Femmes : Mars 2016

DOSSIER d’abord porté par des jeunes femmes kanak au sein du mouvement indépendantiste naissant. Françoise Caillard, militante féministe de la première heure, se souvient : « J’ai eu le déclic militant adolescente, auprès du grand chef Nidoïsh Naisseline. » Originaire de Maré, la jeune fille s’imprègne alors des idées révolutionnaires et des discours remplis d’espoir pour le peuple kanak lors des réunions indépendantistes de l’époque. Jusqu’à participer à la première manifestation des Foulards rouges en 1969. « C’est à cette période que j’ai développé mon esprit critique en tant que Kanak mais surtout en tant que femme. » Elle s’investit dès lors à corps perdu pour la cause des femmes du Caillou, en prenant part aux manifestations et aux réunions d’associations s’interrogeant sur la condition féminine en Nouvelle-Calédonie. L’accord de Nouméa, en 1998, va accélérer le mouvement : l’Union des femmes citoyennes de Nouvelle-Calédonie, association clairement féministe, est fondée en 1999. Françoise Caillard en est la présidente : « Il était temps que les femmes trouvent leur place dans la sphère politique et institutionnelle du pays ! » Parallèlement, les conseils des femmes des trois provinces de Nouvelle-Calédonie sont créés. Pour autant, les stéréotypes sexistes persistent : « Alors que la loi sur la parité venait d’être votée en Métropole, ici, les politiciens faisaient de la résistance, raconte Françoise Caillard. D’après eux, les femmes du Caillou n’étaient pas prêtes à investir à ce point la scène politique. Nous avons alors lancé le “mouvement des femmes en colère” et remis une pétition à l’Assemblée nationale exigeant l’application de la loi sur la parité en Nouvelle-Calédonie. » Une belle victoire pour l’association, suivie de bien d’autres : application de la loi relative à l’interruption de grossesse et à la contraception ou encore mise en place de l’Observatoire de la condition féminine du gouvernement. En 2000, l’association participe à la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et les violences faites aux femmes à Washington et à New York. « À cette occasion, nous avons remis un recueil de revendications des femmes de Nouvelle-Calédonie à l’ONU, poursuit À l’initiative de l’ONU, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedef) a non seulement permis d’identifier les discriminations existantes, mais également de sensibiliser le public aux obstacles sociaux, économiques, culturels et politiques. Bien que sanctionnés par la loi, ces obstacles empêchent que la contribution des femmes dans tous les domaines de la créativité humaine soit reconnue. Cette convention a été adoptée le 18 décembre 1979 par l’Assemblée générale des Nations unies. Elle est entrée en vigueur le 3 septembre 1981. Depuis, de nombreux pays ont ratifié cette convention, modifié leurs lois ou sont en train de le faire. La convention Cedef est applicable en Nouvelle-Calédonie du fait de sa ratification par la France en 1985. Le comité Cedef de la Nouvelle-Calédonie a été créé en 2008 sous l’autorité de la vice-présidente du gouvernement, membre du gouvernement chargée du secteur de la Condition féminine, Madame Déwé Gorodey, pour recueillir des données quantitatives et qualitatives sur les discriminations à l’égard des femmes du pays. Le rapport sur la mise en œuvre du Cedef en Nouvelle-Calédonie a été publié en septembre 2013 et est consultable en ligne. Une convention contre les discriminations 16 © Sophie Berger François Caillard présidente de l’Union des femmes citoyennes de Nouvelle-Calédonie

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