Femmes : Mai 2017

De nombreuses études démontrent pourtant l’impact positif de l’éducation des filles sur la réduction de la pauvreté, de la mortalité infantile et sur la promotion de l’égalité entre les sexes. « L’éducation des filles est un outil efficace de développement social », déclarait Kofi Annan, septième secrétaire général de l’ONU lors du coup d’envoi de l’EPT au sommet de Dakar en 2000. L’éducation pour tous serait donc, comme le stipule le « Cadre d’action de Dakar », non seulement la clef d’un développement durable mais également source de stabilité et de paix dans le monde. Plus de petites filles scolarisées, cela veut aussi dire à terme plus de femmes en situation d’exercer des activités rémunératrices, de participer aux revenus de leur ménage et d’acquérir une autonomie économique et sociale. Il est également démontré dans un rapport de Marie Devers sur les bonnes pratiques en matière d’éducation des filles en Afrique de l’Ouest pour l’Unicef datant de 2014, qu’une fille instruite se mariera plus tard, aura moins d’enfants et se nourrira mieux, aura un emploi mieux rémunéré et participera davantage à la prise de décisions dans les domaines familial, social, économique et politique. La scolarisa- tion des filles a également un effet multiplicateur : ses enfants, à leur tour, auront plus de chances d’aller à l’école et d’y rester dans de meilleures conditions. Contraintes et dilemmes De concert avec leurs homologues d’autres régions du monde - notamment l’Asie du Sud - les dirigeants et le corps enseignant africains ainsi que les organi- sations non-gouvernementales impliquées dans l’EPT font face à des contraintes et des dilemmes. D’abord politiques car dans nombre de pays, la guerre et l’instabilité ont indéniablement nui à l’amélioration des taux de scolarisation. Ensuite à cause d’un certain nombre d’attitudes culturelles. À titre d’exemple, au Burkina Faso, une fille de 7 ans doit accomplir trois heures et demie de tâches ménagères quotidiennes de plus que les garçons, et doit donc travailler plus dur pour rester à l’école si elle a la chance d’y aller. De plus, les parents pauvres et les familles monoparen- tales (en particulier dans les pays où la polygamie est omniprésente) ne peuvent pas se permettre de payer les droits d’inscription de tous leurs enfants et auront donc traditionnellement tendance à garder les filles à la maison. Généraliser l’éducation ne dépendrait donc pas seulement des budgets que nous pouvons allouer à cette cause mais bien plus de la volonté politique de chaque pays d’attaquer le problème de front. 76 GRAND ANGLE Sally, l’une des deux institutrices de l’école primaire de Batukunku, se tient derrière une élève au tableau. Une école qu’elle voudrait plus accueillante pour les filles. Bénin 45% Côte d’Ivoire 44% Mali 44% Niger 41% République centrafricaine 42 % Tchad 41% Pourcentage de filles dans l’effectif scolarisé total de l’enseignement primaire (Rapport EPT 2007) Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Guinée, Madagascar, République démocratique du Congo (RDC) et Togo entre 45 et 49 % Sénégal et son enclave gambienne 50 % Rwanda 51 % Ces données chiffrées nous renseignent sur la sous-scolarisation des filles en Afrique.

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