Femmes : Mai 2016

La sculpture ne m’a jamais vraiment attirée. Mais s’il s’agit de nourriture, ça m’intéresse déjà nettement plus ! Car cuisiner, j’adore ça. Et si je peux de surcroît épater mes invités par le visuel, c’est encore mieux ! Pour mes premiers pas de sculpteuse culinaire, Alejandra a choisi de me faire travailler un concombre et une carotte. « Ce sont des légumes assez faciles à sculpter pour les débutants, précise ma prof. On obtient, sans trop de difficulté, un résultat intéressant, notamment avec le concombre. On peut jouer avec le contraste entre la peau vert foncé et la chair plus claire. » Pour ce faire, je dispose d’une planche en bois et de trois couteaux dédiés à cet art. « La lame appelée “bec de perroquet” en raison de sa forme est indispensable pour le taillage. Malheureusement, ce type de couteau est introuvable en Nouvelle-Calédonie et doit être commandé. Au pire, on peut utiliser un couteau d’office, mais le résultat ne sera pas aussi précis. » Alejandra a préparé d’avance des « losanges » de concombre et des tronçons de carotte pour une entrée en matière immédiate. Il n’y a plus qu’à se lancer ! Feuille de concombre On commence par le concombre. « On va essayer de réaliser de jolies feuilles à partir des losanges. » Alejandra me montre au préalable comment prendre mon couteau en main : « Il faut s’imaginer que c’est un stylo et le tenir de la même façon. » On s’attaque ensuite au fameux taillage qui doit se faire en surface uniquement. Un travail tout en délicatesse et en précision ! La prof me fait d’abord une démonstration : « On commence par tracer une ligne centrale et verticale, pas plus de deux millimètres de profondeur, attention ! Puis, à partir de cette ligne, on taille en biais pour lever la peau du légume et ainsi dessiner des formes géométriques, comme des triangles par exemple. Enfin, on termine par les bords dentelés de la feuille, avec finesse. » Après la théorie, la pratique. Je m’exécute, avec la désagréable sensation d’avoir deux mains gauches. Résultat, ma feuille en concombre n’est pas franchement jojo... « C’est normal, la dextérité vient en pratiquant », s’amuse Alejandra. Hum... Un peu vexée, j’espère mieux m’en sortir avec la carotte ! Jolie fleur Après les feuilles, les fleurs. La marguerite en carotte m’inspire plus. Toujours en délicatesse et en surface, il s’agit cette fois-ci de tracer un cercle au centre du morceau de carotte, avant de le tailler en « huit parts », un peu comme un gâteau. « C’est le couteau qui doit tourner autour du légume et pas l’inverse. » Alejandra veille au grain. Il ne reste plus qu’à sculpter les pétales et à quadriller le cœur de la fleur. Et voilà de splendides marguerites en carotte ! Ce coup-ci, je n’ai pas à rougir de mon œuvre. Pas parfaite, certes, mais pas hideuse non plus. « Pour conserver ces sculptures en vue d’un dîner le lendemain, il suffit de les J'AI TESTÉ POUR VOUS Ce mois-ci, je me sens l’âme d’une artiste. Ça tombe bien, j’ai justement rendez-vous avec Alejandra, professeur d’arts plastiques, pour une initiation à la sculpture sur légumes. La sculpture sur 38 Photos : AED et Alejandra Del Rio Mol - Texte : Sophie Berger

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