Femmes : Février 2015

14 DOSSIER Alors mesdames super-wonder-women, STOP ! Il vous faut faire des choix. Vous voulez privilégier votre famille ? Optez pour un mi-temps. Le travail est pour vous primordial ? N’essayez pas de vouloir tout faire de façon parfaite et revoyez vos objectifs à la baisse. Il y a un peu de poussière sur les meubles ? Tant pis, accordez-vous quelques minutes, pensez un peu à vous, faites du sport, du shopping ou de la poterie, peu importe. Les enfants ne font pas tous trois activités extrascolaires ? Leur avenir n’est pas en danger. Une activité, c’est déjà pas si mal. Et si ce soir vous sortez un plat tout prêt du congélo, votre petite famille devrait pouvoir y survivre. Et plongez-vous dans l’article-témoignage d’Anne-Marie Slaughter « Why Women Still Can’t Have It All » (« Pourquoi les femmes ne peuvent toujours pas tout avoir ») publié dans The Atlantic, un mensuel culturel américain. Cette working mum de 54 ans, ancienne directrice du Centre de la prospective du département d’Etat américain et conseillère d’Hillary Clinton, décrit avec force détails son tiraillement constant entre son « job de rêve dans la politique étrangère » et sa vie de mère de deux enfants dont un fils de 14 ans en plein décrochage scolaire. Au bout de deux ans, elle craque et démissionne pour retrouver son poste de professeur à l’Université de Princeton, plus compatible avec sa vie de famille. Un article qui a fait grand bruit et permis de briser quelques tabous. Mais, s’inquiète une journaliste de Elle, si le modèle, voire le mythe de la superwoman, ne fait plus rêver les femmes, le risque n’est-il pas qu’elles « jettent le bébé avec l’eau du bain » en larguant tout, leur travail et leur autonomie ? C’est la crainte d’Isabelle Germain, fondatrice du site www.lesnouvellesnews.fr, auteure de « Si elles avaient le pouvoir… » (Larousse) : « Cette parole est de nature à couper les ailes des femmes. Imagine-t-on la même couverture de magazine montrant un homme avec un bébé sur les genoux ? Les femmes ne peuvent pas tout avoir, peut-être, mais les hommes non plus ! Si on admet cette réalité, on a deux options : soit on se contente de petits arrangements chacune dans notre coin, soit on bataille pour faire évoluer le monde du travail afin de rendre plus égalitaire la prise en charge de la conciliation entre enfants et boulot. » Brigitte Grésy, membre de l’Observatoire de la parité et du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle, tient le même discours : « Aujourd’hui, vu le contexte économique et l’augmentation des familles monoparentales, l’angélisme est inutile : les femmes sont obligées de travailler, tout en élevant leurs enfants. Par moments, c’est vrai que c’est dur, les tâches domestiques et les soins des enfants restant à 80 % à la charge des femmes. Moi, je suis pour des respirations (un peu de temps partiel, de congé parental par exemple), mais je ne suis surtout pas pour le retour à la maison à vie ! Lutter contre les stéréotypes, organiser des congés parentaux obligatoires pour les deux sexes, plus courts et mieux rémunérés sont des pistes. » L’idée est donc bien de tordre le cou à superwoman et de tenter de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale sans culpabiliser. Pas question de faire machine arrière en renonçant à un travail indispensable pour notre indépendance et notre autonomie. Quant à nos supermen, même si le chemin est encore long, ils sont de plus en plus nombreux à prendre le relais à la maison et auprès des enfants. Superwoman est morte, vive la femme ! n Il faut revoir ses objectifs à la baisse

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