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D
epuis cinq ans, le nombre
de croisiéristes augmente
chaque année de 26,3 %
en Nouvelle-Calédonie. Ils
étaient 422 000 à débar-
quer en 2014.
« On nous prédit un
million de croisiéristes en 2020
»,
annonce Jennifer Sigoe, la présidente
de la CCI. «
L’avantage avec les croi-
sières, c’est que les compagnies sont
demandeuses. En Polynésie, ils
essaient de les attirer. Chez nous,
on doit presque les refuser
», note
Luis Barnabé, le président du Cluster
maritime. Le marché grandit vite, un
peu trop vite même. À l’île des Pins,
Lifou et Maré, le nombre d’escales est
limité à cent dans l’année afin de ne
pas gêner les populations. Les deux
premières escales sont déjà saturées,
la troisième devrait l’être prochaine-
ment. Si la Calédonie veut profiter de
la manne des croisiéristes, elle va donc
devoir s’adapter rapidement. Pour cela,
le Cluster maritime préconise la créa-
tion d’un « Club croisière », une sorte
de grappe d’entreprises exclusivement
dédiée à la croisière. «
Cela se fait par-
tout ailleurs, en Nouvelle-Zélande
notamment. La croisière est une in-
dustrie à elle seule. Elle ne concerne
pas seulement les professionnels du
tourisme, mais aussi les acteurs du
maritime
», explique Yann Bouvet,
président des pilotes maritimes (entre-
prise privée qui exerce une délégation
de service public, NDLR). En 2007, son
entreprise comptait neuf pilotes. Ils
sont quatorze aujourd’hui et viennent
d’investir dans deux avions pour les
aider à guider les paquebots et complé-
ter le travail des pilotines. «
Le chiffre
d’affaires de la croisière a dépas-
sé celui du nickel en ce qui nous
concerne
», explique-t-il.
N
OUVELLES
ESCALES
Selon Yann Bouvet, l’urgence est de
prolonger le quai existant de la grande
rade dans le port de Nouméa, afin de
pouvoir accueillir deux paquebots en
même temps. «
C’est inscrit au sché-
ma directeur du port, on attend le
feu vert du gouvernement
», précise-
t-il. «
Il faut aussi ouvrir de nouvelles
escales,
avance Luis Barnabé, le prési-
dent du Cluster.
On pourrait rouvrir
une escale à Poum, cela permettrait
de favoriser le rééquilibrage. Les
compagnies sont demandeuses, car
Poum se situe sur la route, entre
Sydney et le Vanuatu.
»
L’autre idée qui émerge est celle de faire
de Nouméa un point de départ pour la
croisière. «
Ce sont les compagnies
elles-mêmes qui le demandent
», as-
sure Yann Bouvet. Sur une croisière au
départ de Sydney, il faut compter deux
jours de mer avant la première escale,
idem au retour. Cela ne permet que
trois escales dans un séjour en géné-
ral. Au départ de Nouméa, le nombre
d’escales pourrait être plus important.
« Un bateau en tête de ligne, cela si-
gnifie des retombées multipliées par
quarante, selon un rapport d’une
compagnie néo-zélandaise que j’ai
sur mon bureau
», assure Jennifer
Sigoe, présidente de la CCI. Ces tou-
ristes passent en général une ou deux
nuits à l’hôtel avant ou après la croi-
sière et leur taux de retour dans un des
pays visités serait de 30 %.
Mais avant d’y songer, il faut d’abord
améliorer les conditions d’accueil. «
Il
faut aussi diversifier les activités
proposées,
ajoute-t-elle.
Chez nos
voisins, les croisiéristes sont prêts à
faire trois heures de bus pour par-
tir en excursion à condition que le
tour en vaille la peine. Pourquoi ne
pas proposer des tours à La Foa ou
Sarraméa par exemple ?
» Jennifer
Sigoe suggère de prendre exemple sur
Lifou où les retombées économiques
de la croisière sont estimées à 200 mil-
lions de francs par an. Celles-ci ont
notamment été multipliées par quatre
lorsque Drehu a décidé d’accepter les
dollars australiens. « Une police » de
la crème solaire* a également été mise
en place afin de protéger le corail. Si la
Nouvelle-Calédonie devait accueillir un
million de croisiéristes en 2020 (ce qui
semble prématuré), le défi sera en effet
de préserver son environnement… qui
attire justement les touristes.
La croisière
accélère
© Archives LNC
DOS
SIER
DOS
SIER
* Des personnes sont chargées de sensibi-
liser les croisiéristes aux effets nocifs des
composants de la crème solaire sur le corail.