Femmes : Juillet 2018

epuis que les femmes ne jouent plus les sirènes ou les figures de proue, elles sont encore trop peu à inscrire leur nom aux palmarès des grands marins. C’est sans compter sur Lisa Blair, petite effrontée des mers du Sud. Ses premiers pas en équipage À22 ans avec seulement sept petites années de pratique au compteur, la jeune Australienne se lance dans la Clipper Round The World, sorte de régate autour du monde qui s’échelonne sur onze mois. Problème ? Elle n’a pas un sou en poche. Qu’importe. Elle se met en tête de réunir les 40 000 pounds (60 000 euros) demandés pour valider sa participation. Grâce à une avalanche de petits jobs, une levée de fonds et un (riche) donateur américain, en octobre 2011, elle est sur la ligne de départ, parée à affronter les montagnes d’eau, sans grigri ni superstition. « L’Antarctique en solitaire ? Non, je ne le ferai pas » Au retour, cette course a un goût de reviens-y. La première fois, elle part pour voir, la deuxième elle partira par plaisir. En manque d’adrénaline, elle souhaite se lancer en solitaire. Un ami lui susurre de prendre d’assaut les mers du Grand Sud. Sa réponse est claire : « Le tour de l’Antarctique en solitaire ? Non, je ne le ferai pas. » Trois ans et une Sydney-Hobart plus tard : elle s’apprête à vivre la plus grande aventure de sa vie. Elle court cette circumnavigation de l’Antarctique, sans escales, pour la fureur de gagner et l’envie viscérale de marquer son engagement pour l’environnement. Des post-it pleins de sens formeront sa coque. On peut y lire des messages comme « Le temps est à l’action maintenant », « S’il vous plait, ne brûlez pas le plastique », ou encore « Parcours la planète et sauve-la ». Le 22 janvier 2017, Lisa Blair prend le large à bord de Climate Action Now. Démâtage spectaculaire Au 70e jour de navigation, après avoir vaillamment passé le Cap Horn, dans un grand fracas « le mât est tombé sur le côté. J’ai eu très peur », se souvient Lisa Blair. « Le pied de mât s’est arraché dans la chute. L’extrémité du mât est plongée dans l’eau à la poupe. Il y a un fouillis inextricable de haubans. Ça cogne contre la coque », poursuit-elle. Trop éloignée de toutes côtes, un porte-conteneurs chinois est détourné pour lui venir en aide et lui apporter le Saint Graal : des bidons de fuel. Bon gré mal gré, elle rejoint Cape Town, en Afrique du Sud, à bord de son voilier amoché. Abandonner ? Pas question. Dure à cuire et orgueilleuse, comme aux premiers jours, elle répare sa bicoque et se remet en selle. Après deux mois de grands travaux, les compteurs de la course reprennent à l’endroit même où son rêve s’est brisé. Partie d’Albany, au sud-ouest de l’Australie, le 22 janvier 2017, Lisa Blair revient à son point de départ 184 jours plus tard. « Je suis fière d’être la première femme à avoir traversé l’Antarctique en solo », confie-t-elle. Lisa souhaite continuer à hisser les voiles, mais ailleurs cette fois-ci. Son prochain défi ? Le tour de l’Australie, en solitaire et sans escales, of course. Lisa Blair, petite fiancée des mers du Sud 4 shooting actu Avaries, démâtage, Lisa Blair a tout connu. Habituée de la Transpacifique et des courses en solitaire, l’Australienne de 33 ans prépare désormais la relève en tant que coach. L’équipage Dove-Défi des filles s’est même offert les services de cette skippeuse aguerrie lors de la Groupama Race. Portrait d’une voileuse engagée.

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