Femmes | Mars 2022

26 Dossier Il/elle le sait Vous ne touchez plus aux pétards depuis longtemps : évoquez votre cas “en positif” pour rappeler l’importance du contrôle, de la maîtrise de soi, et votre crainte qu’il ne soit trop jeune pour y parvenir. Evitez les phrases du type : “Ne fais pas comme moi” (souvent employées par les parents tabagiques ou ceux qui consomment de l’alcool), qui vous disqualifient comme parent. Vous fumez encore : vous êtes plutôt mal placé pour interdire directement. Admettez devant lui que vous avez un problème de dépendance et que vous ne souhaitez pas qu’il en vienne là, puis mettez-vous en retrait et passez la main à votre conjoint, à un éducateur, à un médecin. L’erreur à ne pas commettre : fumer avec lui, soi-disant pour maîtriser sa consommation. Cette attitude est perverse : le parent entraîne son enfant dans sa propre dépendance afin de nier sa propre addiction, comportement fréquent chez certains alcooliques, qui font volontiers boire leur entourage pour se sentir moins coupables de boire euxmêmes. C’est aussi une attitude assez naïve, une illusion d’omnipotence parentale. L’adolescent ira fumer ailleurs et “se déchirer” plus fort, loin de vous. Témoignages Xavier, 13 ans, fumeur régulier « J’ai commencé avec mon frère qui a 18 ans, il y a quelques mois. Mais il ne sait pas que depuis, je continue. Je fume deux ou trois fois par semaine, surtout le week-end et toujours avec mes copains. Ça me relaxe, et je trouve ça cool de fumer entre potes. On se sent plus grand ; ça donne un genre sympa. On montre qu’on se fiche des autres, des interdits, de la police. Si mes parents sont au courant ? Jamais de la vie ! Ils me tueraient. » Sophie, 17 ans, fumeuse occasionnelle « Moi, le joint, c’est juste de temps en temps, dans les fêtes, ça va avec l’alcool. C’est pour être un peu plus dans l’esprit de la fête. Je me sens légère, moins dans la réalité. Ça me permet de rigoler plus que d’habitude. Mais si je ne suis pas bien, je ne fume pas. J’aurais trop peur de faire un ‘bad trip’. C’est sûr qu’un jour j’arrêterai totalement… Quand j’aurai des enfants. » Sylvain, 19 ans, non-fumeur « Je ne bois pas, je ne fume pas de cigarette et je n’ai jamais touché à l’herbe. Ça n’apporte rien. Je le sais pour avoir lu des trucs à ce sujet sur Internet et pour en avoir parlé avec mes parents. Et parce que je connais des gens de mon âge qui fument : je vois bien qu’ils sont moins attentifs, qu’ils travaillent mal… Je pense que quand on fume, c’est qu’au fond on est mal, on cherche à fuir ses problèmes. Moi, quand j’ai besoin d’évacuer mes soucis, ma méthode c’est le sport et les activités manuelles. » Tony, 17 ans, fumeur potentiel « Essayer, à l’occasion, oui, pourquoi pas ? Ça me paraît même indispensable si l’on veut se faire une idée sur le sujet et pouvoir en parler en connaissance de cause. Mais en prendre l’habitude, non. Moi, je vois ça comme un symbole d’échec. Quoi que les gens en disent, je suis sûr que ça rend dépendant ; j’ai plein d’exemples dans mon entourage. Ça les a rendus totalement différents; à les entendre, on dirait que fumer, c’est la seule chose qui compte vraiment. » Sébastien, 15 ans, fumeur occasionnel « Je ne fume qu’à l’occasion. Si j’arrêterai un jour ? C’est clair, dès que j’aurai des responsabilités. Pour l’instant, pas d’urgence. Mes parents le savent ; ils ne sont pas très contents, même s’ils m’ont avoué qu’eux aussi ils avaient essayé à mon âge. Tout en me laissant faire, mon père m’a fixé des règles : uniquement le week-end, en soirée, et jamais d’autres drogues. Et je lui obéis, c’est normal. »

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