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LA QUEST

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LA QUEST

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dix projets : épicerie fine dédiée aux

croisiéristes, recyclage de plastique,

laboratoire de fabrication de soupes

ou projet de création d’un fonds

d’affacturage

1

… Tous les secteurs sont

représentés. «

Ce sont des projets qui

nécessitent entre 60 et 100 millions

de francs d’investissement. Lorsqu’il

s’agit d’une création, on peut finan-

cer 20 à 40 % du projet. Lorsqu’il

s’agit d’un développement d’entre-

prise, on peut financer 100 %

», dé-

taille le gérant de Fipac.

T

ICKET D

ENTRÉE

Après un audit complet, le projet est

mis en ligne afin de lancer un appel aux

investisseurs. Qui seront-ils ? «

N’im-

porte qui dans le monde,

répond

Pierrick Maury.

Nous serons visibles

sur les deux plus importantes plate-

formes de crowdfunding métropo-

litaines : Anaxago et Wiseed.

» Ces

deux sites représentent 120 000 inves-

tisseurs à eux deux. Les Calédoniens

pourront bien entendu investir eux

aussi. Sur les 80 000 foyers fiscaux

calédoniens, Fipac espère en convaincre

10 à 15 %. Trois notions de finance-

ment différentes sont proposées. Il y

a d’abord le don : un artiste demande

au public de l’aide pour financer l’enre-

gistrement de son CD par exemple.

Chacun peut donner le montant qu’il

veut. Vient ensuite le don avec contre-

partie : l’artiste s’engage à envoyer son

CD aux personnes qui l’ont financé.

Enfin, la forme la plus courante sera le

prêt. «

Selon le projet et le montant

recherché, le ticket d’entréeminimum

sera compris entre 100 000 francs et

500 000 francs

», explique le créateur

de Fipac.

C

RÉDIT D

IMPÔT

Le placement sera bloqué pendant

un à huit ans (cinq ans en moyenne),

puis remboursé avec un taux d’intérêt

variant de 6 % à 12 %. «

Le taux d’in-

térêt est plus élevé que celui d’une

banque, mais l’avantage pour l’en-

treprise est d’avoir une ressource de

trésorerie et de ne pas être asphyxiée

dès le départ par les mensualités

du prêt, puisqu’elle remboursera

les investisseurs cinq ans plus tard

en moyenne

», détaille-t-il. En géné-

ral, les sites métropolitains se rému-

nèrent sur la levée de fonds à hauteur

de 7,5 %. «

Nous sommes beaucoup

moins chers

», assure Pierrick Maury.

«

L’avantage de la plateforme est

de proposer une alternative à l’as-

surance-vie afin que les capitaux

restent en Calédonie et financent

notre économie (

voir encadré

). Mais

pour que cela prenne de l’ampleur,

il faut proposer un crédit d’impôt

aux investisseurs comme cela existe

déjà en Métropole

», demande-t-il. Le

gouvernement va prochainement être

sollicité à ce sujet.

À l’heure actuelle, il n’existe au-

cun produit financier local per-

mettant aux ménages de placer

leur épargne. Lorsqu’une per-

sonne souscrit une assurance-vie

par exemple, son argent est placé

en Métropole, et n’alimente pas

le développement économique

du territoire. «

La souveraineté

économique passe aussi par la

conservation de nos capitaux,

ce qui suppose que nous per-

mettions aux Calédoniens de

placer leur épargne sur des pro-

duits locaux. En collaboration

avec le système bancaire, nous

proposerons donc, au cours du

second semestre 2016, la créa-

tion d’un fonds d’épargne et

d’investissement calédonien

»,

annonçait Philippe Germain, dans

son discours de politique géné-

rale, le 13 avril 2015. Un expert de

Bercy serait actuellement sur le

territoire pour s’emparer du sujet.

Un produit d’épargne

calédonien

Outre sa plateforme de

crowd-

funding

, Pierrick Maury met en

place un autre système de finan-

cement, via une association de

Business Angels. Celle-ci réunit

d’ores et déjà une vingtaine de

chefs d’entreprise ou de cadres

calédoniens, issus des secteurs

de l’industrie, des services ou du

BTP. Ils ont accepté d’investir

dans les projets de jeunes chefs

d’entreprise, sélectionnés par

Fipac, mais aussi de les coacher.

«

Les porteurs de projets pour-

ront bénéficier des conseils et

du réseau de ces gens d’expé-

rience, en plus de leur finance-

ment

», détaille Pierrick Maury.

L’association des Business Angels

calédonienne est parrainée par

son homologue métropolitaine,

qui compte 4 500 membres.

Business Angels

© Blandine Guillet

Dans le montage de

son projet, Pierrick

Maury a travaillé

en collaboration

avec la province

Sud et la CCI.

1. L’affacturage est une méthode de finance-

ment où l’entreprise confie à un organisme

tiers la gestion de ses créances afin d’en obte-

nir, entre autres avantages, un remboursement

anticipé.