Femmes Mai 2022

Très inconfortable, la fuite urinaire à l’effort est pourtant fréquente chez les femmes. Ce débordement incongru arrive lors d’un fou rire, d’une quinte de toux, d’un éternuement ou d’une séance de sport. À ce moment précis, le périnée a subi une forte pression et n’a pas contrôlé le sphincter de l’urètre, qui a laissé passer quelques gouttes. Rien de grave... Mais cela devient problématique lorsque ces fuites sont récurrentes et incontrôlables. Et en la matière, nous ne sommes pas toutes égales : « Une femme sans antécédents génétiques, qui a une bonne constitution, a moins de risques de développer des pathologies dues au relâchement périnéal », explique Isabelle Reynaud, kinésithérapeute spécialisée en anatomie féminine et auteure du Passeport pelvi-périnéal. Pourtant, elle remarque que de plus en plus de femmes viennent consulter pour soigner une incontinence à l’effort. « Ce sont des jeunes femmes sans enfant. Leur point commun, c’est une activité sportive inadaptée et souvent intensive. » Certains sports abîment le périnée Le sport n’est pas la cause du relâchement du périnée. Il révèle des pathologies déjà existantes ou met en lumière des faiblesses corporelles. La solution pour éviter les incontinences urinaires à l’effort – ou dans le pire des cas le prolapsus (descente des organes du petit bassin) – c’est de choisir un sport doux pour le plancher pelvien. Selon la kiné, « la pratique sportive devient dangereuse quand les exercices sont mal pratiqués ». En cause : l’hyperpression imposée au périnée. Lors d’une séance de sport ou tout simplement en position debout, la ceinture abdominale appuie sur le plancher pelvien. Le muscle amortit la pression et en subit les conséquences : il compense par exemple, une mauvaise posture ou une mauvaise respiration pendant l’effort. Mais à force de surmenage, il se fragilise et finit par se relâcher. Ce n’est souvent qu’à cemoment-là que les femmes remarquent une gêne. Les sports à éviter « Chaque pratique sportive apporte ses bénéfices, mais il est important que la séance soit adaptée au corps féminin », explique Isabelle Reynaud. « Les sports à fort impact (saut, course, soulèvement de poids…) représentent un risque pour le capital pelvien ». Le cross fit : “ Ce sport «commando ‘‘ est particulièrement déconseillé pour le bon maintien du périnée. La répétition des gestes, le fait de soulever des poids et de sauter en même temps. La pression intra-abdominale est très importante. » Les sports de course (athlétisme, course à pied…) : les chocs à chaque foulée impactent le muscle. « C’est pourquoi les qualités posturale et respiratoire doivent être au rendez-vous. » Les sports de balle (basket, handball, volley…) : ces sports mêlent les sauts et la course. Le trampoline : les sauts répétés favorisent l’incontinence. Les abdos : les crunchs, ces abdos où l’on garde les pieds au sol, créent une pression intra-abdominale élevée lorsqu’on se relève. Elle appuie sur le périnée qui a tendance à descendre. Quelques conseils pour réduire la pression sur le plancher pelvien : Après les séances de sport (ou pour celles qui passent leur journée debout), faites des exercices où la pesanteur est inversée, la chandelle par exemple. Allongez-vous sur le dos, remontez les jambes et le bassin vers le haut. Restez quelques secondes, détendez-vous et respirez, puis redescendez au sol. Si vous sentez encore des tensions, répétez cet exercice plusieurs fois. Clémence Bonvalet Périnée À quel sport se vouer ? Vous arrive-t-il d’être touchée par l’incontinence urinaire lorsque vous faites du sport ? Continuer, arrêter… que faire ? Réponses et conseils d’Isabelle Reynaud, kinésithérapeute, pour connaître les sports à éviter et ceux à privilégier. 72 Santé

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