une des plus belles lignes
de l’histoire automobile.
LA SPORTIVE
DES ANNÉES
80
O
n la voit dans pas mal de
films des années 80,mais
surtout dans
Miami Vice
,
en blanche. Normal. La
Testarossa est l’archétype
de la voiture « frime » qui
en jette.Allure puissante,ligne affûtée,arrière
massif, style très étudié, fines ailettes sur les
côtés…On pourrait tourner autour durant des
heures et admirer le dessin époustouflant de
Pininfarina. On reste dans l’esprit Ferrari de
l’époque, mais avec un côté futuriste, plus
moderne, avant-gardiste. Il faut dire qu’à
l’époque, Lamborghini propose sa
Countach…donc la concurrente deMaranello
se doit d’en mettre plein la vue.
DOUZE RAISONS
DE SUCCOMBER
Si les cuirs intérieurs sont de très belle
facture,certains commodos font assez cheap.
Les plastiques aussi, par ailleurs, vieillissent
mal.Bref,on n’est pas dans une Rolls,mais ce
n’est pas le but. Une Ferrari, ça séduit dès le
premier coup d’œil et là,c’est gagné.
Le vrai joyau est le moulin de la belle.Sous le
pied, le pilote aura donc en main un 12
cylindres à plat (boxer) en position centrale
arrière, de 4,9 litres. On n’est donc vraiment
pas dans une config de voiture classique,mais
du typé course.
Avec 390 chevaux à l’époque, et collé au
bitume,il y a de quoi se faire peur même si la
belle pèse quand même 1 500 kilos.
Sa version améliorée (de 1991 à 1994),la 512
TR, elle, fera 428 chevaux et aura notamment
des jantes de 18 pouces, ainsi qu’un châssis
tubulaire. Plus pointue encore, donc. Niveau
perfs, sur la Testarossa on flirte avec les 300
km/h,la 512TR les dépassera…
CONCERT SUR LA ROUTE
Pour s’installer, on se laisse tomber à bord.
Elle n’est pas vraiment faite pour les grands,
mais on peut s’y habituer. On est bas, mais
agréablement calé. À droite, le classique
levier de vitesse, déjà, intimide. Eh oui c’est
inversé,la première est en bas à gauche.Mais
intelligent car du coup, de seconde à
cinquième vous êtes en H.
Le moteur n’est pas spécialement
assourdissant à bas régime mais une fois
lancé à pleine balle,c’est un son de voiture de
course, réellement, qui vous siffle dans les
tympans. Il faudra aussi apprendre à manier
le talon-pointe pour ménager l’embrayage,
très dur, qui peut rapidement lâcher s’il est
mal
utilisé.Lemoteur a un couple de camion,
très souple à bas régime,mais dans les tours,
les vocalises sont impressionnantes. Le
concert ne s’essouffle pas. C’est grisant,
envoûtant, surtout avec un très bon
comportement,une direction assez précise et
une sensation de pelle à tarte qui colle à la
route.
En ville, on évitera bien entendu de trop
traîner. Le moteur chauffe vite mais
étonnament, la voiture se laisse conduire à
faible allure, sauf pour les manœuvres, les
deux mètres de large et la faible visibilité
arrière n’étant pas l’idéal pour les créneaux…
ENTRETIEN FAÇON
ÉCURIE DE F1
Si jouer avec l’Italienne est le nirvana souvent
inaccessible de tout passionné, on jubile
moins quand vient le moment de passer au
garage. Le moteur est imposant, comme
souvent lemontant du chèque à faire à chaque
passage en concession. Pour un simple
changement de courroies, à faire tous les 3
ans ou 30 000 km environ, il faut tomber le
moteur, changer les joints, les liquides (12
litres d’huile)…Sans compter les caprices de
la diva qui peuvent arriver,malgré sa fiabilité
réputée.
Produite de 1984 à 1991 à 7 700 exemplaires,
la Testarossa fut un véritable succès pour
Ferrari. Elle était la voiture des Golden Boys
et des stars de cinéma. Le célèbre trader
immortalisé par Di Caprio dans
Le loup de
Wall Street
en possède une blanche d’ailleurs.
Aujourd’hui encore, certains DJ comme
Kavinsky s’en servent dans leurs clips ou
leurs visuels. Comme quoi elle reste une
icône,un symbole d’une époque révolue.
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