Femmes Avril 2016

19 DOSSIER la nature n’est pas forcément bon pour la santé. Les bactéries, les excréments ou encore le pétrole sont naturels. A-t-on pour autant envie de les retrouver dans nos cosmétiques ? Enfin, notons que le terme « naturel » ne promet en aucun cas une protection de l’environnement, des animaux ou un encore un engagement sur le plan social, contrairement à la majorité des produits labellisés bio. Préjugés Si nous sommes de plus en plus nombreuses à opter pour des produits de beauté et d’hygiène bio, certains préjugés persistent. Il faut dire qu’à ses balbutiements, la cosmétique bio ne présentait pas que des avantages. « Les text res des crèmes étaient souvent épaisses et difficiles à faire pénétrer dans la peau, se souvient Mélanie, gérante de L’Institut. Et puis, leur odeur végétale avait tendance à déranger les consommatrices, habituées aux parfums synthétiques. » Mais ça, c’était avant ! « Je travaille avec l’une des marques pionnières de la cosmétique bio depuis cinq ans. Je trouve que leurs gammes s’améliorent d’année en année. Au final, j’utilise maintenant des cosmétiques bio qui sentent divinement bon, qui s’étalent parfaitement et qui, en plus, sont très efficaces. Et je réponds à une demande croissante de mes clientes qui veulent des soins de qualité, mais pas au détriment de l’environnement ou de leur santé. » Seul petit bémol: « Les produits de beauté bio se conservent un peu moins longtemps que les conventionnels, précise l’esthéticienne. Mais au moins, ils contiennent peu ou pas de conservateurs. De toute façon, n’importe quel cosmétique doit être utilisé rapidement après ouverture sous peine de voir ses actifs se dégrader. » Soit six mois en général, un laps de temps suffisant pour arriver au bout de sa crème de jour ! Déclic Qu’est-ce qui décide finalement les femmes à se détourner des produits de beauté et d’hygiène conventionnels pour leurs homologues biologiques ? Outre le fait que la cosmétique bio soit de plus en plus médiatisée et que les consciences s’éveillent progressivement aux problèmes environnementaux, l’arrivée d’un enfant demeure le premier élément déclencheur de l’achat d’un cosmétique bio en France*. Et il en va de même en NouvelleCalédonie : « J’utilise des cosmétiques bio depuis ma première grossesse, des produits que j’ai voulus le plus naturels possible, témoigne Emilie, 36 ans. Ce fut le début du changement ! Je suis entrée dans une logique de mieux vivre et de mieux consommer. » Une prise de conscience logique pour une future maman, qui veut voir grandir son enfant dans les meilleures conditions possibles. « Encei te et alitée, j’ai commencé à me documenter sur l s produits que je consommais, mais aussi sur ceux que je mettais sur ma peau, se souvient Océane, 28 ans. C’est comme ça que je me suis rendu compte que la plupart des produits vendus en grandes surfaces ou en pharmacies contenaient des substances nocives pour la santé. J’ai donc jeté tous mes cosmétiques et ai changé ma façon de consommer du jour au lendemain ! Depuis, je n’achète que du bio : cosmétiques visage, corps et cheveux, mais aussi maquillage, cotons, etc. » Même son de cloche pour Aurélie, 35 ans : « Déjà sensibilisée sur le sujet, je me suis réellement convertie aux cosmétiques bio lors de ma première grossesse. Évidemment, pour protéger mon bébé, mais aussi du fait que ces produits respectent l’environnement, ce qui est pour moi très important. » Offre Force est de constater que depuis une paire d’années, un réel engouement autour de la cosmétique bio s’opère en Nouvelle- Calédonie. « Lorsque le site s’est ouvert il y a huit ans, la demande en termes de produits d’hygiène et de beauté verts était vraiment ciblée et marginalisée, rapporte Fabienne, du site de vente en ligne bioattitude.nc. Aujourd’hui, acheter du bio devient tendance, que ce soit pour l’alime tation ou les cosmétiques. Et c’est vrai que ça commence généralement par l’achat de produits d’hygiène destinés aux bébés. » Constat identique du côté des épiceries bio franchisées Biomonde : « À nos débuts, nous n’avions u’une petite sélection de cosmétiques biologiques, raconte Frédéric Pratelli, gérant du réseau sur le Caillou. Depuis, notre offre s’est considérablement développée. Nous rentrons régulièrement de nouvelles marques, en plus des pionnières du bio. Ainsi, nous sélectionnons des cosmétiques en fonction de l’âge et du budget de nos diverses clientes, mais aussi selon leur ethnie, en proposant par exemple une gamme dédiée aux peaux noires, qui cartonne. » Soins, crèmes, maquillage, savons, shampoings, déodorants... Il est maintenant possible de se pomponner « green » de la tête aux pieds en Nouvelle-Calédonie. Et si, aux prémices de cette tendance, seules les épiceries bio et quelques pharmacies du pays proposaient de la cosmétique biologique, aujourd’hui, les pourvoyeurs fleurissent. À l’instar de Marjorie, qui a récemment lancé son site de vente en ligne, cosmétiquesbio.nc. « J’ai eu le déclic le jour où j’ai lu qu’une femme – par le biais des crèmes et du maquillage – utilise une quantité moyenne de 515 substances chimiques synthétiques par jour, explique- t-elle. Je me suis donc tournée vers la cosmétique biologique. Comme je trouvais que l’offre était limitée sur le Caillou, j’ai choisi d’ouvrir ma boutique en ligne.

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