Femmes : Décembnre 2015 vol. 1

17 DOSSIER Organisée, voire immuable, la maison appa- raît comme un lieu rassurant et sécurisant. Pour autant, il ne faut pas que cela tourne à l’obsession : « Celui qui range tout systématiquement est une personne qui ne supporte pas le contact avec ses objets. Il préfère garder à distance la sentimentalité qui le lie à eux », pré- ciseAlbertoEiguer. Quant audésordre, il n’est pas toujours un point négatif. Tant qu’il reste modéré, il peut être unmoment de liberté, de jouissance et de spontanéité. Bref, il insuffle de la vie dans une maison. Alors comment sediscipliner et trouver lebon équilibre?Pouréviterque lerangementnesoit une corvée, il faut le ritualiser, c’est-à-dire en faireunmoment deplaisir (périodique, et non quotidien). On éteint par exemple lamusique et la télévision pour se créer un « espace de quiétude ». Autrerègled’orde laméthodeKonMari : leran- gementdoitêtreunactesolitaire. « Lorsquevos proches s’aperçoivent que vous avez décidé de faire levide, ilspeuvent sesentircoupables faceà cegaspillage éhonté.Mais les objets qu’ils récupèrentdevotrepileà jeterne ferontqu’accroître lamontagne de choses inutiles qu’ils entassent dans leur logement », insiste la consultante. Mais parfois, l’ampleur du ménage est si grande que nous ne savons pas par quel bout commencer. Pourquoi ne pas faire appel à un pro du rangement ? Depuis quelques années, laprofessiond’home organiser (coachde rangement) connaît un succès grandissant en Métropole, et jusqu’en Nouvelle-Calédonie (lire notre interview en page 18). Son rôle ? Apporter de la structure, donner des astuces de rangement personnalisées et, surtout, déculpabiliser ses clients avant de jeter les objets qui les encombrent. « Le rangement est presque un acte de purification, affirme Elvira Petit, homeorganiser et fondatricede l’agence parisienne Serenity. En se libérant de ce poids, la personne porte un regard nouveau sur son intérieur et sur elle-même. Elle respiremieux. » En plus de ses vertus psychologiques, le rangement aurait même des conséquences physiques sur celui qui s’y livre. Dans sonbest-seller,MarieKondoraconteque certains clients ont perdu du poids ou ont eu le sentiment d’avoir fait un « mini-jeûne ». « Le corps se débarrasse simplement de toxines qui sesontaccumuléespendantplusieursannées et retrouveraensuite sonétatnormal », rassure laconsultante. Lerangement, lanouvelledétox à la mode ? n TROIS QUESTIONS À... DOMINIQUE LOREAU, AUTEUR, ENTRE AUTRES, DE L’ART DE L’ESSENTIEL ET DE FAIRE LE MÉNAGE CHEZ SOI, FAIRE LE MÉNAGE EN SOI . « FAIRE DE LA PLACE À CE QUE L'ON AIME VRAIMENT » Comment définir le minimalisme ? Dominique Loreau : On croit souvent que le minimalisme consiste à se débarrasser du superflu. Or, jeter n’est pas seulement éliminer, c’est faire de la place à ce que l’on aime vraiment. Il a une dimension esthétique (garder le plus beau, le meilleur), mais aussi philosophique, puisqu’il remet en cause le besoin de posséder beaucoup et l’avidité que notre société malade nous pousse à développer. Il se veut également hédoniste, nous invitant à savourer pleinement ce qui nous apporte du plaisir. Dans quels domaines s’applique-t-il ? Tous. Par exemple, je n’ai que deux ou trois amis, qui sont de véritables amis : je peux les appeler à n’importe quelle heure du jour et de la nuit si j’en ai besoin, et je passe avec eux des moments toujours délicieux et enrichissants. Pour atteindre une telle qualité de rencontre, je me suis débarrassée des pseudo-amitiés qui ne m’apportaient rien. Comment apprend-on à devenir minimaliste ? Discerner ce dont on a envie et besoin prend des années. La plupart d’entre nous ne se sont jamais demandé ce qu’ils aimaient vraiment. Mais moins on a de choses, plus on éprouve de la facilité à s’alléger. Cela devient automatique, comme une hygiène de vie. Par exemple, si l’on n’a que trois couteaux au lieu de vingt-cinq, il est moins difficile de décider lequel est le meilleur. Par la suite, s’il ne reste qu’un couteau à posséder, on se met à rechercher le couteau « idéal ». Le minimalisme, ce n’est donc pas être radin, c’est enfin dépenser son argent à bon escient. Source Psychologies Propos recueillis par Pascale Senk Il y a vingt-trois ans, un voyage d’études conduit Dominique Loreau, alors étudiante en doctorat de langue américaine, au Japon. Coup de foudre. Elle s’y installe et y découvre le minimalisme zen. Aujourd’hui auteur de plusieurs ouvrages dédiés, elle anime également des séminaires au pays du Soleil-Levant.

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