Femmes : Mai 2017

79 PORTRAIT Une main de fer dans un gant de velours Si la police bombe encore le torse sur ses affiches de recrutement, les temps changent… Pour preuve, la nomination d’Hélène Waya à la tête de la PJ de Nouméa en 2016. Une femme de poigne respectée et admirée par l’ensemble de son service. Elle parle à voix basse mais fermement. Hélène Waya, nommée commandant de police en 2016, est en charge de la sûreté urbaine nouméenne, autrement dit de la police judiciaire. Assise derrière son bureau, la dame a l’air sérieux. Et pour cause. La sûreté urbaine qu’elle dirige est en charge de l’investigation, un des rouages indispensables de la procédure pénale. « Travaillant sous le contrôle de la magistrature, mes officiers ont pour mission de constater les infractions, d’en rechercher les auteurs et de rassembler les preuves nécessaires à leur inculpation », précise celle qui dirige aujourd’hui une équipe de près de soixante-dix agents. Au total, six groupes d’en- quêtes, le service local de police technique et scientifique et le service des archives judiciaires sont sous son commande- ment. C’est dire si fendre la carapace, exprimer ses senti- ments, demeure compliqué quand on est à la tête d’un tel service, où il faut paraître forte en toutes circonstances. Lorsqu’on évoque son enfance, au sein d’une famille nom- breuse celle qui a grandi dans le quartier « mélanésien » de Montravel s’élève contre la mauvaise presse d’un quartier dont elle est le meilleur exemple qu’on peut s’en sortir la tête haute. Repérée très jeune par un entraîneur de volleyball, elle ne quittera plus la discipline jusqu’à la pratiquer à un niveau régional. « À partir du moment où on fait de la compétition, on est mordue », lance celle qui a porté haut les couleurs calédoniennes à quatre reprises lors des Jeux du Pacifique (lire en encadré). Sa carrière dans la police a débuté très tôt elle aussi. 1990, elle passe le concours délocalisé de gardien de la paix. Et c’est en tant qu’îlotière dans le secteur de Magenta qu’elle poursuit sa carrière, se forgeant une réelle conviction pour son métier. « C’est au contact de la population, au cœur des problèmes rencontrés par les gens que j’ai commencé à comprendre l’importance de l’investigation. » Trois années plus tard, Hélène Waya, poussée par cette conviction, intègre l’École supérieure des inspecteurs de la police nationale (ESIPN) de Cannes Écluse en Seine-et-Marne, où elle restera un an. « Dans ma promo, nous n’étions que quatre femmes », précise-t-elle. Dans la famille Waya, ce choix de carrière passe mal. « Métier d’homme, métier à risque, voilà ce que ensaient mes proches. Mais nous sommes tous un jour confrontés à des choix de vie et je ne regrette pas les miens, assume-t-elle dans un sourire. Bien au contraire. »���������� Interpel- lations, gardes à vue, montage des dossiers, présentation des prévenus au procureur, des scènes de cinéma qui font pourtant bien partie de son quotidien. Flic, Hélène Waya n’en reste pas moins une femme. Sur ce point, elle dit être fière de l’évolution de l’entité police tout entière : une police moins répressive, notamment envers les mineurs. « La réglementation n’a cessé d’évoluer, dit-elle. Aujourd’hui, dans le cadre de violences intrafamiliales par exemple, nous travaillons en liens étroits avec les associations. » Différente, l’approche féminine serait donc complémentaire, pour reprendre les dires d'Hélène qui avoue pourtant qu’en entrant dans les rangs de la police, il faut se forger un carac- tère. Et du caractère, à en croire ses plus proches coéqui- piers, Hélène Waya a dû en faire preuve pour gravir tous les échelons jusqu’à sa position actuelle. Professionnelle jusqu’au bout des ongles, la grande dame qui a connu aussi bien la brigade des mineurs que le service des flagrants délits, recevra bientôt l’ordre national du Mérite pour l’ensemble de sa carrière. n Un palmarès à faire pâlir les pros 1979 Jeux du Pacifique aux Fidji 1991 Jeux du Pacifique en Papouasie Nouvelle Guinée 1995 Jeux du Pacifique à Tahiti (médaille d’argent) 1999 Jeux du Pacifique à Guam (médaille d’argent) Le sport a toujours été un exutoire pour celle qui exerce un métier si prenant et difficile. Capitaine de l’équipe calédo- nienne de volley-ball, Hélène Waya a toujours eu un esprit combatif : « Le sport m’a permis d’une certaine manière de m’épanouir autrement. »

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