Femmes | Mars 2022

Dossier 25 un adolescent cherche à anesthésier sa pensée. À certaines doses, le cannabis n’est plus récréatif mais autothérapeutique, c’est-à-dire utilisé comme antidépresseur et/ou anxiolytique. Les parents doivent trouver un médecin compétent. Pas un centre de désintoxication, mais plutôt un psychiatre spécialiste de l’adolescence, un pédiatre ou un généraliste qui s’intéresse aux consommations de drogues. Le recours à un psychologue spécialisé est évidemment possible, et il est parfois nécessaire d’envisager un traitement antidépresseur (que seul un médecin peut prescrire). L’objectif est de responsabiliser l’adolescent sur sa santé psychique et physique. Il vous provoque… Il laisse traîner un peu d’herbe sur sa table, voire allume son joint sous votre nez : réagissez ! Il est dans la provocation et toute provocation est un appel. Il ne faut ni s’y dérober en faisant semblant de ne rien voir, ni foncer tête baissée. Annoncez en substance : « J’ai trouvé le pétard que tu avais laissé traîner, cela m’inquiète, parlons-en. » S’il cherche vraiment l’affrontement, faites intervenir un tiers, un psychologue, par exemple. Quand la relation avec l’adolescent se situe dans le conflit, la thérapie familiale est souvent une bonne issue. Fixez les limites Avant 15-16 ans : le cannabis représentant une véritable menace pour la santé de ces presque encore enfants, l’interdiction doit être formelle. Sans asséner un « je t’interdis », affirmez plutôt : « Nous ne voulons pas que tu fumes, tu es trop jeune, ton cerveau est en pleine croissance, tu risques de l’abîmer. » Un jeune qui a confiance en ses parents, qui sent leur autorité légitimée par le désir de le protéger, sera réceptif à ce message. Pour autant, il faut parfois l’aider en l’éloignant de certaines fréquentations mais cette mesure ne doit pas être comme une punition. Associez-le au choix de la solution. À tout âge : un parent ne doit pas autoriser un comportement sous prétexte qu’il ne sait pas comment l’interdire. On n’« autorise » pas son enfant à fumer, à boire ou à se mettre en danger en général. Reconnaissez les faits, il ne sert à rien d’être dans le déni, mais faites-lui part de votre déplaisir et fixez des limites. Ensuite, puisque vous avez interdit toute «fumette» à la maison, faites en sorte qu’il ait plaisir à y rester : ouvrez la porte à ses copains, laissez-leur un espace pour écouter ou faire de la musique ; proposez-lui de s’investir dans un sport qui l’a toujours intéressé ou achetez-lui enfin une guitare : ne supprimez pas l’argent de poche, mais réévaluez-le en fonction de ses besoins réels. Vous fumez... ou avez fumé Il/elle ne le sait pas Vous ne vous sentez pas à l’aise à l’idée de lui “faire la morale”. Alors songez que la teneur en THC (tétrahydrocannabinol, le principe actif) du cannabis actuel est près de dix fois plus élevée que celle des joints que vous avez peut-être fumés il y a quinze ans… Et à l’époque, vous aviez plutôt 20 ans que 13 lors de votre première bouffée. Il n’en a que 16, rien n’est comparable, oubliez votre culpabilité et intervenez ! D’ailleurs, rien ne vous oblige à tout lui dire.

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