Femmes ! Mai 2015

35 TRANCHE DE VIE Lorsque j’ai rencontré Bertrand, j’avais à peine 19 ans. Je peux dire que de mon côté, ça a été un vrai coup de foudre. Il avait tout pour me plaire : incroyablement beau, charmeur, intelligent, cultivé… Le rêve ! Résultat, trois mois après, nous étions mariés. Nous avons pris la décision de partir en Métropole pour poursuivre nos études. Je faisais des études de bio et il voulait intégrer une école de réalisation. Le cinéma était sa passion. Tout s’est fait très vite et, trois semaines plus tard, nous nous installions dans un petit F2 à Paris. La vie était belle. Paris n’est-elle pas la ville des amoureux ? Nous n’avions pas beaucoup de sous mais on s’en fichait. Jusqu’au jour où… Bertrand est rentré en me disant d’un ton léger : « À l’école, je suis assis à côté d’une très jolie fille. Je vais coucher avec elle. » Le coup de la douche froide, vous connaissez ? J’ai cru que le ciel me tombait sur la tête. Nous étions mariés depuis moins d’un an et pour moi, c’était pour la vie ! J’ai pleuré, discuté, essayé de comprendre… Rien n’y a fait. Le surlendemain, Bertrand m’appelait à 19 heures pour me prévenir : il ne rentrait pas car il passait la soirée avec V… Inutile de vous préciser que j’étais effondrée. Et en rage. J’ai jeté le téléphone qui a eu du mal à s’en remettre… J’ai passé une nuit atroce. J’écoutais les bruits de l’immeuble dans l’espoir d’entendre Bertrand rentrer. Mais l’ascenseur ne s’arrêtait jamais au bon étage. Je n’ai revu Bertrand que le lendemain soir. Il est rentré comme si de rien n’était. J’ai repiqué une crise mais il a pris la chose à la légère : « C’est pas grave. Je m’en fiche de cette nana. Je la reverrai pas ne t’en fais pas. » La boule qui s’était coincée dans ma gorge a eu du mal à descendre. Mais j’ai fini par « avaler » ma rancœur. Bertrand était adorable et je me suis dit que ce n’était qu’une passade. Folle que j’étais. Un mois ne s’était pas passé que, de nouveau, il me téléphonait tard le soir. Mon téléphone ne survécut pas à cet appel. Et le nouveau téléphone que j’ai acheté deux jours après a eu du mal à tenir le coup lui aussi. Car les escapades de Bertrand étaient de plus en plus rapprochées. Et il prenait la peine de me prévenir à chaque fois… Bien entendu, notre couple a rapidement battu de l’aile à ce rythme. J’étais totalement déprimée ne sachant comment réagir pour « récupérer » mon mari. Je ne comprenais pas pourquoi il avait tant besoin d’aller voir ailleurs. L’année universitaire s’est achevée. Je ne sais pas trop comment j’ai fait mais j’ai réussi mes examens et suis rentrée à Nouméa en vacances. Besoin de me changer les idées. Bertrand m’a écrit une lettre. Une seule, qui disait : « Je couche avec toutes les filles que je rencontre. » De quoi vous gâcher vos vacances… De retour à Paris, nous avons repris notre « vie de couple ». Mais un soir que je lançais une lessive, j’ai vidé les poches d’un pantalon de mon mari. Vous imaginez déjà la suite. Je suis tombée sur son chéquier. Cinq talons de chèques notés « Audrey ». Audrey resto, Audrey fleurs, Audrey cadeau… Ce n’était plus une aventure d’un soir mais bien une relation. Il n’a même pas nié. Il a déménagé très vite et j’ai pris la décision de divorcer. Et croyez-le si vous le voulez, il a pleuré toutes les larmes de son corps, m’a suppliée de ne pas le quitter. Il ne voulait pas divorcer, n’aimait que moi… Je suis restée inflexible et suis rentrée en Calédonie dans la foulée. J’ai des nouvelles de lui régulièrement. Il n’a pas changé et continue à butiner toutes les fleurs qui se trouvent sur son chemin. Mais ce n’est plus mon problème ! n ET ÇA CONTINUE ENCORE ET ENCORE…

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=