Femmes : Octobre2017

dossier Pour elles, l’horloge biologique est loin d’être une source de stress. Car ces femmes ont tout bonnement choisi de ne pas devenir mères. Un phénomène qui s’est développé aux États-Unis avec le mouvement Childfree, terme introduit par le magazine Time en 1972 lors de la création de la National Organization for Non-Parents (NON), qui avait pour but de soutenir ceux qui ne voulaient pas d’enfant. Aujourd’hui plus répandu en Europe, le non-désir de maternité est devenu un véritable sujet de militantisme ! En France pourtant, les femmes ne souhaitant pas devenir mères se sentent toujours stigmatisées. Considérées comme suspectes... Les nullipares (terme médical désignant les femmes qui n’ont jamais accouché) commencent seulement à sortir du bois. « Leurs paroles se libèrent peu à peu sur des blogs ou des forums dédiés, constate Isabelle Tilmant, psychothérapeute et auteur d’Épanouie avec ou sans enfant (Éditions Anne Carrière). Certaines d’entre elles s’identifient davantage à des modèles de femmes indépendantes qu’à des figures de la maternité. Réussir leur vie affective et professionnelle est alors primordial et l’enfant n’est pas considéré comme un lieu potentiel d’épanouissement personnel ». Selon l’étude Fecond réalisée par l’Inserm et l’Ined en 2010, c’est d’ailleurs le premier motif avancé par les femmes sans enfant. Parmi elles, 79 % invoquent des raisons « libertaires ». En recherche d’épanouissement personnel, elles opposent liberté individuelle et vie de famille, forcément engageante. Les Childfree préfèrent s’adonner à leurs passions, voyager, sortir entre copines et se consacrer pleinement à leur conjoint. Car 60% d’entre elles vivent en couple, se suffisent à elles-mêmes, et refusent la contrainte des obligations parentales. ... ou égoïstes « Égoïstes », diront certains (ou certaines). Pour la psychologue Édith Vallée, auteure de Pas d’enfant pour Athéna (Éditions MJW Fédition), c’est plutôt tout le contraire : « Lorsque l’on vit l’amour de façon exclusive, mieux vaut rester à deux. Rien de plus difficile pour un enfant que de trouver sa place au milieu de parents fusionnels ». Emilie Devienne, coach et auteure d’Être femme sans être mère (Éditions Robert Laffont), elle-même Childfree, ajoute qu’il s’agit là d’une vraie prise de responsabilité : « celle de savoir que l’on ne veut pas en prendre ». Autre raison souvent invoquée par ces nullipares : elles ne veulent pas mettre au monde un enfant dans un monde imparfait. « L’insécurité, la violence, les difficultés économiques, les ressources naturelles qui s’épuisent… Elles projettent sur leur enfant imaginaire la difficulté de vivre », souligne Isabelle Tilmant. Reste ensuite pour elles à assumer le regard de la société, car ces femmes sont toujours sommées d’expliquer leur choix et doivent affronter les réflexions de leurs proches. Un regard qui pourrait néanmoins évoluer dans les prochaines années, selon la thérapeute : « Le fait que ces femmes s’expriment de plus en plus dans les médias et sur Internet permettra qu’elles soient mieux acceptées. Il faut aussi montrer que leur choix de vie leur a permis de réaliser d’autres choses. » n Un enfant ? Non merci ! On a beau être femme, on ne ressent pas forcément le besoin ni l’envie de devenir mère. Même si ce choix de ne pas enfanter reste perçu dans notre société actuelle comme un acte égoïste, certaines femmes ont décidé d’assumer envers et contre tout. Et si avoir des enfants n’était pas la seule façon de réussir sa vie et de se sentir épanouie ? 14

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