Femmes : Mars 2016

DOSSIER INTERVIEW 24 femmes dans la coutume, le contexte géographique aussi, avec des tribus et villages assez éloignés. Mais notre priorité reste la lutte contre les violences, lesquelles touchent toutes les ethnies et catégories sociales du pays. La Nouvelle-Calédonie, au vu des enquêtes, détient en effet le triste record de la Métropole et des autres outre-mer dans ce domaine. Une violence qui prend de nombreuses formes, frein essentiel à une bonne insertion des femmes à tous les niveaux de la société locale, et qui donc monopolise énergie et moyens particuliers. Quelles évolutions avez-vous constatées quant à la condition des femmes en Nouvelle-Calédonie depuis le début de votre engagement ? D’un côté, les progrès sont énormes compte tenu de la parité, instaurée en 2001, mais surtout du travail mené depuis les accords de Matignon : loi sur l’IVG, création de structures dédiées comme le Centre de conseil familial, la protection maternelle infantile, le relais de la province Sud, le Foyer Boulari, la Maison de la femme, la production de guides et de campagnes sur la contraception, sur les violences, etc. Mais c’est pour autant insuffisant, dans la mesure où les hommes sont restés très en retrait du sujet, n’investissant pas les Commissions de la condition féminine, considérées à tort comme un sujet « de femmes », alors que c’est, de mon point de vue, un sujet éminemment politique et sociétal, et même un sujet majeur. Par ailleurs, le Sénat coutumier a produit une charte, loin de faire l’unanimité chez les femmes kanak. Au niveau des violences, nous allons mener une nouvelle enquête, pressentant que le phénomène n’a pas diminué et prend même de nouvelles formes : harcèlement au travail, sur le Net, etc. Pour moi, et c’est tout le travail que je mène aux côtés du président de la province Sud actuellement, l’évolution ne peut maintenant venir qu’au travers une plus grande implication des hommes sur le sujet. Et par un équilibre entre cette participation générale et la mise en place de dispositifs particuliers aux femmes quand les inégalités sont trop importantes. En tant que femme et politicienne, avez-vous déjà été victime de discrimination liée à votre sexe dans vos fonctions ? Personnellement, jamais. La parité a fait son œuvre quelque part, et c’est aujourd’hui de notre responsabilité de femmes d’imposer nos priorités, nos styles, nos différences, lesquels peuvent déranger. Mais c’est justement ces différences qui font, à mon sens, tout l’intérêt et la richesse de la représentation féminine en politique. Les hommes, au-delà des provocations et autres stéréotypes sexistes qui persistent, mais se ringardisent au fil du temps, sont plus réceptifs et naturels face à ce partage du pouvoir. La répartition des secteurs et des postes fait encore l’objet de discrimination, mais je dis aussi que les femmes entre elles, quand il s’agit de pouvoir, sont au moins aussi peu partageuses que les hommes. Il s’agit donc moins de guerre des sexes que de guerre de pouvoir et de codes pour y parvenir. Pour ma part, ce qui m’apparaît sournoisement discriminant et quelque peu insultant, c’est l’absence totale d’hommes au sein des commissions politiques de la Condition féminine au Congrès et à la province... Sujet mineur ? Ghetto ? Désintérêt ? En tout cas, une erreur politique... n Gouvernement de la nouvelle-Calédonie C’est la onzième édition de la Journée internationale organisée par le secteur de la Condition féminine du gouvernement. Autour du thème « Hommes et femmes assumons ensemble les défis d’aujourd’hui pour construire demain », femmes et hommes sont invités à se retrouver pour échanger autour de sujets touchant les deux sexes : citoyenneté, dérèglement climatique, nutrition, parentalité, etc. Ateliers thématiques, espaces d’information et de conseil (dispositifs institutionnels et associatifs). Du lundi 7 au mercredi 9 mars, à Ouvéa, tribu de Héo. ProvinCe Sud Compte tenu des restrictions financières et de la nouvelle dynamique instaurée, la province Sud a préféré, en lieu et place d’une grande manifestation populaire, présenter au public son plan d’action triennal 2016/18 : annonce de nouvelles mesures, intervention d’experts et de témoins de la condition féminine. Vendredi 4 et samedi 5 mars, au Centre administratif de la province Sud, à partir de 18h. ProvinCe nord Via la Mission de la femme, en partenariat avec le Conseil des femmes de la province Nord et le centre culturel Pomémie, la province Nord organise les Journées internationales de la femme au centre culturel Pomémie de Koné. Manifestation autour du thème « L’autonomisation des femmes et l’autonomisation de l’humanité » : un bilan des progrès réalisés, rappel des actes de courage et de détermination accomplis par des femmes ordinaires ayant joué un rôle extraordinaire dans l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. Mardi 8 et mercredi 9 mars, au centre culturel Pomémie de Koné. À noter qu’une Journée de la femme sera également organisée par le Conseil des femmes de la province Nord à Canala, vendredi 25 et samedi 26 mars. LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME SUR LE CAILLOU : QUE PROPOSENT LES INSTITUTIONS ?

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