Femmes | Mars 2018

Le périnée en question e périnée est un maillage de muscles que nous tentons d’apprivoiser dès l’âge de la propreté. Au cœur de l’intimité, il est à la fois essentiel à la continence et plus tard à la sexualité, et même à l’accouchement. Il maintient les organes pelviens (vessie, utérus, rectum...) à bonne hauteur dans le bassin. Les hommes et les femmes ont un périnée, mais ne sont pas égaux pour autant. Anatomiquement, le périnée féminin s’apparenterait plus à une structure en arcades dont les piliers et plafonds ont tout intérêt à être bien solides pour ne pas autoriser l’effondrement de l’ouvrage entier ! Le périnée masculin est quant à lui plus fermé et moins sensible aux pressions des étages supérieurs ! De ce qui affaiblit le périnée féminin Avec cette image de fondation en arcades, il est aisé de comprendre comment les pressions abdominales peuvent être rapidement nocives pour le périnée. Les surcharges pondérales (grossesse, obésité...), les efforts de poussée volontaires (abdominaux barbares, constipation, accouchement...) et involontaires (mauvaises postures, toux, rires...) affaiblissent subrepticement le maillage. La ménopause et la chute d’œstrogènes, ennemies incontestées du tonus musculaire et de la trophicité* des tissus, rendent le cocktail plus détonant avec l’âge. C’est alors qu’apparaissent ou s’aggravent l’incontinence et/ou la descente d’organe(s) aussi appelée prolapsus. À mon grand effarement, les spots publicitaires actuels encensent des couches-culottes discrètes et sexy pour femmes mûres, aspirant à vivre intensément. L’irréversibilité des troubles périnéaux, tacitement sous-entendue, semble être une fatalité. Musculation spécial périnée Et pourtant, comme tous nos muscles, les muscles du périnée peuvent être travaillés et remusclés. C’est une affaire de spécialistes. Les sages-femmes, ou des kinésithérapeutes formés, dispensent des séances de rééducation périnéale adaptées aux troubles existants : prolapsus, incontinence urinaire ou anale - eh oui, toutes les fonctions sont susceptibles d’être touchées. Entre gêne et pudeur, il faut oser la première consultation. Le pas franchi, tout s’éclaircit. L’interrogatoire identifie rapidement les «mauvaises » pratiques, et permet déjà d’être actrice de sa rééducation. Si le bilan nécessite un examen clinique, les séances suivantes peuvent, selon les méthodes, être moins invasives. Rééducation manuelle, à l’aide d’une sonde, ou rééducation périnéale posturale, la plupart des praticiens combinent les méthodes. Travailler son périnée debout et toute habillée, accessoirement sur un demi-rondin de bois, c’est possible, et ça marche ! Si on savait... Si le tabou était brisé, nous découvririons qu’une femme sur deux souffre d’incontinence après la ménopause. Les troubles concernent également de jeunes femmes sans enfant. Des périnées malmenés depuis la plus tendre enfance avec des pipis de précaution, des rétentions de pipi ou de selles toute une journée, des sports inadaptés, des talons trop hauts ou trop plats... la liste des causes est longue. Quelques conseils - Ne vous retenez pas d’aller aux toilettes - Luttez contre la constipation - Tenez-vous correctement (dos droit, ventre tenu) - Portez de petits talons de 4 à 5 cm maximum - Ne faites plus d’abdominaux masculins. Et surtout, quel que soit votre âge, quels que soient vos troubles périnéaux, consultez votre médecin ou votre sage-femme. Pour plus de liberté, en mai 68, les femmes brûlaient leurs soutiens-gorges, en 2018, elles brûlent leurs couches-culottes ! A. Ducandas, feminasantenc@gmail.com Tellement discret lorsqu’il se porte bien, le périnée est pour beaucoup d’entre nous une énigme ! Levons le mystère. * On parle de trophicité pour désigner un organe ou une cellule qui a suivi un développement normal. santé 40

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