Femmes : Mai 2017

NOS GOSSES Voilà une réalité qui s’avère bien difficile à avouer. C’est pourtant un fait : les parents n’aiment pas tous leurs enfants avec la même intensité. Quelles sont les raisons qui sous-tendent ce qui reste aux yeux de la société un véritable sujet tabou ? 30 Le chouchou de la famille En 2013, une étude anglo- saxonne publiée sur le site Parentdish quantifiait un phénomène immémorial que la plupart des parents ne souhaitent pourtant jamais évoquer. L’enquête, conduite auprès de plus de 2 000 personnes, stipulait qu’un tiers des parents britanniques avait une préférence pour un de leurs enfants. Cette inclination, qui concernerait davantage les mères (34 %) que les pères (28 %), a de nombreuses causes et d’importantes répercussions sur toute la fratrie. Cependant, l’un des points fondamentaux est qu’elle s’articule autour de la notion d’injustice, sentiment particulièrement dérangeant au sein d’une famille. Le chouchou bénéfi- cie en effet de plus amples avantages que ses frères et sœurs. Tant qu’il s’agit d’un surcroît d’attention ou d’un traitement positivement différencié, le parent « pré- férant » persévérera à travestir la réalité auprès de ceux qui l’interrogent. Lorsqu’il s’agit de cadeaux, de biens ou d’aides matérielles, il n’en continuera toutefois pas moins de nier l’évidence. Pas facile, il est vrai, d’assumer cet amour exagéré, d’un point de vue extérieur aussi bien qu’intime. Cette notion de préférence renvoie en effet directement au passé du parent concerné. Quand il détourne une partie de son quota d’affection au profit d’un seul être, c’est en fait lui-même qu’il réconforte. Par exemple, un père ou une mère qui a toujours désiré un garçon va littéralement adorer celui qui arrive, surtout s’il naît après une ou plusieurs filles. D’autres vont surprotéger le petit dernier, comme ils auraient euxmêmes aimé être protégés. Certains vont se reconnaître au contraire dans l’aîné(e), incarnant une sorte de double idéalisé. Il y a aussi le terrain des affinités. Le plus drôle, le plus intelligent ou le plus intrépide sera l’objet de préférence, en vertu de ce trait inné. Il en va de même pour les êtres chétifs, peu- reux ou handicapés, qui suscitent des sympathies colorées de motivations protectrices. Il paraît dès lors évident que seul un travail sur soi permet de corri- ger cette injustice, qui peut laisser de profonds sillons au cœur de tous les membres d’une famille.

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