Femmes : Octobre2017

« J’ai grandi avec l’idée que je serais enceinte un jour. J’imaginais une grossesse épanouie et au cours de laquelle j’aurais été sexy, joyeuse, bien dans mon corps. Mais je suis aussi une écologiste convaincue. Et, en faisant des recherches, j’ai découvert que, même si je passais ma vie à trier mes déchets, à faire du compost et à lutter contre le nucléaire, j’émettrais, via mon bébé, suffisamment de gaz carbonique pour réduire tout cela à néant. J’ai donc décidé de ne pas concevoir d’enfant. Et d’en adopter un. » La décision de Stefanie Iris Weiss, auteure du livre EcoSex (disponible uniquement en anglais), est aussi tranchée qu’originale. Mais pas isolée. Renoncer à la maternité pour sauver la planète est le credo au cœur du dernier mouvement écolo qui fait débat aux étatsUnis. Ces femmes qui décident, au nom du bien de la planète, de ne pas faire d’enfants, sont des Ginks, néologisme né de la contraction de Green inclination no kids. Surpopulation À l’origine du phénomène : Lisa Hymas, éditorialiste du Huffington Post et cofondatrice de Grist.org, un site politico-écolo. « La plupart de nos problèmes environnementaux, dérèglement climatique, pollution, épuisement des ressources, pénurie d’eau sont causés par dOSSiEr renoncer à faire des enfants pour sauver la planète la surpopulation. De plus, une étude publiée en 2009 dans le journal Global Environment Change a montré qu’un enfant produisait 9 441 tonnes de gaz carbonique et multipliait ainsi par vingt l’empreinte carbone de ses parents ! Je pense qu’il faut vraiment réfléchir à tout ça », explique Lisa Hymas. Et, puisque les projections démographiques prévoient que nous serons neuf milliards en 2050, il serait temps, selon elle, de freiner notre envie d’enfanter. Une position très sérieuse qui a valu à Lisa Hymas de recevoir le prix Global Media 2010 du Population Institute, et aux Ginks, de semer le trouble dans les maternités. femi-ginks En grattant un peu, on découvre que, derrière la conscience écologique, pousse un féminisme vibrant. Si les Ginks ne cherchent absolument pas à faire de prosélytisme écolo, elles veulent en revanche sortir de l’ombre les femmes sans enfant et faire accepter leur choix. Quitte à bouleverser la société. « Cette décision n’est ni acceptée ni respectée par la plupart des personnes. Les femmes n’osent pas en parler. Moi, j’aimerais juste qu’on considère le fait d’avoir un enfant comme un choix, pas seulement comme une hypothèse », confie Lisa Hymas. Aux états-Unis, environ 20 % des femmes n’ont pas d’enfant. On les appelle les Ginks. Ce sont des femmes qui, par conviction écologique, ont décidé de renoncer à la maternité. Décryptage. 20

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